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Entreprenariat des jeunes :« L’argent est d’un côté et les porteurs de projet de l’autre côté, Ça ne peut pas marcher », analyse Adama Kanazoé, Administrateur du Groupe HBDA

Publié le mercredi 27 avril 2016 à 00h22min

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Entreprenariat des jeunes :« L’argent est d’un côté et les porteurs de projet de l’autre côté, Ça ne peut pas marcher », analyse Adama Kanazoé, Administrateur du Groupe HBDA

Symbole d’une nouvelle génération d’entrepreneurs, fonceur et volontariste, Adama Kanazoé a l’entreprenariat dans les veines, dira-t-on, au regard de son parcours depuis l’Université de Ouagadougou où il fut promoteur de plusieurs initiatives. Titulaire d’un DESS en marketing et publicité,« Kanaz », comme l’appellent affectueusement ses proches, a entamé sa carrière professionnelle véritablement en 2004 avec l’opérateur de téléphonie mobile Telecel Faso avant d’être appelé par Moov Togo.

Après un bref séjour à Canal + Afrique, il va véritablement, à partir de 2013, s’installer à son propre compte par la création du Groupe dénommé Holding Business and Development in Africa (HBDA) doté de plusieurs entités exerçant dans les domaines de la logistique, de la communication et de la distribution des produits de télécoms. Au détour de sa conférence de presse ce lundi 25 avril, Adama Kanazoé a bien voulu ôter, à travers cet entretien, sa tunique politique pour le terrain de l’entreprenariat.

Lefaso.net : Commençons par cette question épineuse de « dette intérieure de l’Etat » qui semble aujourd’hui constituer une préoccupation majeure pour les entreprises. D’abord, en termes simples, que faut-il comprendre par « dette intérieure » et pourquoi s’impose-t-elle au rang des urgences dans le contexte actuel du Burkina ?

Adama Kanazoé : La « dette intérieure », ou dette interne ou encore dette domestique désigne l’ensemble des créances détenues par les agents économiques résidents d’un Etat souverain sur cet Etat. Elle se compose en général de trois types de créances que sont les créances sociales (salaire des fonctionnaires par exemple), les créances commerciales (fournisseurs de l’Etat) et les créances fiscales (crédits TVA par exemple). Ces agents économiques ou opérateurs économiques comme on dit chez nous sont des magnons essentiels de notre économie et si la dette intérieure, c’est à dire les créances de l’Etat vis-à-vis de ces derniers n’est pas résorbée, ils n’auront plus la capacité d’investir. Or, c’est l’investissement qui crée la richesse et qui entraîne la croissance économique. Par conséquent, c’est tout notre système économique qui est plombé et cela aura des répercussions évidentes sur la mobilisation des ressources au niveau de l’Etat. Et si l’Etat n’a pas les moyens de faire face aux besoins des populations, la grogne sociale va s’amplifier. C’est pour cela qu’il est important que l’Etat prenne des résolutions fortes pour résorber cette question de la« dette intérieure » et permettre à tous les opérateurs de pouvoir travailler pour faire tourner notre économie.

Lefaso.net : Sous la Transition, la question a soulevé des vagues de commentaires et certains entrepreneurs avaient espéré qu’elle soit une priorité des priorités pour permettre une relance de l’économie nationale. Mais jusque-là, les lignes semblent stagnées. Qu’est-ce qui peut expliquer cela et quelle peut-être la conduite à tenir dans l’urgence pour permettre à ce poumon économique de reprendre son dynamisme ?

AdamaKanazoé : Ce sont des mesures courageuses qu’il faut prendre parce que,c’est une question de ressources. Si vous me devez 10 mille francs et que vous ne me remboursez pas, j’imagine que c’est parce que vous n’avez pas les 10 mille francs ! Donc, si vous êtes un salarié avec 100 mille francs de salaire par mois qui couvre l’ensemble des charges de votre famille et que vous n’avez pas d’épargne dans les 100 mille francs, comment allez-vous réussir à me rembourser les 10 mille francs ? C’est très difficile ; puisque vous n’avez pas d’épargne ! Donc, l’Etat a aujourd’hui des difficultés parce que, ses ressourcesfinancières sont très limitées, de sorte qu’il n’arrive pas à respecter ses engagements vis-à-vis des opérateurs. C’est cela la situation aujourd’hui. Ce que nous disons simplement est qu’il va falloir, comme dans le cadre de la loi 081 (loi portant travailleurs de la Fonction publique, ndlr) et des mesures pour la gratuité des soins, décliner des politiques pour trouver des ressources au niveau de certaines poches du budget de l’Etat. Vous avez vu que pour ces mesures, l’Etat a pris un certain nombre de décisions dont celles de supprimer les lignes du budget national consacrées à l’acquisition de nouveaux véhicules. Ce sont ce genre de mesures courageuses qu’il faut prendre pour qu’on puisse justement avancer sur ces points. Il faut permettre à nos opérateurs économiques de relancer l’investissement privé afin de stimuler la croissance. C’est pour cela qu’il va falloir, en même temps qu’on règle les problèmes sociaux, penser absolument à régler les problèmes au niveau de la dette intérieure qui, elle, peut créer une croissance structurelle. Sans croissance de notre économie, il sera impossible de relever le niveau de vie des burkinabè car la réduction du train de vie de l’Etat ne saurait constituer une solution structurelle de développement..L’austérité a aussi ses limites parce qu’à un moment donné, le peuple ne peut pas accepter ce type de politique indéfiniment. Il faut plutôt financer notre l’économie. C’est pour cela que cette question du règlement de la dette intérieure est très importante. L’Etat doit, absolument, trouver des ressources et je pense que (je ne peux pas présager) l’emprunt obligataire qui a été récemment lancé au niveau de l’UEMOA pour mobiliser des capitaux devrait aller dans le sens de redémarrer l’économie parce que, le Premier, qui est lui-même spécialiste en matière de finances et d’économie, sait bien de quoi il s’agit ; tant qu’il n’arrivera pas à financer son économie, il aura du mal à faire rouler la machine.

Lefaso.net : Vous êtes entrepreneur depuis le campus…, comment se déroulent aujourd’hui vos activités ?

AdamaKanazoé : J’ai effectivement continué et aujourd’hui, je suis administrateur des sociétés. J’ai monté des affaires dans la sous-région et au Burkina, et on se débrouille. On est dans le domaine de l’entreprenariat qui, pour nous, est un domaine qui est fondamental parce que sans lui, il va être très difficile de résorber les questions comme celle du chômage. Nous l’avons dit, des solutions pour créer de l’emploi, on peut toujours les trouver mais la meilleure façon, c’est de créer des employeurs, des entrepreneurs et ce sont eux qui vont créer des emplois. Tant qu’on n’a pas un bassin d’employeurs qui est large, un nombre d’entrepreneurs importants, on aura toujours du mal à pouvoir insérer les demandeurs d’emplois. C’est pour cela que l’entreprenariat reste pour nous la pièce maîtresse. Tout le monde en est conscient aujourd’hui. Il y ades Fonds qui sont mis en place mais nous avons toujours critiqué une chose : les Fonds ont beaucoup de limites et c’est pour cela qu’il faut travailler à ce qu’on puisse mettre des garde-fouspour s’assurer que ces ressources qui vont être octroyées à des jeunes porteurs de projet vont être canalisées pour qu’à la fin, ces bénéficiaires deviennent de vrais chefs d’entreprise et apporter effectivement des solutions en terme de création d’emplois. Sinon, s’il s’agit de donner les Fonds à des jeunes et de les laisser à eux-mêmes, à la fin, on a des résultats qui sont très mitigés. Vous avez vu qu’une étude sur la gestion du Fonds FAIJ (Fonds d’appui aux initiatives des jeunes) a fait ressortir beaucoup de limites ; ce sont des limites qui sont réelles. Et si on continue dans ce sens, si on ne pense pas effectivement à inscrire ces jeunes dans des systèmes d’incubateur, les encadrer et leurpermettre de grandir et de gagner en maturité et qu’on les considère comme chefs d’entreprise dès le jour où on leur donne des millions, là on se trompe grandement et c’est la chronique d’un échec annoncé. Ça ne fait pas avancer notre pays ; ce sont des ressources qu’on gaspille et qui ne créent pas les richesses qu’on souhaite.

Lefaso.net : Mais ces Fonds nationaux, à ce qu’on dit, comportent en eux-mêmes un dispositif de suivi … !

Adama Kanazoé : Les Fonds existent déjà, les jeunes viennent avec les projets et les ressources leur sont octroyées. Mais une fois fait, il faut les encadrer. C’est maintenant qu’il faut aller vers une politique d’incubateurs d’entreprise ; ces politiques marchent bien dans nombre de pays notamment en Afrique de l’Est, en Europe. Vous avez à Paris par exemple, des incubateurs de plus de 1000 entreprises. Ce sont des politiques qui permettent d’avoir à la tête d’un incubateur, un manager confirmé et également un personnel administratif minimum (une comptabilité, un secrétariat) et les chefs d’entreprise sont logés dans ces incubateurs, pilotés, coachés par des managers confirmés qui leur expliquent ce qui s’est par exemple que l’orthodoxie financière, la gestion d’une entreprise, etc. Cela permet au jeune entrepreneur d’avoir, au bout d’une année, une entreprise plus solide parce que lui-même aura été formé à la gestion financière, à la gestion des relations clients et tout. Donc, on devra avoir au bout de deux ans, un chef d’entreprise mur qui sort du système et devient une sorte de parrain à d’autres entrepreneurs et c’est comme cela qu’on se tire doucement vers le haut. Donc, il faut encadrer ceux qui sont bénéficiaires de ces Fonds pour s’assurer qu’ils ne vont pas, au bout de trois mois, se retrouvés à la rue. Voilà pourquoi pour nous, c’est l’élément à ajouter à l’existant.

Lefaso.net : Aujourd’hui, on a une jeunesse qui jette son va-toutsur les concours de la Fonction publique parce que l’environnement ne semble pas favorable à l’initiative privée. Que faut-il pour donner confiance et goût à cette jeunessequi veut entreprendre, d’être vraiment opérationnelle ?

Adama Kanazoé : Les conditions environnementales ne sont pas remplies, je suis d’accord avec vous. A titre d’exemple, la question des Fonds qu’on octroie aux jeunes, vous savez, des projets sont financés à hauteur de 500 mille, un, deux millions ; c’est intéressant pour certains projets mais, en même temps, il y a des projets qui exigent la mobilisation de capitaux plus importants. Ces projets qui demandent cela, qui sont des projets plus ambitieux, capables d’embaucher 50 à 100 personnes, qui les finance ? C’est pour cela nous avons dit que ce n’est pas le rôle de l’Etat de mettre en place des Fonds ; l’Etat est limité dans la mobilisation des Fonds, il n’a pas de l’argent à profusion pour donner à tout le monde. Deuxièmement, l’Etat est limité dans le suivi des bénéficiairesparce qu’il n’a pas les outils nécessaires pour pouvoir s’assurer qu’on coache chaque jeune entrepreneur pour qu’il arrive à maturité. L’Etat n’arrive pas non plus à recouvrer ses Fonds (son recouvrement est très lourd, il n’a pas d’agents spécialisés). Du coup, quand les gens prennent les prêts, ils ne remboursent pas. Donc, on ne peut pas renouveler le cycle, malheureusement. C’est pour cela nous avons dit depuis le début qu’en réalité, la vraie solution, c’est de mettre en place une assurance garantie. Ce Fonds de garantie seralogé dansl’ensemble des banques. Justement, les banques sont épargnées des trois handicaps que connaît l’Etat : elles ont l’argent de façon illimitée (leur travail, c’est de vendre l’argent), les banques ont les ressources nécessaires (elles savent comment coacher une entreprise, elles ont des outils pour cela) et, enfin, les banques savent recouvrer leur argent. Donc, les banques sont les mieux indiquées pour financer l’entreprenariat. Malheureusement, elles aussi, elles ont un élément qui pénalise les jeunes : c‘est la question de la garantie. Quand on demande à un jeune de fournir une garantie… Les banquiers aiment deux garanties : maison ou un DAT (un compte bloqué). Mais, si j’ai dix millions pour aller bloquer un compte, autant financer en même temps mon projet ! Pour la maison aussi, je suis un jeune qui a fini ses études et veux se lancer dans l’entreprenariat, je vais gagner maison où ? Peut-être qu’il y a des jeunes qui, à 20 ans, ont déjà des maisons ..., je n’en sais rien ! Mais, en tout cas, le commun des Burkinabè ne peut pas avoir maison à cet âge-là. Donc, il fait comment ? L’Etat doit donc se poser en garantie en mettant en place ce Fonds de garantie national. Dès qu’on a ce Fonds, notre système d’entreprenariat sera financé. Et en ce moment aussi, seuls les vrais projets serontfiancés et cela est normal parce que dans les systèmes des Fonds, tels qu’on voit aujourd’hui, on sait très bien ce qui se passe ; les gens viennent avec n’importe quoi, il y a des accointances politiques, des amitiés, des favoritismes, etc. Mais le banquier ne connaît personne, il est insensible, indifférent. Quand vous venez devant un banquier avec votre projet, s’il est bon, banquable, il fonce. Par contre, si votre projet n’est pas banquable, il ne s’engage pas. Cela voudrait dire que ceux qui ne veulent pas travailler ne vont pas s’en sortir. Mais ceux qui veulent vraiment travailler, qui ont de vrais projets, seront bien servis. Ce système permet de financer rapidement et de toucher beaucoup plus de jeunes. C’est cela la vraie solution. Mais voilà, cette année encore, ce sont les Fonds qui seront-là pour financer l’entreprenariatet nous disons simplement qu’en entendant de pouvoir réfléchir à des politiques allant dans d’autres sens, il faut au moins faire en sorte que ces Fonds-là ne soient pas dilapidés.

Lefaso.net : Justement, comment s’assurer de cela,quand on sait que ces Fonds sont perçus d’un mauvais œil par les premiers intéressés, les jeunes, pour entre autres raisons liées aux conditions etaux pratiques même à leur sein ? En d’autres termes, en attendant que de vraies politiques soient mises en place, que faut-il faire, ici et maintenant, pour que ces Fonds servent réellement les jeunes burkinabè qui ont à cœur d’entreprendre ?

AdamaKanazoé : Ces Fonds existent et c’est pour financer les jeunes porteurs de projets, c’est bien cela !Les jeunes vont certainement postuler et vont être financés. Ce qui est important, pour que le Burkina puisse en profiter en réalité, c’est qu’il faut que ces Fonds-là atteignent l’objectif qui leur a été assignés dès le départ. C’est-à-dire de créer des entreprises qui vont créer des emplois et engendrer de la production ; ce qui va créer des richesses. Si on arrive à atteindre ses objectifs, in fine, le Burkina va avoir des revenus supplémentaires, parce que son peuple est au travail. Mais, si on n’atteint pas ces objectifs, ce serait de l’argent qu’on aurait mobilisé pour donner à des gens qui sont assis à la maison et ne produisent rien. Et comme ils ne pourront pas rembourser, finalement, on ne peut pas renouveler le cycle. Si bien que chaque année, il faut encore rechercher de l’argent parce qu’on n’arrive pas à récupérer ces Fonds. C’est pour cela que le Fonds de garantie national est une bonne idée parce que chaque année, il produit des intérêts, le Fonds augmente seul (il se bonifie seul, l’Etat n’a même plus besoin de mobiliser de l’argent pour y mettre, sauf s’il veut atteindre une nouvelle dimension). Même s’il est clair qu’il y aura quelques cas isolés, des pertes, mais ce sera minimisable parce qu’il y a un suivi rigoureux. Il faut que ces Fonds soient des créateurs d’emplois. Mais pour atteindre cet objectif, de grâce, il ne faut pas faire comme de par le passé à savoir, donner l’argent aux jeunes et tourner dos. Si on le fait, ça ne va pas marcher. Il faut tout faire pour qu’on puisse les encadrer au moins, même si on n’a pas les incubateurs logés ensemble sur un site, on peut avoir un incubateur où chacun est de son côté mais avec des cadres de rencontres au moins une fois par semaine pour que le coach puisse suivre les activités de chacun et s’assurer que tout est sur rails. Donc, même si on ne peut pas, pour le moment, avoir ce genre d’incubateurs avec des locaux et tout…, au moins, on peut mettre en place ce système d’encadrement et ne pas laisser, comme on le dit, « les jeunes en mode laisse-guidon ».

Lefaso.net : Les considérations politiques qui pervertissent aussi ces Fonds ... !

AdamaKanazoé : Oui, il faut faire en sorte que la politique ne prime pas. Effectivement, ça a été comme ça de par le passé où ces Fonds ont été utilisés comme des récompenses politiques, etc. Il faut que le parti au pouvoir face une rupture totale avec cette façon de faire ; plus de favoritisme, de népotisme, etc. Il faut faire en sorte que seuls les plus méritants obtiennent ces Fonds. C’est pour cela qu’à un moment donné aussi, il va falloir que l’Etat sorte un peu de la gestion directe de tous ces Fonds et les confie à ceux dont c’est vraiment le métier. Il reviendra dès lors à l’Etat, de se placer derrière par un accompagnement politique et institutionnel.

Lefaso.net : Face à une jeunesse ‘’perdue’’, et en tant que devancier, quels peuvent être vos conseils à cette jeunesse-là ?

AdamaKanazoé : Je veux dire à cette jeunesse simplement de reprendre confiance à elle-même. Je peux comprendre, la jeunesse a été quasiment le parent-pauvre de la politique du système Compaoré. Cela a suscité en elle, une rage profonde. Il faut donc impérativement que la confiance revienne. C’est pour cela d’ailleurs je dis que le régime de Roch Kaboré doit marquer une nette rupture d’avec le système Compaoré. Cette rupture doit même être psychologique d’abord avant d’être dans les actes. Donc, dans la gestion de ces Fonds justement, il ne faut pas qu’il y ait du favoritisme ; il faut de la rigueur.
A la jeunesse, je dis également : l’entreprenariat, c’est la solution. On ne pourra pas tous être embauchés par l’Etat. Ça, c’est connu. Mais, que voulez-vous ? Si on est assis à dix, on cherche tous du travail, à un moment donné, il va falloir qu’un d’entre nous devienne chef d’entreprise pour pouvoir embaucher trois ou quatre. Si ce n’est pas cela, on va s’asseoir tous pendant longtemps en train de chercher du travail. Qui va embaucher qui ? Ce ne pas des gens qui vont quitter ailleurs pour venir créer du travail et nous embaucher ! C’est parmi nous, les dix, qu’il y a des employeurs et c’est parmi nous qu’il y a des employés. Donc, l’esprit d’initiative, il ne faut jamais le perdre ; parce que, quand un homme commence à perdre le sens de l’initiative, …là, il y a problème. Les jeunes burkinabè sont courageux, ils ont simplement besoin qu’on leur crée les conditions pour qu’ils montrent tous leurs potentiels. Allez-y par exemple dans les zones rurales, vous allez vous rendre compte qu’en période de soudure (saison sèche), les jeunes ne viennent plus à Ouagadougou pour venir lancer des briques sur les chantiers ; parce qu’aujourd’hui, ils font la maraîcher-culture culture. Si fait que les conditions de vie des gens dans les villages ont changé dans ces zones, les jeunes y ont des commodités que certains jeunes des villes. Ils font des productions d’oignon, de tomate, etc. Et tenez-vous que là encore, ils n’ont que trois mois de culture, eût égard aux difficultés d’approvisionnement en eau. Imaginez, s’ils pouvaient produire sur un temps de neuf mois, ce que ça allait avoir comme impact sur le PIB même du Burkina. C’est dire que les gens ne sont pas paresseux, ils veulent travailler, il faut seulement créer les conditions qu’il faut à tous les niveaux ; que les ‘’pôles de croissance’’ au niveau de chaque localité puissent être opérationnelles pour que les gens puissent travailler. Les jeunes veulent de l’eau dans les zones rurales pour travailler (il faut le faire, c’est du concret), les jeunes ont des projets intéressants dans les centres urbains, il faut trouver des Fonds de garantie pour leur permettre d’entreprendre, chacun avec le besoin de son projet. Les banques ont simplement besoin de garantie, sinon elles ont de la liquidité ; elles sont même ‘’surliquides’’, paraît-il, au Burkina. Il faut simplement la garantie, elles vont libérer la liquidité et l’économie va tourner. Sinon, elles vont garder la liquidité, et là, l’économie ne peut pas tourner ; parce que l’argent est d’un côté et les porteurs de projet de l’autre côté.Ça ne peut pas marcher, ils ne se croisent jamais. Il faut donc trouver une passerelle pour que l’argent et les créateurs d’entreprises, les porteurs d’initiatives, se croisent. C’est cela qui va nous permettre de décoller.

Entretien réalisé par :
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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