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Koubri : Un risque de conflit foncier

Publié le mercredi 1er mai 2019 à 21h59min

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Koubri : Un risque de conflit foncier

L’inquiétude se lit sur les visages dans quatre villages de la commune rurale de Koubri, dans la province du Kadiogo. Cette peur est liée à une rumeur sur le lotissement des terres agricoles des villages de Tansablogo, Moincé, Pikioko et Kankanghin. Ce lotissement des champs serait une décision des propriétaires terriens de Koubri.

Si l’idée de lotissement des terres est en soi une bonne initiative, les habitants des quatre villages auraient des informations relatives au fait que non seulement chacun devrait payer pour le lotissement de ses champs mais aussi et surtout les champs lotis seront enregistrés sous le nom du chef de Koubri. Il louerait alors les terres aux occupants actuels pour exploitation. Pour combien de temps et à quelles conditions ? Personne n’a pu donner des informations précises.

Il faut rappeler que certains de ces habitants sont les fondateurs de ces villages. Ils avaient été installés là il y a une quarantaine d’années par les grands-pères et les pères de ceux qui veulent aujourd’hui lotir et louer les terres à ces mêmes habitants.

Selon certains paysans, ces quatre villages sont visés parce qu’ils abritent peu de populations originaires de Koubri. La majorité des habitants sont originaires du Sanmatenga et d’autres provinces du Burkina Faso. Ils sont traités d’étrangers par les propriétaires terriens malgré leur installation dans les zones visées depuis plus de 30 ans.

Rappelons que l’un des conseillers municipaux du village de Tansablogo est un natif de Koubri, retraité, qui s’y est installé il y a quelques années. Bien qu’au courant du projet de lotissement, ce dernier aurait affirmé ne pas faire partie du groupe qui envisage d’entreprendre l’initiative.

Après la création de ces villages, l’Etat central a doté ces villages d’infrastructures sanitaires et éducatives. En 2017, à travers les villages de Tansablogo, Moincé et Pikioko, la commune rurale de Koubri a bénéficié d’une réalisation d’adduction d’eau multi-villages (images : château d’eau, collège, CSPS, école primaire de Tansablogo). Certains de ceux qui ont peur aujourd’hui sont les fondateurs de ces villages qui étaient une brousse appartenant coutumièrement aux propriétaires terriens de Koubri. Ils ne comprennent pas les raisons qui justifient l’initiative portée par les descendants de leurs bienfaiteurs.

Le maire de la commune rurale de Koubri et le haut-commissaire du Kadiogo seraient informés des rumeurs de lotissement à l’initiative des propriétaires terriens.
Si la peur est réelle, il est difficile de croire que dans le Burkina Faso d’aujourd’hui, une telle entreprise d’aménagement soit portée par des propriétaires terriens sans l’aval de la mairie et des structures déconcentrées de l’Etat, notamment la préfecture et le haut-commissariat.

L’auteur de ces lignes a tenté de rassurer certains habitants en leur faisant savoir qu’à la périphérie de Ouagadougou, une telle entreprise ne pourrait se faire sans l’autorisation ou même sans l’implication de la mairie. Si cela se produit, il faut craindre que tout le Burkina devienne la propriété privée de quelques privilégiés. Dans un pays qui se soucie de sa cohésion sociale et de son vivre-ensemble, espérons que cette initiative n’est qu’une pure rumeur. Même si, en tant que rumeur, elle est un mauvais jeu et même jeu capable de heurter la cohésion sociale.

Ces lignes ont pour but d’alerter les autorités de la commune et de la province concernées mais aussi toute l’opinion nationale afin que des démarches soient prises pour rassurer les populations de Tansablogo, Moincé, Pikioko et Kankanghin sur le fait que l’initiative de lotissement de leurs champs au profit du chef de Koubri est une fausse rumeur.

Peut-on oser, dans une situation aussi fragile que celle du Burkina Faso, tolérer une telle entreprise porteuse d’injustice ?
Les gouvernants peuvent-ils restés sourds à cette inquiétude des populations des villages de Tansablogo, Moincé, Pikioko et Kankanghin ?

Cette note a pour but d’interpeller et d’inviter toutes celles et tous ceux qui peuvent aider les communautés concernées à retrouver la quiétude de s’engager. Le conseiller municipal originaire de Koubri pourrait porter le plaidoyer des habitants auprès de ses parents propriétaires terriens afin de taire une telle initiative porteuse de conflit communautaire. Tous les regards sont portés sur lui. En tant que membre du conseil municipal, il devrait représenter les populations de Tansablogo préoccupées par la situation. Nous espérons qu’il assumera sa part de responsabilité aux côtés du maire et des autres pour que les quatre villages retrouvent la quiétude.

Runi Wumyan (zunoogo@yahoo.fr)

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Vos commentaires

  • Le 1er mai 2019 à 22:34, par La vérité En réponse à : Koubri : Un risque de conflit foncier

    Il faut vite apporter la bonne information. Si c’est avéré, il faut stopper ce projet. Nous ne voulons plus d’autres crises. On en a déjà assez pour en rajouter.

  • Le 2 mai 2019 à 08:19, par TANGA En réponse à : Koubri : Un risque de conflit foncier

    Il faut voir si ce n’est pas le mal-type national qui est derrière tout ça pour construire des maisons en location vente.
    Après s’être fait donné des sous en côte d’ivoire avec la bénédiction de sa ’’maman choco’’ ex belle mère et mentor, il est capable de revenir faire ça.

  • Le 2 mai 2019 à 09:14, par Moktar En réponse à : Koubri : Un risque de conflit foncier

    Jusque là ce sont les Peuls qu’on faisait déguerpir, qu’on spoliait. Maintenant...
    Dans un état en faillite, depuis longtemps déjà, ce genre de situation arrive nécessairement. Fruit de la malgouvernance.

    • Le 2 mai 2019 à 19:29, par Sidpassata-Veritas En réponse à : Koubri : Un risque de conflit foncier

      Hey Moktar , arrête ton histoire d’ethnie là. On parle de terre et personne n’a parler d’ethnie mais de droit de propriété. Pourquoi tu viens parler de peul ici ? Tu veux seulement jeter de l’huile sur le feu, mais sache qu’au Burkina, le problème d’un burkinabè est celui de tous les burkinabè et non de celle de son ethnie.
      Si vous passer le temps à regarder votre moindre souci et même les soucis des autres sous le prisme ethnique dans un esprit de victimisation, vous serai toujours malheureux de croire que les problèmes n’existent que pour votre ethnie. Changer votre regard et ça ira mieux dans votre tête et vous pourrez aider à construire notre patrie au lieu de vous prendre tout le temps pour une victime d’une exclusion qui n’existe que dans votre esprit.

  • Le 2 mai 2019 à 10:21, par Regards croisés En réponse à : Koubri : Un risque de conflit foncier

    Pour mieux saisir les préoccupations soulevées dans tous les aspects, il serait intéressant d’avoir le point de vue du camp du chef et celui du maire. Il serait aussi utile de savoir si le préfet est informé de la situation et quelles sont les dispositions de l’administration en la matière. Il faut les points de vue de tous les acteurs afin d’aider les populations à vivre ensemble.

  • Le 2 mai 2019 à 16:52, par Kidrh En réponse à : Koubri : Un risque de conflit foncier

    A quoi donc sert la loi sur la réforme agraire et foncière ?
    Il est temps de concevoir les lotissements qui prennent en compte les besoins d’habitation mais aussi ceux d’exercice des activités de production’ des populations concernés. En l’occurrence place doit faite pour la production agricole. Cela implique ce qu’ailleurs on a appelé remembrement : on regroupe les habitations et on rédistribue les terre s au prorata de ce que possédait chacun avant en superficie.

  • Le 2 mai 2019 à 17:50, par Abdoul coul En réponse à : Koubri : Un risque de conflit foncier

    Dommage bien dommage pour ce beau pays .remettons tout à plat vivons ensemble pour le meilleur de tous ,j’ai les larmes au yeux rappelez vous autre fois ;mossi samo,bissa gourounssi,bobo peul, etc etc SVP pays des hommes intègres bref

  • Le 3 mai 2019 à 08:28, par TRAORE En réponse à : Koubri : Un risque de conflit foncier

    Mokhtar, tant que vous ne changez pas de comportements mesquin, vous resterez toujours dans la même chanson " mal-gouvernance " jusqu’à la fin de votre vie. Chacun est responsable de ce qu’il fait. Voilà que tu es en train d’évoquer un problème ethnique alors qu’ici, c’est le problème terrien. N’est-ce pas vous autres qui êtes en train d’attiser le feu par vos critiques néfastes ? Chacun sera responsable devant l’histoire, et comme on le dit souvent, la parole est une semence. Elle va et revient avec des récoltes. Chacun récoltera ce qu’il a semé.

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