Moussa Congo, journaliste
« Il me semble qu’il y a beaucoup de plaisantins »

Avec plus d’une quinzaine de candidats à la présidentielle d’octobre 2015, c’est la démocratie burkinabé, à mon avis qui gagne au regard de la pluralité. Mais quant à la qualité, j’en doute fort, parce qu’il me semble qu’il y a beaucoup de plaisantins. Des gens qui ne peuvent pas réunir un quartier, qui n’ont même pas de programme de société connu, prétendent diriger notre pays. Des gens qui n’ont jamais pu se faire député veulent être Président du Faso. Je trouve cela regrettable et il faut qu’ils aient de la considération pour les Burkinabè. Et je suis de ceux qui pensent que la caution de 25 millions est très petite, parce que chacun peut se débrouiller pour colmater ou se faire financer par des mains invisibles pour troubler le jeu, avec in fine, l’intention cachée de bénéficier de la subvention de l’Etat. C’est ce pourquoi, je pense qu’il est temps d’arrêter avec les calculs politiciens et pécuniaires. Et comme le dernier mot revient au Conseil constitutionnel, ce serait aux juges de cette juridiction de dire le droit sur ces prétendants candidats au fauteuil présidentiel.

Oudraogo Justin, agent de santé
« Si tout le monde doit se présenter, qui va voter ? »

22 candidats ! Je pense que c’est trop pour un pays qui n’a pas de moyens. Il serait raisonnable de réduire les candidats à 5 ou 6 candidats parce que si tout le monde doit se présenter, qui va voter ? Ce nombre pléthorique de candidats n’est pas bien pour un pays qui est en voie de développement. Et puis, il y a trop de plaisantins parmi ces prétendants au pouvoir d’Etat. Certains veulent juste se faire voir par le public. Beaucoup ne sont pas du tout sérieux, que ce soit les partis politiques et/ou les candidats indépendants. D’où l’invite au Conseil Constitutionnel à véritablement tamiser les dossiers afin de retenir ceux qui méritent réellement les voix du peuple. J’estime qu’on doit prendre le pays-là au sérieux. Il est vrai que tout le monde peut bien diriger, mais qu’on sache ce pourquoi on veut le diriger.

Lassina Sanon, banquier
« Qu’il y ait 22 ou 30 candidats, il revient au burkinabé de choisir »
A mon avis, je pense que c’est une très bonne chose d’avoir autant de candidats. C’est l’expression de la démocratie et cela prouve qu’au Burkina, nous vivons une nouvelle ère politique. Ce qui est très important. Alors le fait qu’il y ait une multitude de candidats à la présidentielle d’octobre 2015 est une preuve de la vitalité de notre démocratie, et j’en suis très fier. Et je pense que cela doit être une fierté pour tout le peuple burkinabé. L’essentiel c’est que les élections se fassent dans de très bonnes conditions, dans la sérénité, la paix, et qu’il n’y ait pas de truquage. Que le peuple puisse s’exprimer en votant le candidat de son choix. Même si il y a aujourd’hui 30 candidats, il revient au Burkinabé de choisir. Personne ne peut réclamer la paternité de son intégrité, sa sincérité, tout le monde est égal et il revient au peuple burkinabé de juger qui est à même de le conduire vers un développement harmonieux dans une paix durable et certaine pour les générations à venir ».

Bérenger Thaïs Bolok, étudiant centrafricain vivant à Bobo
« … il faudra retenir 2 ou 3 candidats »
Je suis l’actualité burkinabé depuis mon arrivée dans ce pays que je trouve d’ailleurs démocratique. Le Burkina est un pays qui écoute la voix de son peuple et qui travaille avec la volonté de toutes les couches sociales. Cependant en ce qui concerne les nombre de candidats, je trouve qu’ils sont trop pour un seul fauteuil. En principe, si tous ces candidats veulent réellement le bonheur de ce pays, ils doivent se concerter pour choisir au moins deux ou trois qui vont mener la course. Il ne suffit pas d’aller en rang dispersé.

Charles Dabiré, particulier
« Les partis politiques doivent grandir maintenant ! »
Je pense que les partis politiques doivent grandir, comme je le dis souvent. Ils doivent cultiver l’esprit de coalition ou de regroupement. Le nombre de dossiers de candidatures est trop énorme pour un pays comme le nôtre. Je pense qu’il faudra retenir au maximum trois candidats pour la présidentielle. Nous avons trop de partis politiques au Burkina qui doivent, de mon point de vue, réfléchir à une stratégie d’entente pour présenter un seul candidat. Sinon, avec plus d’une vingtaine de dossiers, si une quinzaine est retenue, ça ne sera pas une tâche facile, et pour les partis politiques, et pour les électeurs qui devront beaucoup réfléchir pour faire un choix. De toutes les façons, le dernier mot revient au Conseil constitutionnel pour la validation des dossiers et pour le peuple pour le choix de l’homme fort.

Sanon Dramane agent de Santé
« … c’est une maturité de notre démocratie »
Je trouve le nombre trop élevé. C’est malgré tout une maturité de notre démocratie. Je pense toutefois qu’un pays comme le Burkina Faso ne devrait pas avoir cette pléthore de candidats à la recherche du pouvoir d’Etat. Aussi parmi ces candidats, le ¼ ne peut avoir 20 ou 30% des suffrages exprimés. J’aurais aimé que le nombre de candidats se limite à 5 ou 6. Il faudra à mon avis revoir à la hausse la caution à verser. C’est parce que c’est encore raisonnable que certaines personnes s’amusent à vouloir participer à la course. En plus de la caution, il faudra aussi revoir les textes sur les élections pour ne pas permettre à n’importe qui de vouloir se présenter.

Christelle Diendéré, éducatrice sociale
« Le Conseil constitutionnel devrait insister sur la crédibilité des candidats »
Pour un seul fauteuil ils ont plus d’une vingtaine de candidats à déposer leur dossier pour sa conquête. C’est déjà trop beaucoup. A mon avis, la meilleure solution serait d’avoir un regroupement de partis politiques avec un seul candidat pour faire plus simple et faciliter la tâche aux électeurs. Le conseil Constitutionnel doit être très regardant sur la crédibilité des candidats parce qu’il n’est pas donné à tout le monde de diriger un pays.

Propos recueillis par Bassératou KINDO
Lefaso.net