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Gorom-Gorom : Les commerçants mécontents de leur situation actuelle

Publié le mardi 24 août 2004 à 07h03min

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Le Burkina Faso est un pays exportateur de bétail avec pour destination principale, la Côte d’Ivoire. Depuis l’avènement de la crise ivoirienne, l’exportation vers ce pays a été suspendue. Une suspension qui a eu des conséquences sur la vie des commerçants de bétail dont ceux de Gorom-Gorom dans la province de l’Oudalan. Ils n’hésitent pas à évoquer les difficultés qu’ils rencontrent.

Le marché de bétail de Gorom-Gorom s’étend sur environ 2000 m2. Il est situé au Sud-Ouest du marché central de la ville. A quelques mètres de la porte d’entrée du marché de bétail, sont stationnés des camions et Peugeots bâchées, sous des arbres, prêts à embarquer des ruminants sans doute.

A la dévanture du marché, un parterre de vendeuses de cola, d’eau glacée... A l’intérieur, grouille tout un monde : veillards, jeunes garçons et enfants font la navette dans un brouhaha sans commune mesure. Au milieu de ce beau monde, sont parqués çà et là des petits ruminants et des bovins bêlant sans arrêt.

Devant cette cacaphonie, tout nouveau visiteur est embrouillé dès qu’il franchit la porte d’entrée du marché se demandant où il doit se diriger. Avant même de trouver la réponse à sa question, il est intercepté par un habitué des lieux. Certainement, un "démarcheur’’ comme on a l’habitude de les appeler. C’est-à-dire, un intermédiaire entre vendeur et acheteur. Une sorte de rabatteur. Dans la promptitude, celui-ci convainc le visiteur et l’entraîne chez un vendeur. Là, commencent les vraies discussions ou négociations jusqu’à aboutir à un résultat concluant ou non. Pendant que les uns discutent sur les prix, les autres (acheteurs) s’attellent à conduire leurs animaux achetés vers des camions qui attendent. Vue l’influence au sein du marché, on serait tenté de dire que tout va pour le mieux pour les vendeurs de bétail. Et pourtant !

Les méfaits de la crise ivoirienne

"Depuis l’avènement de la crise ivoirienne, nous n’arrivons plus à réaliser de bons chiffres d’affaires. Présentement, le marché n’est plus intéressant. En dehors du vendredi, principal jour du marché, le bétail se vend à peine les autres jours et cela, à un prix dérisoire’’ nous confie Ahmadou Taïrou, vendeur de petits ruminants (moutons, chèvres).

Pour lui, la crise ivoirienne a fait des commerçants de bétails, "des malheureux’’. Le président de l’Association des éleveurs et courtiers de Gorom-Gorom, Ollo Sory Maïga, un septuagénaire, embouche la même trompette : "Avec la crise ivoirienne, nous n’arrivons plus à nous déplacer jusqu’en Côte d’Ivoire avec nos animaux. Aussi, le cours de bétail a totalement chuté. Dans de telles conditions, nous ne pouvons plus parler de bénéfices’’. Il ajoute par ailleurs qu’un taureau coûtait avant la crise, à environ 250 000 F CFA. Ce même taureau est vendu de nos jours, à 150 000 F CFA. C’est pourquoi, il espère le dénouement rapide de la crise afin que les commerçants de bétail puissent retrouver leurs situations d’antan.

Car selon lui, la Côte d’Ivoire demeurait le principal débouché de leur exportation. "Dans le temps, dira-t-il, avec nostalgie, tous les grands animaux étaient exclusivement exportés en Côte d’Ivoire, où le marché était intéressant... Actuellement, il y a trop de risques à envoyer ses animaux dans ce pays. Nous avons peur d’être pillés ou tués’’, a dit le président de l’association. Ne pouvant plus compter sur la Côte d’Ivoire, les commerçants de bétail ont présentement orienté leurs exportations vers le Niger. Une destination qui, semblerait-il, n’est pas très rentable.

Les perspectives

Avec leur situation qui se dégrade de jour en jour, le président de l’association, Ollo Sory Maïga souhaite que l’Etat leur apporte du secours "nous comptons sur le gouvernement pour avoir d’autres issues...’’, a-t-il dit.

Pour Hamidou Abou Dicko, en dehors de l’élevage, les commerçants de bétail n’ont pas une autre activité. Compte tenu de la situation qui perdure, certains commerçants se sont reconvertis de nos jours en cultivateurs. C’est le cas de Ali Cissé qui confie qu’il est obligé de s’adonner à l’agriculture car soutient-il : "j’ai trois femmes et 12 enfants. Si j’ajoute à cela, les enfants adoptifs, je dirai que j’ai plus de 20 bouches à nourrir".

M. Cissé souhaite donc que la situation se débloque incessamment afin que les commerçants de bétail puissent retrouver leur "bon vieux temps’’. Le président de l’association qui reste optimiste, estime que l’Etat burkinabè peut les aider à explorer d’autres débouchés porteurs. "Sans intervention du gouvernement, il sera très difficile pour nous de trouver d’autres issues pour exporter notre bétail’’ ajoute-t-il, un peu amer.

Aïssata BANGRE
Sidwaya

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