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Sommanogo Koutou, ministre des Ressources animales : « 38% des revenus monétaires des ménages ruraux proviennent de l’élevage »

Publié le dimanche 2 juin 2019 à 08h57min

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Sommanogo Koutou, ministre des Ressources animales : « 38% des revenus monétaires des ménages ruraux proviennent de l’élevage »

« L’eau c’est la vie, le lait est l’âme de l’humanité », paraphrase le défenseur du monde rural, le Larlé Naaba, plaidant ainsi en faveur d’une modernisation des unités de production et de transformation du lait. C’était à la faveur de la cérémonie d’ouverture des activités commémoratives de la Journée du lait, ce samedi 1er juin 2019. En plus des plaidoyers, des panels, ces journées sont marquées par une exposition-vente de produits laitiers qui se tient jusqu’au 3 juin 2019 au siège du FESPACO.

Selon des données, ce sont plus de dix milliards de francs CFA qui sont injectés chaque année par le Burkina dans l’importation du lait. Ce qui constitue, de l’avis des acteurs, un énorme manque à gagner non seulement pour les populations, mais également pour l’économie nationale. D’où l’enjeu de la tenue de tels cadres qui permettent de réfléchir autour des goulots d’étranglement et de plaider en faveur de ce secteur de production.

Connu comme défenseur du monde rural, le Larlé Naaba, promoteur agricole, était aux côtés des acteurs en cette matinée de célébration pour apporter également son soutien à la filière, dont il dit mesurer l’apport à la fois personnelle que dans l’économie nationale. Ce qu’il résume bien en empruntant ce proverbe peulh : « Si l’eau c’est la vie, le lait est l’âme de l’humanité ».

De l’avis du leader coutumier, la filière lait a de l’avenir au Burkina, en ce sens que sa valeur nutritive est importante par rapport au lait en poudre importé. C’est pourquoi il encourage les populations à la consommation du lait local qui, non seulement est bénéfique sur le plan de la santé, mais profite également à tous les acteurs de la chaîne de production (éleveurs, paysans, vendeurs…) et améliore le produit intérieur brut. « Ce qui va renforcer le positionnement de l’agriculture dans l’économie du pays. C’est important pour le Burkina Faso d’aller dans ce développement endogène, qui est la promotion de l’agriculture et la production laitière », exhale le promoteur agricole, le Larlé Naaba.

« Comme dans la plupart des pays voisins, l’élevage n’est pas l’activité qui reçoit le plus d’investissements gouvernementaux, en dépit de son importance économique et sociale », constate le président de l’inter-profession de la filière du Burkina, Al Hyat Ouédraogo, relevant néanmoins que le secteur bénéficie, depuis quelques années, de grands programmes de développement. La politique laitière est principalement inscrite dans le programme national de développement de la filière de lait local au Burkina, ajoute-t-il.

Al Hyat Ouédraogo

Il a expliqué que le Burkina dispose d’un important potentiel laitier avec plus de huit millions de bovins, plus de sept millions d’ovins et plus de onze millions de caprins. « Toutefois, le pays continue de débourser chaque année, plus de dix milliards de F CFA pour l’importation de lait et des produits laitiers », relève M. Ouédraogo.

C’est pourquoi, il estime que ce cadre va permettre d’interpeller notamment les décideurs sur la nécessité d’avoir une politique plus conséquente en faveur de la filière. À en croire Al Hyat Ouédraogo, les acteurs ont la volonté manifeste, mais les moyens font défaut. « Quelle que soit votre détermination, si vous n’avez pas de moyens conséquents, vous ne pouvez pas accéder aux équipements et développer votre chaîne de production (production, transformation, distribution) », confie-t-il.

Cette halte va donc permettre de réfléchir également sur les insuffisances. Celles-ci portent un coup à la contribution de la filière à l’économie nationale. Ces entraves sont relatives à l’accès au financement, la faible productivité des élevages laitiers, le faible niveau de professionnalisme des acteurs, le faible ancrage de la culture laitière dans les habitudes alimentaires de la majeure partie des ménages, les difficultés d’accès aux intrants et à l’équipement, un tissu de transformation en majorité artisanal issu de l’informel, les effets du changement climatique.

À cela s’ajoutent les défis sécuritaires auxquels font face les régions du Sahel et de l’Est, connues pour leurs potentialités en la matière. « Lorsque vous n’êtes pas en sécurité, lorsque vous ne pouvez pas circuler comme vous voulez, c’est un véritable frein », dit-il, soulevant des cas de pertes de bétail, de déplacement d’éleveurs, etc.

Pour le ministre des Ressources animales et halieutiques, Sommanogo Koutou, président de cette édition, 38% des revenus monétaires des ménages ruraux proviennent de l’élevage. Il a rappelé que malgré les difficultés auxquelles fait face le secteur, dont la trop faible couverture des besoins par les systèmes de crédit du monde rural (le système financier classique n’arrivant pas à subvenir aux besoins du secteur), le gouvernement développe des efforts pour plus d’épanouissement de la filière. Il en veut pour preuve à cet intérêt, la tenue de la première édition du Salon de l’élevage, SABEL 2018, en novembre-décembre 2018.

Dr René Millogo, coordonnateur de la faitière des organisations de la société civile de défense et de promotion du pastoralisme (la Plateforme d’actions pour la sécurisation des ménages pastoraux, PASMEP) se dit fier de la tenue de ce cadre qui, de plus en plus, est en train d’être institutionnalisé.

Dr René Millogo

Tout comme ses prédécesseurs, Dr Millogo estime que le foncier est un enjeu majeur dans l’avenir de la filière. « Mais, nous disons à tous les acteurs, notamment aux décideurs, de d’abord travailler à appliquer les textes qui existent. Bien-sûr, notre plaidoyer actuel, c’est de dire que la loi d’orientation relative au pastoralisme est dépassée ; elle date de 2002. Il faut la relire, l’adapter au contexte de décentralisation, de changements climatiques, tout en prenant en compte les problématiques du genre », recommande-t-il, invitant les collectivités à intégrer de plus en plus l’élevage transhumant dans les plans communaux de développement.

OHL
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