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Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

Publié le lundi 31 octobre 2016 à 18h38min

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Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

Informaticien burkinabè résidant en France, Sidi Mohamed Ahemine Sidibé estimait, dès février 2014 dans une tribune publiée sur notre site, que l’alternance était inéluctable maintenant. La suite des événements ne lui a pas donné tort. Deux ans après l’insurrection populaire, il constate que si l’État avait démissionné dans bien des secteurs sous Blaise Compaoré, « les nouveaux venus ne semblent pas en prendre la réelle mesure ».

Deux ans après, que pensez-vous de l’insurrection populaire ?

De l’insurrection populaire, deux ans après je ne peux en penser que ce que j’en pensais déjà au moment même de sa genèse, à savoir sa stricte nécessité. S’insurger parce que l’on est profondément attaché à une valeur humaine que l’on voit en train d’être bafouée devrait être inscrit dans l’ADN de tous les peuples du monde si nous voulons sauver notre humanité. Une insurrection n’est rien d’autre qu’une indignation collective contre un pouvoir inique. Et le nôtre, enfin celui de Compaoré l’était. Comme je l’ai déjà dit dans vos colonnes, cette polémique autour de l’article 37 n’était que le creuset de tous les mécontentements, de toutes les frustrations et de toutes les révoltes engendrés par l’injustice causée par les abus et les détournements du pouvoir à des fins personnelles. Nous avons attendu 27 années durant avant de la déclencher, mais comme on dit souvent : mieux vaut tard que jamais.

Par contre ce que nous ne devrons jamais perdre de vue, c’est ce caractère particulier de cette insurrection car portée par la jeunesse qui est la composante la plus large de notre Nation. Cela montre que l’ordre déchu n’avait pas su investir dans cette jeunesse et s’il l’a fait ce fut de façon perfide. Cette responsabilité nous incombe désormais car une Nation qui n’investit pas dans sa jeunesse ne peut absolument s’inscrire ni dans un progrès ni dans une stabilité durable.

L’insurrection a-t-elle tenu ses promesses ?

Je suppose que vous voulez parler des espoirs que cet évènement a suscités. Sinon cela n’a pas grande signification. Il est vrai que nous sommes sortis de ces journées glorieuses, insurrectionnelles avec beaucoup d’espoirs et une espérance nouvelle à bâtir une Nation débarrassée de tous ces maux qui engendraient injustice, inégalité, impunité, corruption et bien d’autres pour lesquels des devanciers comme Norbert Zongo étaient prêts à mourir. D’ailleurs cela s’est très vite traduit dans le slogan « plus rien ne sera comme avant » tant le pays en regorgeait. Mais il faut reconnaitre que le pays semble actuellement plonger dans une léthargie en même temps que cette espérance se dissipe petit à petit. Et un peuple sans espérance est comme un peuple sans horizon où la moindre contradiction sociale peut entraîner de vraies fractures. Il est difficile et même dangereux de tenter d’établir ici une liste exhaustive des attentes de nos populations.

Par contre la justice tant réclamée semble être remise aux calendes grecques. Or elle est la première condition pour que nous retrouvions une Nation Unitaire. Ce ne sont pas les récompenses personnelles, individuelles, honorifiques ou matérielles qui apaiseront certains cœurs durablement, mais une vraie justice.

Le quidam lambda qui se tue dans des tâches roturières n’a pas l’once d’une amélioration de ces conditions, ni le paysan à qui l’on a récemment fait des promesses de campagne après l’insurrection. Pour beaucoup de Burkinabè, les conditions de vie semblent se dégrader de jour en jour car notre économie souffre pour plusieurs raisons que cette interview ne laisse pas le temps d’égrener.

Il est donc normal que le pays gronde, même si je concède que deux années ne sont pas forcément suffisantes. Oui on nous dit que des grands chantiers sont en amorçage. Si tel était le cas alors je dirai que le gouvernement manque beaucoup de pédagogie. Car un peuple est toujours enclin à consentir des sacrifices lorsqu’il est conscient des fruits futurs. Il faut alors le lui expliquer de façon convaincante.

Par ailleurs est-ce que les privilèges ont disparu ? Je dirai non. Il y a toujours les nantis repus et les indigents qui pensent être toujours oubliés. Cette semaine, j’étais dans une école primaire à Colma dans la région de BAMA où j’ai demandé aux élèves ce qu’ils souhaitaient que je leur apporte. Ils m’ont demandé de l’eau. Pendant qu’ailleurs d’autres demanderaient des jouets. On ne peut qu’en être saisi. Voici pourquoi les Burkinabè ont le sentiment que rien ne se passe. L’État avait démissionné dans bien des secteurs sous Blaise Compaoré et les nouveaux venus ne semblent pas en prendre la réelle mesure.

Que pensez-vous du Burkina post insurrection deux ans ?

Notre élan insurrectionnel était nimbé d’un profond désir de changement ou même de réformation car auréolé des vertus que nous avons connues sous la révolution du Capitaine Thomas Sankara. Mais il faut admettre que nos praxis ne se sont pas inscrites dans les sillons d’une transformation profonde et de sacrifice qu’appelle une telle situation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons tous très vite accepté le terme « insurrection » au lieu de « révolution ».

Notre constitution pour lequel nous avons payé un aussi lourd tribut devrait être la seule boussole qui nous guide et placée comme il se doit au faîte de la hiérarchie des règles qui régissent notre contrat social. Or par souci de satisfaction de nécessités immédiates ou de maintien d’éphémère paix sociale, nous sommes en train d’accepter même une milice d’auto-défense avec son Droit. Certes nous sommes confrontés à une grave situation sécuritaire sur fond de terrorisme, mais qui somme toute est la conséquence d’une déficience de l’État dans ses fonctions régaliennes. En effet l’État s’engage à assurer la sécurité des biens et des personnes. C’est ainsi que le préambule de notre constitution traduit notre engagement et notre volonté d’édifier un État de droit garantissant l’exercice des droits collectifs et individuels, la liberté, la dignité, la sûreté, le bien-être, le développement, l’égalité et la justice comme valeurs fondamentales d’une société pluraliste de progrès et débarrassée de tout préjugé. De même que son article 3 stipule que nul ne peut être arrêté, gardé, déporté ou exilé qu’en vertu de la loi.
Il y a donc sans conteste une contradiction avec ce qui se passe en ce moment.
Aussi un signal fort aurait pu être donné par la seule sanctuarisation de l’article 37, au lieu d’une nouvelle constituante dont les résultats semblent lointains sans aucune sûreté d’acceptation.

Nous étions clivés avant l’insurrection en deux camps et nous sommes encore divisés parce que nous peinons à dégager de nos idées une vision de société qui nous fédère en dehors de cette croyance fétichiste de l’insurrection. Je m’explique : l’insurrection semble avoir imposé en nous de façon inconsciente ou non, un camp de pensée, de vérité, de critique qui n’est autre chose qu’une nouvelle forme de clanisme que nous dénoncions. Vous voyez, même vous, vous ne donnez la parole qu’à ceux que vous croyez avoir été légitimés par leur participation chez les vainqueurs, pour réfléchir sur les deux ans que nous venons de traverser…

Si c’était à refaire ?

Si c’était à refaire alors on le referait sans aucune inflexion. Mais cela implique que nous serions dans les conditions de déni des droits fondamentaux et de démocratie qui l’on engendrée. Mon souhait le plus ardent est que cette insurrection participe de la transformation la plus efficace de notre conscience collective aussi bien politique que citoyenne pour que nous ne connaissions plus pareille césure. Et c’est avec déférence que je réitère mes hommages à tous ceux qui sont tombés car l’histoire de notre pays est en train de s’écrire avec une plume trempée dans leur sang intarissable que nous nous devons d’honorer à jamais.

Propos recueillis par C. PARE
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 novembre 2016 à 01:02, par Abdramane En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    Cette homme est un bon analyste.
    Après l’insurrection, il y’a des attentes surtout sur le plan "social" et la "Justice".
    Deux choses que semble bafouer les nouveaux (anciens) venus !
    si la vie chère s’accentue et que la justice reste en l’état ou elle est, que les dirigeants actuels ne soient pas surpris d’une quelconque instabilité dans le pays.
    Les hommes ne mangent pas des cailloux et ne supporterons pas indéfiniment les FOUTAISES que la justice affairiste nous fait voir aujourd’hui !
    Il faut savoir ne pas laisser POURRIR les SITUATIONS.
    Merci.

  • Le 2 novembre 2016 à 07:57, par RAWA En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    Encore un parigo qui se croit intelligent. Rentrez participer à la constructionj nationale.

    • Le 2 novembre 2016 à 10:43, par Kantigui En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

      Le gars te dit qu’il était même à Bama la semaine passée et toi tu penses qu’il parle de son balcon à Paris. Tu as au moins lu quelque chose comme ça depuis ?

    • Le 2 novembre 2016 à 13:41, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

      - RAWA, tu es jaloux des compatriotes qui ont pu sortir pour aller en Europe, aux USA ou en Chine ou quoi ? Eh bien, espèce de jaloux ! Sache que n’importe quel quidam comme toi ne peux pas se lever un beau matin et ramasser ses haillons pour aller dans ces pays. Toi tu es assis au village là-bas et tu parles mal aux gens qui sont dehors et qui honorent notre pays par leur comportement exemplaire dans leurs pays hôtes. Moi Yamyélé j’ai vécu dans 3 pays les plus respectés de ce monde et mon expérience m’enseigne que le blanc respecte les autres nationalités (surtout africaines) pour 2 choses qui sont :

      1/- Leur intelligence particulière,
      2/- Le volume et l’ampleur de leurs poches (C’est-à-dire riches)

      Une 3ème pourrait être le volume et l’efficacité du ’’Bakary’’.

      Or on dirait que toi tu ne possède rien de tout ceci. Donc tu restes ici avec nous à gémir à longueur de journée.

      Par Kôrô Yamyélé

  • Le 2 novembre 2016 à 09:17, par KEISHA En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    « …….cette polémique autour de l’article 37 n’était que le creuset de tous les mécontentements, de toutes les frustrations et de toutes les révoltes engendrés par l’injustice causée par les abus et les détournements du pouvoir à des fins personnelles. Nous avons attendu 27 années durant avant de la déclencher, mais comme on dit souvent : mieux vaut tard que jamais  ».C’est ça qui est la vérité. Que des individus ou groupes de 3 s’auto approprient cette insurrection est une aberration. Les mêmes causes produisant les mêmes effets la prochaine n’est loin………
    « Nous sommes sortis de ces journées glorieuses, insurrectionnelles avec beaucoup d’espoirs et une espérance nouvelle à bâtir une Nation débarrassée de tous ces maux qui engendraient injustice, inégalité, impunité, corruption et bien d’autres pour lesquels des devanciers comme Norbert Zongo étaient prêts à mourir. D’ailleurs cela s’est très vite traduit dans le slogan « plus rien ne sera comme avant » tant le pays en regorgeait. Mais il faut reconnaitre que le pays semble actuellement plonger dans une léthargie en même temps que cette espérance se dissipe petit à petit. Et un peuple sans espérance est comme un peuple sans horizon où la moindre contradiction sociale peut entraîner de vraies fractures » JAH GLORY.

  • Le 2 novembre 2016 à 09:18, par pour une insurecetion judiciaire préparons nous En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    Anlyse cohérente, cependant je pense qu’il est plus que crucial d’apporter des éclairages sur le point particulier de la justice. Personnellement sans être du MPP ni d’une quelconque mouvance, il faut que nous restons cohérent. Nous avons demandé sinon exigé la séparation des pouvoirs principalement entre l’executif et le judiciaire. On a donné une independance à une justice remplie de pourriture, qu’est ce que vous pouvez attendre d’une telle justice. Cette Justice est à la solde de l’ancien regime et elle n’a pas intérêt à ce que les choses évoluent.

    Je pense que nous devons decrier comme Dame Lopez la justice et surtout se preparer à une insurection judiciaire car je rappelle au plus sceptique que pour l’insurection sur l’executif nous avons largement prouver nos compétences, et nous le referons si cela s’avère nécessaire. Nous ne pouvons pas demander la separation de pouvoir et en même demander à ce que l’executif intervienne dans les actions du Judiciaire.

    Nos juges sont pour la grande majorité corrompus fort heureusement il reste des juges dignes qui ont besoin de notre aide pour lutter contre cette horde de malhonnêtes dont la justice regorge.

  • Le 2 novembre 2016 à 10:30, par ce que je pense En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    Au pays mon beau peuple ;
    Ecoutes à présent ce grand bruit qui vient du silence de nos cimetière.
    Est ce pour cela que la fauche si précocement est entrée dans notre vie pour nous arracher des âmes si pleines de vie ?
    le sacrifice en valait-il la peine ?
    Dis moi oh toi qui a réponse à toutes les questions, est ce destin que tu nous réservais ?
    Paix sociale compromis dans lequel tu nous plonge ;
    Démocratie farce dans la quelle nous baignons ;
    Est ce dont toi la solution ?
    Ainsi donc avons-nous fait tout cela pour CA ?
    Mon pays m’attriste et m’inquiète.
    Valeureux combattants de la liberté, sachiez que votre sacrifice ne sera pas vain et que le peuple insurgé du Burkina que vous avez quittés fera tout pour que survive les idéaux pour lesquels de votre vie vous avez payé.
    R.I.P.

  • Le 2 novembre 2016 à 10:39, par Kantigui En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    Merci de cette analyse de grande facture. Soyez béni mon frère.

  • Le 2 novembre 2016 à 11:00, par warzat En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    Le seul acte qui profite à une partie du peuple réel de ce gouvernement concerne les soins de santé gratuits pour les enfants. Pour le reste, il est occupé à augmenter les salaires du service public et se rendra compte en fin d’année que beaucoup de PME, pourvoyeurs des impôts ont mis la clé sous le paillasson. Il est vrai que le gouvernement actuel a hérité des 27 ans du régime de Jubal, mais la transition en est la première héritière et semble pour le moment avoir mieux travaillé pour le même laps de temps. Pourtant il leur a été clairement dit qu’il n’obtiendra pas de bons résultats sans changer d’approche à l’hémicycle. Certains ont vu juste en ce temps en leur disant qu’il voulait faire du Jubal sans Jubal ou de copie par rapport à l’original. Il y a donc de quoi commencer à s’impatienter.

  • Le 2 novembre 2016 à 11:02, par Pascal En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    J aimerais entrer en contact avec ce monsieur qui vit en France.j aime bien ses interventions. Je l apprecie bcp. Je suis franco burkinzbe Résident en France côté Toulouse .merci d avance de me mettre en lien avec lui.

  • Le 2 novembre 2016 à 12:04, par Nantasa En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    Monsieur Sidibé, vos analyses sont toujours d’une grande finesse et nous savons bien que ce n’est pas depuis Paris que vous portez un regard aiguisé mais bien parce que vous oeuvrez régulièrement dans ce beau pays auprès de ceux qui en ont le plus besoin.
    Merci pour tout ce que vous entreprenez et écrivez.

  • Le 2 novembre 2016 à 18:22, par Lili En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    C’est facile de critiquer quand on est à l’étranger.
    Si tu connais la recette miracle pour faire bouger les choses , rentre au pays et apporte ta pierre à l’édifice

  • Le 2 novembre 2016 à 20:07, par MAXWELL En réponse à : Sidi M. A. SIDIBE : « Le pays semble plonger dans une léthargie en même temps que l’espérance se dissipe petit à petit »

    Pour l’amour de Dieu, arrêtez vos critiques alarmistes sans fondements réels. L’expression le pays va mal est devenu un réel fond de commerce pour certaines personnes dans ce pays. Il n’y a qu’à voir leur apparence physique et vestimentaire pour savoir que si ça ne va pas dans le pays comme ils veulent le faire croire, chez eux en tout cas ça va très bien. Nous avons donné notre confiance, à une personne sur la base du programme qui nous a été proposé et qu’il est en train de dérouler malgré toutes les difficultés qui existent. Pourquoi voulez vous qu’à 9 mois du début du mandat il soit à un taux d’exécution de 70% ????. Ce sont les mêmes qui trouveront encore qu’ils sont allés trop vite en besogne sans aucune préparation. Que ceux qui de manière tendancieuse trouve que rien ne va nous donne des exemples chiffrés pour nous permettre d’apprécier la situation. Qu’ils nous donnent de manière très objective les indicateurs qui leur permettre d’affirmer que rien ne va au Burkina.A en croire que nous serions un jour à 150% de taux de réalisation que certains personnes continuerons à crier que le pays va mal. Ceux qui disent qu’ils ne voient pas d’actions fortes, nous disent ceux qu’ils considèrent comme action forte ? Moi je vois au contraire le lancement de la gratuité des soins, la corvée zéro pour l’eau potable, le lancement des travaux routiers, le recrutement des jeunes dans la santé et l’enseignement...etc comme des actions contribuant au développement du pays. Nos autorités ont besoins de notre soutien et de nos propositions pour améliorer les choses. Il y en a qui vous font croire qu’ils auraient fait mieux, mais nous ne sommes pas dûpes. C’est justement cette arrogance et cette attitude de je sais tout que nous avons rejeté, en préférant, la tempérance, l’humilité et la modestie. A la faveur du vent de liberté qui existe actuellement, nous assistons aux critiques les plus acerbes et souvent très désobligeantes qui ne nous honorent pas. Autant le monde entier nous a admiré lors de l’insurrection et du coup d’état, autant nous risquons d’être la risée du monde entier qui ne comprend pas ce désordre et ce manque de discipline que certains veulent instaurer dans le pays. Ce même élan qui vous a permis de sortir victorieux pour la modification de l’article 37 et du coup d’état doit être reporté désormais sur les nouvelles autorités que nous avons nous même choisi. S’agissant de la justice, comment peut-on dire que rien ne bouge quant on sait que le dossier Sankara avait été clos pendant 30 ans sans que personne ne bronche. A mon humble avis, laissons la justice faire son travail que de leur mettre la pression pour venir par la suite dire que certains aspects de l’enquête ont été bâcles. La justice est consciente des enjeux que comportent tous ces dossiers en instance et nous sommes tous pour que justice soit rendu à nos martyrs, mais nous ne voulons pas d’une justice bâclée. Et croyez moi qu’avec toute cette pression qui frise même la vindicte populaire, si la justice prend son temps, c’est qu’il a des bonnes raisons. Il nous faut sortir de l’euphorie du plus rien ne sera comme avant pour regarder les réalités de notre pays en face. Debout comme un seul homme, soutenons nos dirigeants que nous avons nous même choisi. Que ceux qui vous font croire qu’ils ont les solutions miracles gardent leur prétentions pour 2020. Moi je ne dirai pas comme certains que le pays va mal. Je dirai plutôt que la relance de l’économie se met progressivement en place et que tout le monde doit nécessairement y contribuer. Que certains arrêtent de penser que l’échec du gouvernement Roch sera une victoire pour eux. Au contraire, plus Rock va leur passer un pays dans un état acceptable plus ils auront des chances de relever le défi. Nous voulons que nos autorités fassent l’impossible et fassent des exploits pour ce pays, alors soyons fiers d’eux et soutenons les jusqu’à la victoire finale.

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