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Filière igname : YAMSYS veut organiser les producteurs pour améliorer la production

Publié le lundi 10 août 2015 à 22h18min

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Filière igname : YAMSYS veut organiser les producteurs pour améliorer la production

Le projet Yamsys a mis en place une plateforme d’innovation de l’igname. La rencontre de mise en place de cette plateforme a eu lieu à Léo le 8 août 2015. Elle a regroupé les différents acteurs de la chaîne des valeurs de l’igname.

L’igname et ces dérivés sont consommés par environs 90% de la population de l’Afrique de l’Ouest. Au Burkina Faso, la province de la Sissili est l’une des localités productrices de ce tubercule. Mais depuis plusieurs années, cette filière rencontre de nombreuses difficultés qui entravent la production de l’igname. La production connait une baisse sensible due à une perte de fertilité des sols et à bien d’autres problèmes. YAMSYS vise à développer des méthodes de gestion durable de la fertilité des sols qui vont permettre de stabiliser la culture de l’igname tout en augmentant le rendement, les revenus des acteurs le long de la chaine de valeur et en préservant l’environnement.

La plateforme d’innovation autour de la filière igname va organiser les producteurs autour d’une table de concertation. Selon le coordonnateur régional du projet, Dr Hgaza Valéry, « l’objectif est d’amener les différents acteurs à échanger pour identifier les problèmes auxquels ils font face et proposer éventuellement des solutions ». C’est pourquoi, la plateforme regroupe tous les acteurs qui interviennent dans cette filière. Ce sont, entre autres, les producteurs, les transformatrices, les commerçants, les transporteurs, les chercheurs, etc.

Le projet se veut participatif

Les responsables du projet ont échangé avec les différents acteurs de la filière igname avant la mise en place de la plateforme. « Nous avons rencontré les différents acteurs. Nous leur avons demandé de se concerter en leur sein sur les difficultés qu’ils rencontrent », a indiqué le coordonnateur régional, Dr Hgaza Valéry. Ce sont ces acteurs qui ont délégué chacun deux représentants pour siéger au sein de la plateforme. Ces acteurs ont été identifiés à la suite d’une enquête selon le coordonnateur général du projet, Dr Delwendé Innocent Kiba. « Des enquêtes utilisant la Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP) ont permis d’identifier les acteurs clés de la chaine de valeur de l’igname qui sont ouverts aux changements et aux innovations dans les systèmes de culture igname », a-t-il déclaré.

Les difficultés seront discutées au sein des groupes d’acteurs pour trouver des solutions. Si à l’interne, il n’y a pas de solution, les deux représentants vont porter la difficulté au niveau de la plateforme pour que les acteurs de la filière participent à la solution. Si par exemple l’igname pourrit, les producteurs peuvent poser le problème au niveau de la plateforme où siègent également des chercheurs. L’intervention de ces derniers peut permettre de trouver une solution au pourrissement de l’igname. La participation des structures de crédits permettra aussi de faciliter l’accès des producteurs au crédit pour améliorer leurs productions. Ces concertations vont donc permettre d’identifier les contraintes, de les discuter et de proposer des technologies adaptées aux conditions physiques, socio-économiques et culturelles limitant la dégradation du sol et permettant une amélioration durable de la production de l’igname.

Les opportunités de la plateforme

La plateforme d’innovation de la filière igname présente, selon les responsables du projet Yamsys, de nombreux avantages pour les producteurs et les autres acteurs. La fertilisation des sols va sans doute augmenter la production de l’igname dans les localités concernées par le projet.

Elle va surtout permettre aux producteurs d’avoir l’information sur les besoins en matière de production d’igname. C’est le cas des variétés d’igname demandées sur le marché. La plateforme vise aussi à renforcer les capacités des membres pour la production de l’igname selon la demande et sa commercialisation.

Le projet YAMSYS « Déterminants biophysiques, institutionnels et économiques de l’utilisation durable des sols dans les systèmes de production d’igname pour l’amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique de L’ouest » est fondé sur un partenariat entre des institutions de la Suisse (ETH, FiBL), de la Côte d’Ivoire (CSRS, UFHB), du Burkina Faso (INERA, IDR-UPB), et deux institutions du CGIAR (ICRAF, IITA). Il est financé par le fonds national suisse de la recherche scientifique et l’agence suisse pour le développement et la coopération. Au Burkina Faso, YAMSYS intervient dans la province de la Sissili (commune de Léo) et celle de Batié (Commune de Midebdo).

Judicaël Gaël Lompo
Lefaso.net

Des acteurs apprécient la Plateforme

Mme Yaméogo/Nébié Dina, transformatrice
J’apprécie vraiment ce projet qui vient d’être mis en place. Il est vraiment la bienvenue. C’est une telle plateforme que nous attendions depuis fort longtemps. Sa mise en place va nous permettre de résoudre, un tant soit peu, quelques problèmes que nous rencontrons. Je peux dire que l’aire même où nous transformons est un problème puisque nous n’avons pas un local en tant que tel pour nous permettre de transformer dans de bonnes conditions. Nous avons aussi un problème d’emballage. Pour les produits que nous transformons à base d’ignames, on est obligé d’acheter des sachets sur le marché pourtant on pouvait avoir des emballages attrayants qui nous permettraient de mieux écouler nos produits, au-delà de notre pays.

Daourou Samiou, producteur d’ignames :
Les propositions de fertiliser les sols pour de bons rendements nous donnent de l’espoir. Si les sols sont fertilisés, nous allons avoir de bonnes productions et travailler avec les commerçants pour leur écoulement. Cela répond vraiment à nos besoins. Avec leur appui, nous pouvons trouver des marchés extérieurs pour l’exportation de notre production.
Le projet Yamsys a créé aussi des cadres de concertations avec les différents acteurs. Ensemble nous allons identifier nos problèmes et essayer des trouver des solutions. Par exemple nous voulons trouver les moyens pour conserver l’igname pendant longtemps.

Khalifa Coulibaly, enseignant chercheur à l’université polytechnique de Bobo-Dioulasso :
Je pense que l’initiative du projet est très bonne pour les producteurs et les chercheurs dans la mesure où il permettra de travailler sur des problématiques que rencontrent les producteurs. Je pense que les chercheurs peuvent apporter des réponses aux problèmes liés à la fertilité des sols. Mais ces réponses seront définies avec les producteurs parce qu’ils connaissent mieux les problèmes et ils ont des débuts de solution. Ensemble avec les chercheurs ils pourront trouver des solutions adéquates. Mis ensemble, les savoirs scientifiques et les savoirs locaux donneront des réponses claires aux problématiques.

Propos recueillis par Judicaël Gaël Lompo
Lefaso.net

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