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Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

Publié le mercredi 13 mai 2020 à 21h55min

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Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

Inoussa Ouédraogo est commerçant au grand marché de Bobo-Dioulasso. Il est de ceux qui respect encore les mesures barrières contre le Covid-19. Port du cache-nez et désinfection des mains avec du gel-hydroalcoolique, ce sont, entre autres, les exigences de Mr Ouédraogo, avant de toucher à ses articles. Malheureusement, ils ne sont pas nombreux les commerçants qui agissent comme lui. C’est le constat que nous avons fait dans la matinée du mardi 12 mai 2020.

Le respect des mesures barrières contre le Covid-19 semble être difficile au marché central de Bobo-Dioulasso, trois semaines après la réouverture. Une situation qui amène certains commerçants à qualifier ce lieu « d’abattoir ».

Il est environ 10h, lorsque nous arrivons sur les lieux. Nous sommes devant l’entrée principale de Koko. Se tient là, un dispositif de lavage de mains qui est ignoré du public. L’exigence des entrées qui étaient conditionnées par le port de masques semble ne plus être le cas. Les agents de la police municipale qui se trouvaient à chaque entrée ont déguerpit depuis quelques jours, faisant place au « désordre ». C’est le même constat fait aux autres entrées principales.

Les entrées secondaires qui étaient restées fermées au départ, sont aujourd’hui ouvertes au grand public et le constat est désolant selon Inoussa Ouédraogo. Seulement devant quelques portes, nous avons pu conster le dispositif de lavage de mains qui, souvent manque d’eau ou de savon. A l’intérieur du marché, le constat est tout aussi déplorable. Aucun dispositif de lavage de mains n’est installé devant les boutiques ou hangars des commerçants.

Entrée Diarradougou du marché central de Bobo

La limitation du nombre de personnes à deux dans certaines boutiques n’est pas respectée. Par ailleurs, le traçage des voies et l’interdiction d’ouvrir les étales pour éviter les encombrements sont des mesures qui sont ignorés des commerçants. Ainsi, les allées sont occupées par des commerçants dont la plupart ne porte pas de cache-nez.

« Vous avez pu faire le constat vous-même. Absence de lave-mains, refus de porter les cache-nez et toutes les allées sont occupées. Actuellement il n’y a personne devant les entrées pour exiger le port des bavettes. Nous sommes laissés à nous même. C’est comme si nous étions dans un abattoir », a déploré Inoussa Ouédraogo. Il invite cependant, les autorités communales à mettre l’accent sur la sensibilisation des populations au respect des mesures barrières.

Selon une source, les policiers auraient déguerpi des lieux, parce que les commerçants leur manquaient de respect. Ces derniers auraient exigé également l’ouverture de toutes les portes d’entrée du grand marché. « Comme nous ne pouvons pas surveiller toutes ces portes nous avons préféré partir », nous confie la source.

Pour certains commerçants, le port obligatoire du cache-nez leur empêcherait de mieux respirer. Aussi, selon eux, obliger les clients à le porter fait que ceux qui viennent sans masque et qui n’ont pas accès au marché, repartent dans les petits marchés pour se ravitailler.

Hamadé Ouédraogo, membre du comité de gestion du marché

Hamadé Ouédraogo est membre du comité de gestion du marché central de Bobo-Dioulasso. Selon lui, le non-respect du port du cache-nez n’est pas observé uniquement qu’au marché de Bobo-Dioulasso. « Le port du cache-nez est obligatoire sur toute l’étendue du territoire. Malheureusement, cela n’est pas respecté et nous faisons avec. Ceux-là qui comprennent respectent les mesures et nous nous ne pouvons que continuer dans la sensibilisation. Force reste à la loi parce que nous ne pouvons pas les obliger à porter les masques mais nous pouvons les sensibiliser », a laissé entendre Hamadé Ouédraogo.

Il a par ailleurs déploré le manque d’accompagnement des autorités dans leur lutte contre le Covid-19. Ce qui a amené un relâchement des acteurs sur le terrain. « Nous avons eu les consignes des autorités que nous appliquons. Il fallait des mesures d’accompagnement pour faciliter le travail sur le terrain et malheureusement cela n’a pas été le cas. Donc si vous voyez un relâchement sur le terrain, c’est par rapport à la limite de nos moyens. Sinon ce n’est pas notre choix. Sans mesures d’accompagnement on est obligé de relâcher. Actuellement des kits de lavage de mains sont en panne, il y a aussi le manque du savon. Les acteurs manquent de motivation sur le terrain. Nous n’attendons pas tout de l’autorité, mais un minimum qui puisse nous aider », a-t-il déploré.

Selon lui, le marché central de Bobo-Dioulasso compte 22 portes. Et sur les 22 portes, le comité avait demandé à ouvrir 8 portes en fonction de l’effectif de la police au sein dudit marché. Et lorsque les commerçants ont demandé l’ouverture des autres portes, il était difficile pour les agents de la police de pouvoir contrôler toutes ces entrées, d’où le relâchement.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Romuald Dofini
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 mai 2020 à 00:16, par Mkouka En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    C’est un triste contat qui confirme que nous ne sommes qu’un peuple d’indisciplines irresponsables. Pour que ca marche, a un moment donne il faut forcement sevir avec rigueur. Apres campagnes d’information et de sensibilisation, il faut des mesures contraignantes et dissuasives rigoureusement appliquees contre tout contrevenant : amendes, retrait de..., interdiction de...etc. Comme le dirait l’autre, d’une main de fer dans un gant de velours.

    • Le 14 mai 2020 à 12:03, par Sidpassata Veritas En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

      kouka, je partage totalement ton avis, mais ce n’est pas avec le président actuel et son gouvernement que nous verrons s’exercer l’autorité de l’État. Ils y ont renoncé.
      - Le plus grand incivisme qui frise la haute trahison, ce n’est de brûler un feu rouge et narguer la police nationale, mais c’est ne pas exercer l’autorité de l’État de la part de ceux qui sont investis de ce pouvoir pour que règne l’ordre républicain et que force reste à la loi. C’est ceux-là qui démolissent l’État de droit au Burkina et qui sont les premiers à crier à l’incivisme des copains de leurs enfants.
      - Tout ce qui nous reste, c’est prier Dieu pour qu’il soit notre seul protecteur du moment, le temps que par les moyens pacifique, la nation Burkina lui trouve d’autres relais humains plus dynamiques pour être ses relais et nous gouverner plus dignement en assumant pleinement leurs responsabilités. Oui que Dieu nous vienne en aide.

  • Le 14 mai 2020 à 08:23, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    - Mais dites donc !! Est-ce que le Burkina est géré au bon vouloir des commerçants don’t la plupart sont d’ailleurs des voleurs et des trafiquants ? Il faut que le pouvoir public arête le laxisme et mette fin au laisser-aller !!! Il faut ordonner aux Gendarmes et Policiers de mâter ces commerçants et de les dégager de force des lieux et confisquer leurs marchandises et envoyer aux Personnes Déplacées Internes !! Ils sont qui pour faire ce qu’ils veulent et ne pas respecter les consignes données par l’État ?

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 14 mai 2020 à 11:08, par Lom-Lom En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    Si des commerçants se permettent ce comportement, c’est qu’ils savent qu’ils ont des personnes tapies quelque part pour les encourager afin d’aboutir à une répression pour justifier l’injustifiable ! Mais à force de vouloir traîner les gouvernants actuels dans la boue, nous finirons tous dans cette boue de caca un jour !

    • Le 14 mai 2020 à 12:53, par Sidpassata Veritas En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

      Lom-Lom, il faut arrêter de tout politiser. Est-ce que vous vous rendez compte de ce que suppose votre explication ?
      - Vous tentez de justifier le fait du manque d’autorité et de rigueur de ceux qui ont en charge la responsabilité de l’ordre public, par le fait fait que leurs opposants auraient l’intention (supposée) de pousser les commerçants au désordre en espérant une répression qui serait impopulaire et donc négative pour l’image des autorités. N’est-ce pas une trop grande de gymnastique explicative ?
      - En admettant que cette intention malveillante de l’opposition ait été réelle, qu’est-ce qui empêchait alors les autorités de prendre les dispositions pour ouvrir le marché dans l’ordre et maintenir cet ordre et ainsi éviter de devoir réprimer le désordre. Ceci pour dire que de toute façon, la mauvaise intention, même avérée, de vos opposants politiques ne vous dédouanera pas de votre responsabilité devant la nation. Je n’aime pas les positionnements politiques qui oublient l’intérêt national.

  • Le 14 mai 2020 à 12:06, par kiriki En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    Moi j’ai pas toujours envie décrire. Parce que je me sens mal lorsque certains pense que je suis dure ou extrême. Mais le Président Rock cause plus de chaos que d’ordre avec le laxisme qui sévit dans sa gouvernance.
    Mais franchement c’est quoi ça. Un seul marché ne respecte pas une seule l’usure ? Le lendemain les portes de ce marché restent hermétiquement fermées. Pour 72h à titre d’avertissement.
    Sans discussion sans négociation. Après les 72heures ont ouvre pour la 1/2journee pendant 72heures. Malheur à l’ignorant qui va oser broncher. Il a eu 72 h pour apprendre les mesures de barrière à la maison. Donc ont passe direct a la prochaine étape.
    Mais vous les autorités, la commune, vous croyez que gouverner c’est fricoter ou plaisanter ?
    Préside Rock, avec tous mes respects, si tu ne changes pas je commence à ne plus ye percevoir, c’est sérieux

    • Le 14 mai 2020 à 16:49, par kenfo En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

      @ kiriki : KIRIKI, c’est vous seul qui pensez que c’est Rock qui doit tout faire tout seul, tout le temps et partout, dans ce pays. Certes, vous êtes assez intelligent pour manquer de respect envers les autorités, mais pas assez pour comprendre comment fonctionnent les institutions républicaines. On fait bien de vous éloigner des sphères de décisions, encore pour longtemps.
      Kenfo

  • Le 14 mai 2020 à 13:01, par jan jan En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    Allons seulement oh, n’en parlons pas des mosquées, des taxis "verts" et des "DINA" et même des grands bus, où la distanciation sécuritaire et le port de masque sont bafoués, tout est beau dans notre république du Guondwana.

  • Le 14 mai 2020 à 13:41, par lapatriote En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    il serait difficile de suivre chaque Burkinabe au quotidian. Tout a ete dit. Si c’est difficile, laissons les gens prendre le risque de se contaminer. les survivants temoigneront.

  • Le 14 mai 2020 à 15:25, par Moro En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    Koro Yamyele, Il y ’a des maleureusement des voleurs et des trafiquants dans notre administration. Si l’autorité de l’Etat n’est pas respectée aujourd’hui c’est en grande partie de la faute de certaints agents de notre administration qui manquent d’intégrité et de dignité.
    Quand un agent public pour service rendu ou non récupère de l’argent avec un commerçant, un cultivateur, un éleveur, un parent d’élève, un malade, un justiciable, etc, il sait bien que ce dernier n’est la caisse de son père. Si demain tous les agents respectent les règles de la déontologie de leurs de metier, vous ne verai plus un "commerçants voleur et trafiquant".
    Pour nous qui avons connu ce pays avant, pendant et après la période révolutionaire, nous pleurons chaque jour à cause de la cupidité des agents de notre administration. Personne ne respectera un voleur !
    Pour revenir au non respect des mesures barrières, il faut continuer la sensibilisation.

  • Le 14 mai 2020 à 22:05, par Kerson En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    Franchement les Burkinabès ont besoins d‘une dictature, ils ne veulent pas la faciliter. Ce que le président doit faire , sortir la police et la gendarmerie, pour coller des amendes sévères à toutes personnes qui ne respectent pas les consignes. C‘est inconscient de Vouloir contaminer et tuer ceux qui tiennent à la vie.
    Il faut un nouveau Thomas Sankara au Faso
    Interdir l’accès du marché à tous ceux qui n’ont pas de masque.

  • Le 15 mai 2020 à 04:59, par Patarbtalle En réponse à : Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

    Ça ce le fort du Burkina. En toute circonstance, tu vois nos autorités devant les cameras ; après quelques jours, ils disparaissent.

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