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Laurent Gbagbo à la 7e session de la CEN-SAD : Après la pluie...

Publié le jeudi 2 juin 2005 à 07h51min

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L. Gbagbo et le Premier ministre Yonli

La 7e session de la CEN-SAD aura été marquée par un événement diplomatique et politique de portée majeure : la venue à Ouagadougou du président ivoirien, Laurent K. Gbagbo qui consacre, s’il en était encore besoin, l’utilité de la CEN-SAD dans le processus d’intégration du continent.

Longtemps annoncée et souhaitée par les deux parties, la venue du président ivoirien, Laurent Gbagbo à Ouagadougou avait fini par ressembler à un serpent de mer. Une impression qui s’était confirmée depuis la rencontre Compaoré-Gbagbo à Bobo-Dioulasso en novembre 2003, alors que la crise ivoirienne avait atteint sa vitesse de croisière.

"Gbagbo ne viendra pas à Ouagadougou", avait-on coutume d’entendre dans les rues de la capitale burkinabè, "parce qu’il craint la colère des Ouagalais, outrés de voir leurs frères et sœurs tués en Côte d’Ivoire et leurs autorités injustement accusées d’être à l’origine de la guerre civile en Côte d’Ivoire". Une assertion qui n’était pas dénuée de tout fondement, mais qui occultait un tant soit peu le sens de l’hospitalité et de la retenue légendaire des Burkinabè et les impératifs de la realpolitik qui condamnent les deux pays liés par la géographie et l’histoire à vivre sinon en symbiose du moins en parfaite harmonie.

Comme dirait l’autre, les griefs et les malentendus étaient lourds de part et d’autre, mais ils ne constituaient pas des obstacles insurmontables entre les deux peuples à travers leurs chefs d’Etat. La venue à Ouagadougou de Laurent Gbagbo vient le confirmer et appelle en même temps, une triple lecture. Cette visite traduit d’abord la volonté réelle du président ivoirien de sortir de la crise qui déchire son pays depuis trois ans.

Avec la venue du président ivoirien, Laurent Gbagbo (2e à partir de la gauche) à Ouagadougou, les nuages se dissipent entre les deux pays.

Gbagbo qui avait déjà montré de bonnes dispositions d’esprit à la rencontre de Pretoria en avril dernier avec l’opposition ivoirienne dans toutes ses composantes, prouve ainsi qu’il n’a plus d’a priori par rapport à l’une quelconque de ses composantes.

Les Forces nouvelles qui avaient été perçues comme une "cinquième colonne" manipulées de l’extérieur, pourront dès lors être traitées comme toutes les autres forces politiques du pays et avoir voix au chapitre dans la résolution de la crise ivoirienne du Sud et du Nord, même combat donc, à savoir la lutte contre le sous-développement et la résorption du déficit démocratique qui avait entraîné tout ce "ramdam".

S’il n’y a plus de "parrains de l’ombre" pour les rebelles, c’est qu’il n’y a conséquemment plus de nuages entre Ouagadougou et Abidjan. C’est là la deuxième dimension d’une visite qui doit consacrer la normalisation dans les relations ivoiro-burkinabè. Car, derrière "les voisins du Nord" étiquetés comme les fauteurs de troubles se cachaient le Burkina Faso et le Mali. Et Ouagadougou tout en affirmant qu’il était prêt à apporter la riposte appropriée au "feu du ciel" promis à ces voisins du Nord, n’avait eu de cesse de clamer sa bonne foi.

Bien sûr, certains dirigeants des "rebelles" avaient leurs quartiers à Ouagadougou avant le 19 septembre 2002, mais ce fait, loin d’être belliciste, traduisait surtout l’attachement de nos autorités aux vertus séculaires d’hospitalité et d’assistance à personnes en danger propres aux Africains. Espace démocratique et républicain ouvert, le Burkina Faso ne pouvait se dérober à ce devoir de secours et d’assistance à des personnes en déshérence devoir du reste consigné dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 et dans les textes fondateurs de l’UA.

Gbagbo et Compaoré ont donc l’occasion de lever tous les quiproquos, ce qui nous permet de déboucher sur la troisième lecture de cette venue du premier à Ouagadougou, à savoir la force et la nécessité de la CEN-SAD. Nous l’avons dit, il y a eu de nombreux faux bonds entre les deux hommes jusqu’à ce premier juin, date d’ouverture de la 7e session de la Communauté. C’est dire comme l’a indiqué Blaise Compaoré dans son discours, que cette communauté veut réellement "unir les peuples riverains du Sahel et du Sahara, pour créer une véritable structure d’avant-garde de l’intégration africaine, basée sur une réelle solidarité agissante". Une communauté dynamique et qui est devenue un "booster" de l’UA, un aiguillon pour lui permettre d’aller de l’avant.

Et, si la crise ivoirienne était définitivement "enterrée" à Ouagadougou, cela prouvera le rôle de stimulant de la CEN-SAD pour rendre les organisations régionales plus efficaces et efficientes. En résumé, la rencontre de Ouagadougou aura été un succès, rien que du fait de la présence de Gbagbo à Ouagadougou.

Les résolutions et recommandations pertinentes qui seront prises pour la paix et le développement du continent, la transformeront certainement en apothéose.

Boubakar SY
Sidwaya

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