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Mesures du sociales du président du Faso : Des acteurs culturels se sentent oubliés

Publié le samedi 4 avril 2020 à 18h39min

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Mesures du sociales du président du Faso : Des acteurs culturels se sentent oubliés

Le président du Faso, dans son adresse à la nation, le jeudi 2 mars 2020, a annoncé une série de mesures sociales pour contrer les effets socio-économiques du Covid-19. Des efforts sont faits pour soutenir l’économie et prendre en charge les personnes vulnérables. Seulement, sur le plan culturel, des acteurs estiment avoir été oubliés. Lefaso.net a recueilli quelques propos. Micro-trottoir !

Almamy Kajeem, artiste musicien et responsable du Syndicat des artistes burkinabè

Le discours du président du Faso n’a tenu aucunement compte des acteurs culturels. Il est ressorti que durant la période de confinement, les entreprises culturelles sont exemptes de toutes taxes tout en sachant que durant la période, il est quasi-impossible de tenir une activité culturelle, compte tenu du couvre-feu et du principe de regroupement qui limite les rencontres à moins de cinquante personnes. Donc, cette mesure prise par le président ne représente absolument rien pour le secteur.

Madiega Tibiafouba, journaliste culturel, directeur général du magazine Africa Star

Pour moi, le président a fait un très beau discours. Au niveau de la culture, il a parlé de la suppression des charges et taxes imposables à l’organisation des activités culturelles. Or, c’est quand il y a des activités culturelles qu’on peut parler de taxes imposables. Actuellement, il faut éviter les regroupements de masse, tuyau de la propagation du virus et, en plus, il y a le couvre-feu. Les activités culturelles sont au point mort.

Là où je suis très d’accord avec le président du Faso, c’est qu’il y a un message dans le message. On ne peut pas soutenir des gens qui sont désorganisés. Au niveau de la musique par exemple, j’ai toujours dit qu’on ne construit pas une carrière artistique sous les arbres du CENASA. Il faut que les artistes, en dehors de la musique, apprennent à faire autres choses pour soutenir leur carrière artistique. Il y a des artistes qui ont compris cette hypothèse depuis longtemps et qui exercent d’autres activités génératrices de revenus en ouvrant des boutiques de tous genres. J’ai toujours dit qu’on ne peut pas être dans l’art et toujours tendre la main pour demander à manger. Il faut que chaque acteur culturel prenne des initiatives génératrices de revenus. Le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme a été un peu plus clair : si ça ne marche pas, il faut changer de métier. C’est clair et net...

Hervé David Honla, journaliste culturel, directeur de publication de Oxygène Mag

Je suis resté personnellement suspendu à mon verre d’eau qui n’a pas pu étancher ma soif. J’ai trouvé que lors de son allocution, il n’a pas abordé tous les aspects-clés de chaque secteur de façon transversale, comme cela semblait le présager. Certains secteurs, notamment le transport, ont été abordés et même en profondeur, dans les détails. Mais par contre, des secteurs comme l’éducation et la culture n’ont même pas été effleurés. Pour être plus catholique, ces deux secteurs ont été évasivement survolés.

Le président du Faso a évoqué ce qu’il a appelé les « les mesures d’urgence à prendre dans plusieurs secteurs vitaux ». Parmi ces mesures, j’aurais souhaité qu’il aborde la question de l’employabilité des nombreux professionnels du secteur culturel qui sont tous en arrêt de travail depuis le 9 mars. Aucune activité culturelle ne fonctionne depuis un mois. Ce qui m’a le plus effarouché, c’est cette mesure que je juge ambiguë concernant, je cite, la suppression des charges et taxes imposables à l’organisation des activités culturelles. Il n’y a aucune activité culturelle qui se déroule au Burkina Faso depuis le 9 mars. Quelles sont les charges et taxes qui seront imposables ?

Malheureusement, c’est encore la culture qui paye le lourd tribut dans ce discours. L’industrie culturelle est pourtant une grosse machine dans le développement d’un pays. Il a également dit que le système bancaire et financier s’engagera à soutenir le financement de l’économie nationale, en mettant en place un cadre adapté pour accompagner les entreprises qui rencontrent des difficultés du fait de la crise consécutive au Covid-19. Je doute fort que les entreprises culturelles, qui sont pour la plupart dans l’informel, et qui ont perdu des centaines de millions, seront prises en compte.

Quant aux mesures sociales, j’ai été étonné que le président ait même donné des échéances. C’est-à-dire d’avril à juin. Pourtant, personne ne peut déterminer la fin de la pandémie dans le monde. Ce qui pose d’énormes questions et quelques disparités. Si certains secteurs sont aménagés en fonction de cette échéance, pourquoi pas d’autres ? Raison pour laquelle je n’ai pas compris pourquoi il n’a pas abordé notre système éducatif très chancelant et très sensible. Dans un mois, nos enfants devraient être confrontés aux évaluations de part et d’autre. Ça devrait déjà être une occasion d’aborder des prémices de programme. Mais rien dans ce secteur n’a été mentionné !

Concernant les marchés et yaars, j’ai bien peur que cette décision d’aménager les espaces pour faciliter l’accès des ménages en produits frais de consommation ne provoque des amalgames. Qu’est-ce qu’ils entendent par produits frais ? D’autant plus que les yaars, c’est un secteur purement informel où le désordre règne en permanence. Pourquoi ne pas simplement ouvrir ces marchés en imposant une discipline quotidienne tenant compte des prescriptions sanitaires en vigueur ?

Enfin, quant à la question des médias, je crains également un acharnement des grosses entreprises de presse sur les plus petites. Surtout quand la seule structure de référence est le Fonds d’appui à la presse privée. Bref, le chef de l’Etat a été très explicite sur certains secteurs et quasi-muet sur d’autres qui, pourtant, sont aussi très très vitaux pour notre vie nationale.

Propos recueillis par Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 avril 2020 à 23:27, par Aol En réponse à : Mesures du sociales du président du Faso : Des acteurs culturels se sentent oubliés

    Toujours les artistes qui ne peuvent même pas réunir plus de 50 personnes hors de leur cercle d’amis qui sont bruyants. La musique n’est pas forcée comme le disait le ministre de la culture.

  • Le 5 avril 2020 à 01:34, par Kanzim En réponse à : Mesures du sociales du président du Faso : Des acteurs culturels se sentent oubliés

    Les acteurs dits de la culture reviennent encore avec des revendications, comme toujours assitantialistes, qui puisent dans la mendicité, mais aussi et malheureusement, du plaisir incompréhensible du gouvernement de se complaire dans le rôle de l’Etat providence. Pourtant M le Ministre SANGO avait soulevé le véritable levier, fait de vérité, de pédagogie et de leçon de vie : « si ça ne marche pas dans la musique, essayez autre chose », avait-il professé en substance. Je le dis et je persiste en connaissance de cause, L’art ne s’apprend pas : autrement il serait réduit à l’artisanat. De même on ne peut pas s’improviser artiste compositeur chanteur. Dans la musique, c’est plutôt l’instrument, la guitare ou le balafon qui peuvent s’apprendre. Pourquoi des échotiers vont s’en prendre à l’Etat sur la base de leur persistance à faire ce pourquoi ils n’ont pas d’aptitude ?
    Je suis ne train de les suivre en ce moment sur BF1 je ne vois personne ni par son accoutrement ni par le verbe peut faire penser à une culture du Burkina : s’ils ne sont pas accoutrés comme des personnages de films western, ils tentent d’imiter à l’européenne un accent qui rend répulsive leur expression. Dans le cadre du Corona virus, un d’entre eux qui s’est employé avec courage il faut le dire à réaliser des pastilles pour informer (et non sensibiliser comme il le dit) sur le Corona virus, a « tout gâté » en déplorant que personne ne l’a appelé pour lui dire un simple merci. C’était mieux je pense, de présenter un devis aux autorités avant de réaliser ce qu’il a fait. Il y en a même qui se sont autoproclamés leaders d’opinion, et en tant que tels demandent le retour d’un ascenseur pour des sensibilisations qu’ils auraient menées.
    En dehors donc du journaliste Madiega Tibiafouba, je ne vois aucune cohérence dans les déclarations des autres. Surtout pas M Hervé HONLA qui n’a certainement pas compris la question du journaliste, et s’est étalé dans des digressions délirantes dignes de la première lettre d’amour d’un enfant de 3ème. Il faudra donc que le ministère tienne un discours franc et ferme à ces gens. Je compatis avec ceux qui ont organisé des manifestations d’envergure ayant entraîné des coûts peu sûrs d’être recouvrés à cause de Covi 19. Mas là aussi, il faut qu’ils sachent que, assurer une activité fait parte des précautions managériales ne matière d’activités culturelles.

  • Le 5 avril 2020 à 13:04, par Lom-Lom En réponse à : Mesures du sociales du président du Faso : Des acteurs culturels se sentent oubliés

    Encore des rigolos ! Si on comorend, le president devrait prendre chaque secteur de la vie socio-économique du pays et donner des subventions pour chacun deux ? Ce n’est pas obligé et si l’art ne nourrit pas son homme, y a qu’à changer de métier ! C’est.aussi simple que ça mais comme on a appris aux gueulards de ce pays qu’ils n’ont que des droits, alors donnons leur la possibilité de gueuler et d’aller s’abreuver où ils veulent puis aller dormir. Quand ils auront compris que les vrais artistes sont ceux qui diversifient leurs activités avec les ressources engrangées grâce à leurs prestations artistiques, alors ils changeront.

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