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<I>Une lettre pour Laye</I> : La guerre de la loi 13 n’aura pas lieu

Publié le vendredi 23 juillet 2004 à 11h19min

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Cher Wambi,

Nous l’avons demandée, et elle est venue en abondance, cette pluie qui nous avait abandonnés voilà des lustres. Depuis pratiquement une semaine, la capitale vit au rythme d’une pluie par jour, si bien qu’on se croirait déjà au mois d’août. J’aurais applaudi des deux mains si tout autour de nous les paysans avaient fini de semer.

Mais hélas, comme tu l’as certainement constaté aussi, jusqu’à présent les champs sont désespérément déserts. Partout on s’active donc pour rattraper le temps perdu. Gageons, cher cousin, que ce nouveau départ est vraiment le bon, et que la campagne agricole sera des meilleures cette année encore. C’est en tout cas la préoccupation des autorités politiques de ce pays, qui l’ont inscrite à l’ordre du jour du point de presse hebdomadaire du gouvernement, qui a lieu ce jour même à partir de 16 h 00 au ministère des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat.

Bien vrai que Salif Diallo, notre "Koob Naaba" national, le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, est toujours en convalescence en France, mais ses collègues du gouvernement sauront assurer valablement son intérim. A ce qu’on dit, cher cousin, depuis le Val-de-Grâce, "Gorba" manifeste un désir ardent de revenir au milieu de ses paysans, mais ses médecins exigeraient qu’il prenne un peu de repos d’abord.

Outre la campagne agricole, les conférenciers du jour éclaireront notre lanterne sur la relecture du Code du travail et, surtout, l’organisation des concours professionnels dans la Fonction publique, qui suscite çà et là des levées de boucliers. Auparavant dans la matinée, le ministre Sawadogo de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat rencontrera à son cabinet les représentants des organisations syndicales. Ordre du jour : relecture de la loi n°013/98/AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique. Ce texte est en fait une pomme de discorde en ce qu’il exige notamment le bac pour certains concours professionnels, notamment ceux devant permettre aux fonctionnaires de passer de la catégorie B à la catégorie A. Au moment de son adoption, les syndicats, semble-t-il, avaient demandé et obtenu un moratoire de cinq ans. Mais cinq ans c’est vite passé et la fameuse loi devrait entrer en vigueur en 2004. Seulement voilà, les mêmes qui avaient négocié et obtenu le moratoire disent aujourd’hui ne pas avoir été prévenus. Et ils auront finalement gain de cause, car, cher Wambi, à ce que je sache, devant le tollé général que suscite l’application du texte, le gouvernement devrait reculer pour au moins rouvrir le débat avec les syndicats, pour qui on n’était pas parvenu à un consensus en 1998. La guerre de la loi 13 n’aura donc pas lieu et pour certains observateurs de la scène socio-politique nationale, Blaise Compaoré ne veut pas ouvrir un front syndical au moment où le Burkina se prépare à accueillir deux rencontres internationales majeures : le Sommet extraordinaire de l’UA sur l’emploi courant septembre et celui de la Francophonie les 26 et 27 novembre 2004.

Peut-être en as-tu déjà entendu parler, cher cousin, l’arrondissement de Boulmiougou dans la commune de Ouagadougou est encore sur la sellette, parce que les spéculateurs de parcelles semblent y avoir la vie dure. Il y a quelques années, tu te rappelles, les autorités communales avaient dû taper du poing sur la table pour juguler le scandale des lotissements dans cet arrondissement. Résultat, un des membres de la commission d’attribution des parcelles, Joël Zongo qu’il s’appelle, avait eu droit à un séjour d’un an à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Séjour qu’il a mis à profit pour aiguiser ses armes de "dealer". Car une fois élargi, Joël battra campagne auprès des électeurs pour intégrer le Conseil municipal de l’arrondissement, dans lequel il a été propulsé président de la commission chargée des Affaires générales et institutionnelles. Fort de son nouveau statut, il fera une nouvelle fois la cour aux populations, qui exigeront qu’il préside aux destinées de la Commission d’attribution des parcelles dans la dernière opération de lotissements. C’est là qu’il va pousser des ailes et, avec la complicité de ses hommes de main, exceller dans le recel, les ventes illicites des parcelles et la falsification des documents. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, et Séraphine Ouédraogo, l’édile de l’arrondissement, ne pouvait éternellement rester les bras croisés. Ainsi a-t-elle décidé de secouer le cocotier, duquel sont tombés Joël, son épouse et cinq autres indélicats, qui sont actuellement en lieu sûr à la brigade de recherche de la gendarmerie du Kadiogo. En l’absence du maire de la commune, Simon Compaoré, en mission depuis mercredi soir, la présidente du Conseil municipal de Boulmiougou, Séraphine Ouédraogo, donnera une conférence de presse ce vendredi 23 juillet à partir de 16 h 00 dans ses bureaux pour expliquer les tenants et les aboutissants de cette affaire.

Autre affaire qui mérite qu’on s’y attarde, cher cousin, c’est bien le cas de cet élève de l’école Larlé "A" à Ouagadougou qui vient d’être victime de la cupidité de la hiérarchie de l’Enseignement de base. De quoi s’agit-il ? Je t’invite à prendre connaissance de l’écrit ci-après y relatif que m’a envoyé un parent d’élève indigné : "Le quotidien Sidwaya avait attiré l’attention de l’opinion nationale sur une polémique autour d’un voyage aux Etats -Unis d’Amérique dans sa rubrique rumeur. Et bien, cela n’est pas une rumeur, car le ministre Mathieu Ouédraogo et le directeur général de l’Education de base ont été approchés par les antagonistes, les prétendants au voyage, et cela tardivement. Ledit voyage au pays de l’Oncle Sam a été rangé aux oubliettes ; et pour cause ? Une inspectrice et son subalterne n’ont pas pu s’entendre pour une place. Au cours de l’année scolaire 2003-2004, un jeune garçon de l’école Larlé "A" du secteur 11 de Ouagadougou, circonscription Ouagadougou n°1, a été invité aux Etats-Unis d’Amérique par le biais d’une association, pour prendre part à la conférence internationale des enfants sur l’environnement, du 19 au 24 juillet. Tout était prêt pour le voyage du jeune écolier du côté des Américains : lettre d’invitation, billet d’avion, chronogramme de la conférence. Il restait à préparer le voyage au niveau du Burkina Faso. Cependant, Tamboura Amadou, c’est le nom de l’écolier chanceux, étant mineur, ne peut effectuer seul un si long voyage. Il lui fallait donc un encadreur. C’est là que la polémique a commencé entre adultes. Selon nos informations, Mme S.M.C., directrice du Développement de l’enseignement de base, "a été choisie ou s’est choisie" pour accompagner le jeune garçon. Choix qu’a contesté M. P.H., instituteur principal et directeur de l’école Larlé "A". Selon toujours nos informations, M. P.H. s’est vu le mieux placé pour encadrer l’écolier, parce qu’il est le premier responsable de l’école. Et il s’est fait établir un passeport à cet effet. Deux passeports donc pour une place. De tractations en tractations, la période de la conférence est arrivée sans que l’enfant ne puisse bouger, par la faute de ceux-là mêmes qui ont en charge son instruction et son éducation. Ainsi, à cause de l’égoïsme de deux adultes, un enfant innocent perd un voyage aux Etats-Unis, et à travers lui une école perd le financement d’un projet par des partenaires de l’éducation. Deux cadres qui n’ont pas été capables de se mettre d’accord pour un voyage gratuit, incapables de privilégier le bien-être des enfants. Le général Sangoulé Lamizana avait vu juste en affirmant : "La Haute-Volta a souffert beaucoup plus de la pauvreté de cœur et d’esprit de ses fils que de la pauvreté matérielle". De tels comportements nous donnent envie de soutenir aveuglément le gouvernement, qui vient d’exiger au minimum le baccalauréat pour le recrutement des cadres du MEBA. Connaissant la rigueur du ministre Mathieu Ouédraogo, nous nous attendons à une situation des responsabilités parce que de tels actes causent un manque à gagner au Burkina Faso. "

Un parent d’élève plus qu’indigné

Après lecture, quelle leçon peut-on en tirer cher cousin ? Personnellement, je m’étonne que le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Rakiswiligri Mathieu Ouédraogo, n’ait pas tranché en son temps, pour ne pas pénaliser le pauvre élève. Ensuite, je me convainc que quand deux adultes se livrent la "guerre sainte" pour une mission de ce genre aux Etats-Unis, ce n’est pas seulement pour le "gombo" ; car rien ne m’empêche de croire qu’ils avaient comme arrière-pensée d’y rester pour toujours. Maintenant que ce deal a foiré, comme on dit, quel langage Rakiswiligri tiendra-t-il à ses cadres qui n’ont pas su donner le bon exemple ? J’ai vraiment hâte de le savoir. Un singe qui saccage un champ de maïs, ça n’a rien de surprenant. Mais de la part d’une colombe, c’est à se demander ce qui a bien pu lui arriver. Cette image, cher cousin, pour te peindre la scène qui s’est produite dimanche dernier au premier poste de péage sur la nationale 1, c’est-à-dire à Zaghtouli sur l’axe Ouagadougou -Tanghin-Dassouri. L’acteur principal n’était autre que le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré en personne, qui avait maille à partir avec l’agent receveur des taxes de péage. Je ne sais où partait le bourgmestre de la capitale dans un véhicule banalisé, mais toujours est-il qu’il a refusé de délier les cordons de la bourse pour honorer la taxe. Etait-ce une façon de tester l’agent, ou voulait-il s’imposer parce que maire ? Difficile d’y répondre cher cousin. En tous cas, l’agent est monté sur ses ergots, stoïque, inflexible : "Tant que vous ne paierez pas la taxe, vous ne passerez pas". L’entêtement des deux acteurs a créé un embouteillage monstre, car impossible pour les usagers de ce dimanche de se frayer un passage. C’est avec juste raison que les spectateurs se sont demandé ce qui est arrivé à notre maire. De sa part, ça étonne, cher cousin, quand on connaît son sens élevé du civisme et du bon exemple. Ce n’est vraiment pas le genre de ministres ou de députés prompts à demander des comptes aux autres, mais qui refusent systématiquement et impunément de payer cette petite taxe de péage, même quand ils vont en villégiature. N’est-ce pas cher cousin ? Y en a vraiment mare de ces parvenus qui croient que les lois sont votées pour les autres. Gageons que Paramanga Ernest Yonli et Roch Marc Christian Kaboré n’hésiteront pas à rappeler leurs brebis à l’ordre. En attendant, c’est la période des vaches maigres pour le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, que je t’invite à feuilleter très rapidement.

Ouagadougou, la capitale burkinabè, abritera en septembre prochain le Sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’Union africaine sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté. Le Burkina Faso, mal classé dans le rapport mondial du développement humain, y croit vraiment et veut en faire son cheval de bataille. De sources proches du comité d’organisation de ce Sommet, il revient que le "Pays des hommes intègres" en supporterait seul les frais. Mais face à des contraintes objectives, le budget, qui était initialement estimé à 2,5 milliards de francs CFA, a été ramené à 1,5 milliard. Car après ce rendez-vous de l’Union africaine, notre capitale devra se préparer à accueillir en nombre le Xe Sommet de la Francophonie. Ce pourquoi nous allons devoir débourser nos derniers centimes du tréfonds des canaris. Quitte à ce que par la suite les bons Samaritains nous viennent à la rescousse.

C’est une constante, dans l’attribution de certains marchés publics, il y a des irrégularités qui crèvent les yeux. Semble être de ceux-là le dernier en date concernant l’électrification de certaines localités du Burkina Faso. Voici la genèse de faits : le 20 juillet devait avoir lieu à la Direction de l’énergie sise au ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie le dépouillement d’un appel d’offres pour le recrutement d’un bureau d’études pour appuyer les populations de certaines localités (Ouargaye, Zabré, Sindou, Boussé, Titao, Solenzo, Bagassi, Sabou, Sapouy, Batié...) dans le domaine de l’électrification. Les soumissionnaires attendirent plus d’une heure durant, pour s’entendre dire que le dépouillement est reporté séance tenante au 27 juillet prochain. Les raisons d’un tel report ? Aucune n’est avancée, mais c’est après, que par des fuites (à ce jour, c’est connu) l’on apprendra qu’un membre influent de la commission voudrait que l’on écarte certains soumissionnaires, en fait ceux-là même qui avaient effectué des travaux d’électrification dans lesdites localités. Devant donc le refus de certains membres de la Commission, qui ne comprenaient pas le changement des conditions de recevabilité, le membre influent a donc proposé le report du dépouillement. Va-t-on effectivement écarter ces soumissionnaires ? D’autres bureaux s’y ajouteront-ils ? Modifiera-t-on les conditions de participation d’ici le 27 juillet ? C’est le wait and see.

A peine rentré de son séjour hexagonal, Norbert Tiendrébéogo, le président du Front des forces sociales (FFS), est en deuil. Il a en effet perdu sa mère le mercredi 21 juillet dernier dans son quartier familial de Saint-Léon à Ouagadougou. Mme Tiendrébéogo née Poèga Marie Georgette, qu’elle s’appelle, qui a été inhumée hier jeudi dans la cour familiale, naquit à la fin des années 20. A l’occasion de ce deuil, les militants des partis politiques de l’opposition et du "pays réel" ont fait preuve de solidarité envers Norbert Tiendrébéogo, en installant leur quartier général à St-Léon pour soixante-douze heures. A Norbert et aux siens, nos condoléances.

"Jusqu’ici l’Eternel nous a secourus". C’est le témoignage que donnera le pasteur Joseph Ouédraogo, qui sera admis à la retraite ce samedi au cours d’une cérémonie grandiose en l’église des Assemblées de Dieu de Gounghin (secteur 8, Ouaga) à partir de 9 h 00. A cette fête l’Eglise des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, à travers le Conseil sous-régional de Baskuy et le Conseil régional de Ouagadougou, convie les fidèles chrétiens, les amis et les connaissances du révérend pasteur.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude...".

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin Passek Taalé.

Observateur Paalga

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