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Bassin de collecte des eaux de ruissellement : Une solution aux poches de sécheresse

Publié le samedi 15 septembre 2018 à 16h00min

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Bassin de collecte des eaux de ruissellement : Une solution aux poches de sécheresse

Le Burkina Faso est un pays sahélien. En saison pluvieuse, les cultures sont constamment confrontées à des poches de sécheresse. Pour faire face à ces aléas, des organisations de développement se sont engagées dans la recherche de solutions de résilience. Parmi les remèdes possibles, l’on a pensé à la technique du Bassin de collecte des eaux de ruissellement (BCER). Focus sur cette technologie agricole.

En mars, nous avons visité, à l’Association Formation Développement Ruralité (AFDR) de Ouahigouya, dans la région du Nord, les cultures hors-sol. C’est une technique qui permet d’utiliser l’eau, de manière rationnelle, pour produire efficacement. Pour cette saison des pluies, l’AFDR a mis en place une autre technologie agricole. C’est la construction des Bassins de collecte des eaux de ruissellement (BCER).

Selon Amidou Ouattara, directeur exécutif de l’association, cette technologie a été mise en place pour contrer les manques de pluies pendant les campagnes agricoles.

La région du Nord, tout comme bon nombre de zones dans notre pays, souffre souvent de poches de sécheresse pendant la campagne agricole. Cette technique consiste à construire un bassin à ciel ouvert. Lorsqu’il pleut, une partie de l’eau coule directement dans le bassin. Elle est ainsi stockée. Selon Yves Sawadogo, coordinateur de l’AFDR, lorsqu’il fait trois ou quatre jours sans pleuvoir, cette eau peut être utilisée pour irriguer le champ.

Mais la construction du bassin se fait en fonction des semis. Les semis doivent être en ligne, séparés par des voies d’eau. Avec une pompe à motricité humaine, l’eau est tirée, puis mise sur la première ligne. On prend le soin de bloquer l’eau avec de la boue. Stoppée, elle suit la ligne où il y a les pieds des plantes. Une fois que la première ligne est bien arrosée, on détruit la boue. On avance sur la 2e ligne avec le même scénario, ainsi de suite.

Cette technique est faite pour aider les populations. Des paysans l’ont déjà adoptée. Ousmane Sawadogo de la commune rurale de Tangaye, à 17 kilomètres de Ouahigouya, l’apprécie positivement. Il cultive du mil, du maïs et du haricot. Dans les années antérieures, il a subi des pertes dues à l’absence de pluies à des moments cruciaux de la vie des plantes.
Il raconte : « Au moment où le haricot commence à donner des fleurs, ou quand il commence à avoir ses tout petits fruits, en cas de manque de pluies, soit la fleur se fane ou bien le petit fruit reste tel et sèche. C’est pareil pour le mil quand il est à l’étape de l’épiaison. C’est le cas aussi pour le maïs à l’étape de la fécondation ». Mais cette année, il veille au grain grâce son bassin.

Avec le soutien de l’AFDR, il a pu construire son BCER. De forme trapézoïdale (8,5m/12), avec 2,30m de profondeur, son ouvrage a une capacité de stockage de plus de 200 m³ d’eau. Il lui permet de sécuriser une surface 0,25 hectares. Avant que la technique ne soit vulgarisée dans les villages, l’AFDR a tenu à l’expérimenter dans son centre de formation.
Elle a été utilisée pour produire du maïs. « Ça a été une grande réussite », nous a confié Amidou Ouattara. La technologie est déjà présente dans plusieurs localités dont le Passoré, le Zondoma, le Sanguié, le Nayala et le Bam. Le BCER est d’une grande importance mais sa construction nécessite de l’investissement. Il faut du ciment et des outils de creusage. Le gouvernement gagnerait à développer cette technologie en accompagnant les paysans avec des moyens.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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