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Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

Publié le mercredi 5 février 2020 à 23h30min

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Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

Né de la volonté des principaux concernés de contribuer à la régularisation de la situation, le comité de suivi de l’intégration et du mandatement des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes a tenu une conférence de presse le 5 février 2020, à Ouagadougou.

Ils sont plus de 500 praticiens formés pour la quasi-totalité au Burkina Faso, à rencontrer des difficultés dans le cadre de leur intégration et de leur mandatement. Les uns ont été recrutés dans la Fonction publique burkinabè le 7 décembre 2018, les autres en mars 2019, pour le compte du ministère de la Santé. C’est donc dire que la grande majorité d’entre eux est sans salaire après 14 mois pour certains et 11 mois pour d’autres depuis leur recrutement.

Consterné par cette situation qui plonge les médecins dans une précarité sans pareille, le comité de suivi de l’intégration et du mandatement des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes a animé une conférence de presse, hier, 5 janvier 2020, à Ouagadougou. Objectif, interpeller une fois de plus les autorités à prendre des mesures idoines pour régler cette situation qui perdure et qui dégrade l’image des agents de santé en les mettant dans une position de clochardisation.

Les tentatives de trouver des solutions à leur revendication sont restées vaines. « Au cours de nos démarches, nous avons déposé une demande d’audience pour rencontrer le secrétaire général du ministère de la Santé. Il nous a reçus mais ce qu’il nous a dit lors de la rencontre n’est pas différent des propos tenus par le directeur des ressources humaines du ministère. C’est toujours des promesses : « Nous allons voir avec nos collègues du ministère de la Fonction publique et celui des Finances, comment on peut faire pour que vous ayez vos mandatements afin de rejoindre vos différents postes de travail », a confié le porte-parole du comité, Dr Djakaridja Soulama, précisant que jusque-là, ils n’ont pas officiellement rencontré le ministre de la Santé...

Le retard de prise de service n’est pas sans conséquences dommageables sur leurs carrières respectives. « Ce retard aura un impact financier négatif, compte tenu du fait que la correction des indemnités s’y rapporte. Certains d’entre nous qui, en situation normale, auraient pu participer aux concours professionnels en 2020, devraient attendre en 2021 », a fait remarquer Dr Soulama.

Pour les membres du comité, il est paradoxal qu’« un pays qui crie au manque de ressources humaines dans un secteur aussi sensible comme celui de la santé, puisse laisser plus de 500 praticiens qualifiés dans la nature ». Pis, poursuivent-ils, le recrutement n’est pas suivi d’un déploiement diligent des personnels en vue d’améliorer le ratio du nombre d’habitants par médecin pour se rapprocher des normes de l’Organisation mondiale de la santé.

C’est donc tout naturellement qu’ils se sont interrogés sur la sincérité du discours gouvernemental quant à la valorisation et à l’utilisation rationnelle du capital humain dans le secteur de la santé. Dr Djakaridja Soulama appelle donc l’ensemble « des collègues » à l’unité d’action pour accentuer la pression sur les autorités, afin qu’elles se préoccupent plus de leur situation.

Par ailleurs, quelques préoccupations ont été émises au cours des échanges par les journalistes. A la question de savoir comment ils font pour subvenir à leurs besoins, le porte-parole rétorque : « Dieu seul sait ». Il en a profité pour faire ce témoignage qui l’a beaucoup touché : « Pas plus tard que la semaine passée, je discutais avec un collègue qui me disait qu’il a croisé un des nôtres pendant les fêtes de fin d’année. Celui-ci était en train de payer des poulets pour griller et revendre devant sa cour. Un médecin formé pendant sept ans et recruté par la Fonction publique ! Dès que j’ai appris cela, je n’ai pas pu dormir ».

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 février 2020 à 08:46, par Bao-yam En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    Figurez-vous que cette situation concerne la quasi-totalité des métiers de la fonction publique. On recrute des gens pour 2 ans parfois sans affectation. Est-ce la pratique d’un État qui comprend la relation entre le travail et le développement ? Non. Après on peut même puiser dans le budget de l,État pour payer des arriérés de 2 ans à des gens qui n’ont pas travaillé car n’ayant pas été affectés.

    Quel employeur va payer ses employés 2 ans sans rien faire. Quelle proportion cela représente dans la carrière de quelqu’un, en plus du temps parfois allongé de la formation ? Que de discours, on ne veut pas se développer !

  • Le 6 février 2020 à 08:50, par salou En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    Ce pays a mal à sa gouvernance et marche du jour au jour. Le developement restera toujours un leurre par manque d’une politique de planification.

  • Le 6 février 2020 à 10:04, par Kouda En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    Votre situation est tout simplement inadmisssible, revoltante et déconcertante. Aucune explication des personnes qui devraient s’occuper de votre recrutement ne saurait passer. C’est tout simplement irresponsable de la part de l’Etat, des ministères et personnes qui devraient s’assurer du bon aboutissement de votre intégration.
    Dans un pays qui a un manque criard de medecin, c’est indigne, scandaleux.
    Un Etat qui cherche à extorquer (c’est bien le mot qui convient) quelques millions de FCFA à ses propres travailleurs en les humiliant, en les clochardisant, c’est inadmissible. Aujourd’hui, ce sont les médecins. Hier c’étaient des enseignants. Avant hier, c’étaient d’autres corps. Un Etat en faillite, irresponsable et de surcroit qui cherche à exploiter ses propres citoyens qu’il emploie est un Etat qui faillira à coup sûr.

  • Le 6 février 2020 à 10:30, par Validité des frais de consultations En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    Madame la ministre de la santé, Monsieur le sécretaire général de la santé, Monsieur le directeur général de la santé privée, Monsieur le président de l’ordre des médecins. Savez-vous qu’il y a des formations sanitaires privées dont la validé des frais de consultations est de moins de deux semaines ? Eh oui ! Comment peut on en moins de deux semaines de consultations apprécier la bonne évolution d’un traitement ou pas ? Généralement la validité des frais de consultation dans les cliniques tourne autour de deux semaines. Alors pourquoi il y en a qui sont à moins de 10 jours voire moins ? Monsieur le DG de la santé privée, il faut voir cette situation avec tous les patrons des cliniques privées pour assoir quelque-chose d’acceptable pour le bien-être des populations. Certains diront qu’on n’oblige personne à aller en clinique privée, Cela est vrai mais des fois on y va parce qu’on n’a pas le choix avec ces grèves de la santé publique ces temps-ci. Sinon la mort garantie par manque de soins. Les cliniques privées, de grâce, ne cherchez pas à vous enrichir énormément sur le dos des gens démunis. La santé pour tous à moindre coût !

  • Le 6 février 2020 à 11:16, par Danton En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    In-nac-cep-table dans un pays où les puissants du jour distribuent des contrats de travaux à tous vents en Conseil des Sinistres. Il faut que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui sachent qu’ils pourraient être poursuibis quand ils quitteront le pouvoir. Qui vivra vera. Vive le Burkina Faso !

  • Le 6 février 2020 à 12:31, par Bebeto En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    C’est incroyable ce qui se passe.
    Nous ne sommes pas au moyen âge. Je ne crois pas que leur recrutement à la fonction publique soit accidentel.
    Le mandatement est devenu un vrai problème général â la fonction publique au BF. Que se passe t-il ? Au niveau des différents ministères concernés, les responsables ont été surpris un beau matin de la présence de ces "extra terrestres" qu’ils sont tenus "d’humanoïser" malgré eux ?
    Il va falloir que Le Premier Ministre tape du point sur la table, pour qu’on n’entende plus jamais parler de problème de mandatement.
    Chaque année nous célébrons, la semaine des TIC, avec beaucoup de bruit. Dans ces applications, qu’est-ce que nous faisons ?
    Avec les TIC, le mandatement doit être automatique à l’échéance.
    A ce rythme, même dans 50 ans, nous risquons toujours de ne pas être en mesure de produire nous mêmes de la bétadine, peu importe la couleur.
    Excellence Mr. Le Premier Ministre, taper du point sur la table, afin de mettre fin pour de bon à cette insouciance généralisée dans nos Ministères.
    Le seul Ministère ou ce problème n’existe pas, c’est celui de la défense. Donc sans gène, il faut approcher les militaires, il n’ y a pas de doute, ils vont nous sauver la face et ils ne demanderont même pas de perdiem.
    Merci

  • Le 6 février 2020 à 13:09, par A qui la faute ? En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    Je n’arrive pas à trouver les mots pour exprimer mon écœurement face à cette situation que je connais bien à travers un jeune qui est dans la situation.
    Avec cet état des faits vous comprenez pourquoi les burkinabé qui se forment à l’extérieur du pays ne rentrent uniquement au pays que s’ils ne trouvent rien dans le pays d’Etudes.
    C’est quoi ces dirigeants ? Combien ça coûte le salaire d’un médecin par rapport à la gabegie quotidienne ? Pour réussir dans ces filières il faut sortir du lot intellectuellement, humainement, etc. En plus pour réussir ces concours il faut là encore être parmi les meilleurs. Et à la fin vous finissez "grilleur" de poulets ou clochard. Dans quel autre pays du monde vous voyez un pouvoir qui humilie autant ses enfants ?
    En plus quand vous réussissez ce concours vous devez travailleur au moins deux ans pour l’Etat avant de pouvoir démissionner. Donc c’est de la pure méchanceté de clouer ces jeunes dont la seule faute c’est d’être brillant, travailleur et aimer leur pays

  • Le 6 février 2020 à 13:58, par VERITE En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    CE BLOCAGE ENTRE DANS LE CADRE DE L’EXÉCUTION DU PROGRAMME DU PNDS. PATIENCE TOUT VA RENTRE DANS LE CADRE D’UN BLOCAGE QUASI GÉNÉRAL.

  • Le 6 février 2020 à 14:42, par VP En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    "Le retard de prise de service n’est pas sans conséquences dommageables sur leurs carrières respectives. « Ce retard aura un impact financier négatif, compte tenu du fait que la correction des indemnités s’y rapporte. Certains d’entre nous qui, en situation normale, auraient pu participer aux concours professionnels en 2020, devraient attendre en 2021 », a fait remarquer Dr Soulama."

    Chers Dr, le droit est clair.Ce retard ne jouera pas sur vos anciennetés. L’Etat est tenu de vous payer comme si vs travailliez et en plus, il doit bien tenir compte de vos anciennetés.Si jamais il joue à ce jeu dangereux, la Justice est là pour trancher.Vs n’êtes pas responsables du retard.

  • Le 6 février 2020 à 15:31, par Volontaire En réponse à : Santé : Des médecins recrutés en 2018 et 2019 exigent leur intégration et leur mandatement

    Tout cela n’est rien d’autre que la conséquence du bras de fer qui a opposé ou qui oppose le Ministre de la fonction publique et son personnel notamment les GRH. Et malheureusement les effets qu’on observe se ressentiront encore longtemps dans notre administration qui peinait même à se mettre au diapason d’une gestion saine.
    Le gouvernement, qui a laisser désaxer l’administration publique par celui là même qui a en charge sa gestion, n’a malheureusement pas mesurer l’impact réel de cette crise et aujourd’hui sera obligé de dépenser beaucoup d’energie, de perte de temps et d’argent pour juguler difficilement les différents conflits à la police, à l’enseignement, à la santé et dans d’autres ministères

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