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8-Mars : A la rencontre des ramasseuses de sable de Yagma

Publié le jeudi 7 mars 2019 à 20h00min

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8-Mars : A la rencontre des ramasseuses de sable de Yagma

Le 8 mars de chaque année, le monde célèbre la Journée internationale de la femme. A cette occasion, nous avons décidé de braquer les projecteurs sur les activités de certaines femmes de la capitale burkinabè résidant dans les quartiers périphériques. Une de nos équipes est allée à la rencontre de quelques-unes de ces femmes. C’était dans le quartier Yagma, dans sa zone périphérique communément appelée « non-lotie », située à la sortie Nord, dans l’arrondissement N°9 de la ville de Ouagadougou. Elles parlent de leur activité et donnent leur compréhension du 8-Mars.

Salmata Ouédraogo et Andé Kaboré sont toutes les deux résidentes du quartier Yagma. Elles font partie de ces femmes qui raclent le sol pour se faire de l’argent. La première, Salmata Ouédraogo, la cinquantaine bien sonnée, ramasse du sable quotidiennement qu’elle vend à 2 500 F CFA le chargement du tricycle.

Selon elle, « de nos jours, les hommes et les femmes s’équivalent mais les femmes n’ont pas les moyens (…) ». Mère de neuf enfants, Salmata Ouédraogo dit exercer cette activité depuis environ une dizaine d’années pour subvenir à ses besoins. « Etant donné que nous voulons manger, on n’a pas d’autre choix que de collecter le sable et le gravillon. Je ramasse le sable parce que je n’ai pas une autre activité », confie-t-elle. Cultivant le champ familial pendant l’hivernage, elle retourne à son activité après la saison des pluies.

La besogne n’est pas récompensée tous les jours. En effet, il faut passer toute la journée à balayer et souvent le stock ne fait pas le plein du chargement. Exposée à la poussière et au soleil, cette dame n’utilise aucun moyen de protection. Conséquence, « nos cordes vocales sont obstruées lorsque nous sommes enrhumées », dit-elle.

A l’orée de la célébration de la Journée internationale de la femme, Salmata Ouédraogo donne son appréciation : « Nous qui sommes pauvres, qu’est-ce qu’on pourrait bien penser du 8-Mars ? (…) Confectionner des tenues et les porter à l’occasion, c’est du folklore. Nous devons nous retrouver pour (…) prendre des initiatives de développement. »

Dame Salmata est convaincue que les femmes peuvent s’en sortir si elles sont soutenues. « Les femmes ont besoin de soutien et d’aide. Si elles reçoivent du soutien, elles pourraient s’en sortir », dit-elle, avant de conclure : « Nous prions pour qu’il y ait toujours la paix dans nos contrées. Sans cela, nous ne pourrons plus venir ramasser du sable. »

Andé kaboré tamise pour recueillir le gravillon

« C’est Dieu qui nous protège »
A la suite de Salmata Ouédraogo, nous avons rencontré Andé Kaboré. Jeune mère de deux enfants, elle creuse la terre qu’elle tamise pour obtenir du gravillon. Cela, depuis deux ans. Le chargement du tricycle est vendu à 2 000 F CFA. Une somme qui lui permet de contribuer aux dépenses de son ménage. Comme presque toutes les autres femmes qui travaillent sur le site, Andé Kaboré n’utilise pas de moyen de protection. « C’est Dieu qui nous protège dans ce travail. Nous nous inquiétons surtout pour nos enfants qui nous suivent ici, compte tenu de la poussière », confie-t-elle.

Pour obtenir régulièrement du gravillon, cette travailleuse creuse sur différents sites. A l’en croire, les forces de l’ordre débarquent souvent et détruisent les grillages qu’elles utilisent comme tamis. Il arrive aussi que la police retire les tricycles des conducteurs qui viennent acheter leurs stocks de gravillon. Les femmes qui travaillent ici n’ignorent pas que leur activité est interdite. « Nous comprenons ce qu’ils disent mais on n’a pas d’autre choix », a-t-elle soupiré.

Andé Kaboré compte célébrer le 8-Mars. Il s’agira pour elle de se retrouver avec ses camarades pour des réjouissances. A l’occasion, elles parleront de leurs difficultés et échangeront des idées.

Toutefois, elle propose qu’à l’occasion de la Journée de la femme, les premières concernées exposent leurs visions et leurs projets pour, en retour, recevoir le soutien des dirigeants pour la mise en œuvre.

Mariam Ouédraogo (Stagiaire)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 mars 2019 à 14:28, par HUG En réponse à : 8-Mars : A la rencontre des ramasseuses de sable de Yagma

    Merci pour ce reportage. Tous ce que ces femmes souhaitent c’est l’amélioration de leurs conditions de vie. Mais hélas, le 8 mars se suivent et se ressemble : festin, danse et autres. Dommage

  • Le 8 mars 2019 à 00:19, par Le Capitaine En réponse à : 8-Mars : A la rencontre des ramasseuses de sable de Yagma

    Merci de mettre en lumière cette partie des femmes qui sont démunies. Dans les pays qui ont lutté pour le droit des femmes à l’origine, le 08 mars n’est plus un jour férié, ni de réjouissance pour la plupart. A nous de savoir tirer leçons et soutenir nos femmes pour un meilleur développement de notre pays. Vive la femme !

  • Le 8 mars 2019 à 07:52, par dommage En réponse à : 8-Mars : A la rencontre des ramasseuses de sable de Yagma

    Le 08 mars est une journée internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes.
    C’est regrettable de voir que cette journée est plus un cadre de réjouissance, de djandjoba, de fête en différée partout ailleurs au lieu de s’asseoir et réfléchir ensemble aux moyens innovants permettant de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation.
    Merci à ses braves dames.
    Elles ont raison de souligner le fait que les femmes doivent plus aborder des thématiques pouvant contribuer à leur épanouissement, à l’amélioration de leur condition de vie et à leur droit en milieu professionnel ou informel.
    Le ministère en charge des femmes doit revoir sa stratégie et mieux penser pour cette jounee.

    Penser utile chères femmes.

  • Le 8 mars 2019 à 08:09, par Mohamed En réponse à : 8-Mars : A la rencontre des ramasseuses de sable de Yagma

    Avant toute chose, je félicite sincèrement le journaliste pour ce reportage qui est en déphasage avec nos tristes habitudes. Auparavant, on a l’impression que la journée du 8 mars est une journée non pour la femme mais plutot pour celles qui se disent civilisées, pour celles qui prétendent aux sphères de décision. C’est d’ailleurs ce qui fait que nous sommes servis de ceremonies festives avec en filigrane une intention mercantile qui consiste à ecouler des tonnes de pagnes au profit de groupes de personnes déjà à l’abri du besoin minimum vital.
    Génération nouvelle et nouvelle génération de journalistes, nous voulons par exemple, decouvrir pour ne pas dire exposer, ces femmes qui croupissent dans la misère au quotidien. Il sagit notamment des pousseuses et vendeuses de barriques d’eau, des vendeuses de galettes, beignets,... au bord des rues poussiéreuses, de celles qui sont obligées de se faire la lessive de cour en cour juste pour avoir une ration alimentaire journalière.
    Bravo encore au journaliste

  • Le 8 mars 2019 à 08:15, par Le financier En réponse à : 8-Mars : A la rencontre des ramasseuses de sable de Yagma

    Hommage à ces femmes qui en plus de leurs obligations certes nobles mais difficules de mère, d’epouse, d’éducatrice, de menagère et dans certains cas de souffre douleur executent ces durs labeurs au prix de leur santé et de leur vie. Que Dieu benisse vos enfants, vous les portez aujourdhui, que demain ils puissent vous portez dans la dignité et la paix du coeur.
    On nous parle toujours de quota genre, quota qui ne profite qu’aux femmes de la ville, les femmes politiques, les femmes d’affaires, en un mot les soi-disantes civilisées. Alors que la vraie cible est ces femmes paysantes, ces femmes qui cassent des pierres, qui ramassent le sable et les cailloux, etc. En lieu et place de quota genre, des actions concrètes en faveur de ces femmes.

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