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Transformation des produits agro alimentaires : « Nous pouvons résoudre les conflits entre agriculteurs et éleveurs au Burkina Faso » dixit Rouamba T. Oumar, concepteur du broyeur polyvalent

Publié le jeudi 13 décembre 2012 à 00h50min

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Transformation des produits agro alimentaires :  « Nous  pouvons résoudre les conflits  entre  agriculteurs et éleveurs au Burkina Faso » dixit Rouamba T. Oumar, concepteur du broyeur polyvalent

On a l’habitude de dire au Burkina Faso que « nos chercheurs cherchent et ne trouvent jamais ». Mais il faut reconnaître qu’il y en a « qui cherchent et qui trouvent ». De ceux-là on peut parler de Rouamba T. Oumar. Ce dernier, grâce à son génie créateur a mis en place des machines pour la transformation des produits agro-alimentaires et agro–pastoraux. A travers son entreprise KATO, basée à la patte d’oie de Ouagadougou, il fabrique des machines utiles pour les agriculteurs et les éleveurs. Nous sommes allés à sa rencontre, pour en savoir plus sur ce qu’il fait.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Moi, c’est M. Rouamba T. Oumar, concepteur de technologie pour la transformation des produits agro-alimentaires et agro-pastoraux. Je remercie la presse L’Express du Faso en particulier, parce que la communication fera que les paysans, les éleveurs et les intellectuels sauront ce que fait l’innovateur burkinabé. C’est grâce à votre communication donc, et je vous en remercie.

Dites-nous en quoi consiste votre travail ?

Mon travail consiste à développer, à innover certaines technologies pour le monde rural, plus précisément dans la production du beurre de karité, dans la transformation du beurre, dans l’alimentation agro pastorale. Nous avons mis en place le broyeur polyvalent qui consiste à transformer tous les sous-produits agricoles en aliments de bétail. Le Burkina Faso, comme vous le savez, est un pays agricole et éleveur. Ces deux secteurs font dépenser beaucoup d’argent. C’est pourquoi j’ai pensé concevoir une technologie qui puisse transformer tous les sous-produits agricoles, laitiers, les céréales, les pâtes d’arachides, les gouffres de maïs ainsi que le « pijotima réticulât » qui est un arbre sauvage contenant des vitamines, consommé par les animaux. Je produis aussi la transformation d’aliments de volaille.

Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu’est le broyeur polyvalent ?

Le broyeur est une technologie qui a son origine d’une machine à marteau qui depuis les années 70, a été mise au point. Et quand je l’ai vue, je l’ai innovée en la transformant pour qu’elle me traite les sous-produits agricoles en aliments de bétail pour le Burkina.

Comment êtes-vous arrivé à reproduire cette machine ?

Tout est parti d’un constat au niveau de l’agriculture. Dans chaque culture il y a beaucoup de choses, d’idées à développer pour les mettre à la disposition de ce monde rural. Lorsque je voulais concevoir le broyeur polyvalent, je suis rentré dans les cultures de l’éleveur. Ce sont ces cultures-là que j’ai essayées d’introduire et qui vont permettre de regrouper les animaux, et de ne plus partir en pâturage détruire la nature. J’ai l’habitude de le dire : « si nous voulons faire des recherches dans la santé, l’éducation, il faut qu’on essaie de résoudre le problème de l’auto suffisance alimentaire car l’homme qui a faim est malade ».

Est-ce que vous pouvez nous parler des expériences que cela vous a apportées ?

Nous avons fait à plusieurs reprises que ce soit en Afrique de l’Ouest, ou du Centre, des expositions. Cela veut dire que nous avons déjà eu la mention spéciale du jury international à Libreville, ce qui n’est pas négligeable pour un pays comme le Burkina. Nous avons eu le prix de l’Union africaine, le premier prix de la meilleure invention au BF en 2006, et le prix de l’UEMOA. Nous avons trois brevets à notre actif, dont celui de broyeur polyvalent. Et nous l’avons déposé au niveau de l’organisation africaine de la propriété intellectuelle et nous avons eu notre récépissé depuis 2011. Voila autant d’acquis que nous pouvons mettre dans notre jargon, sans oublier que nous avons eu le prix du ministère des Ressources animales, et la distinction au grade de chevalier de l’Ordre de mérite.

Qu’est-ce que vous suggérez à l’Etat, dans ce sens, pour lutter pour l’auto suffisance alimentaire ?

Qu’il nous soutienne davantage pour pouvoir développer les mécanismes. Je l’ai dit, le paysan au Burkina Faso n’a pas d’argent. Qu’on subventionne ces équipements pour augmenter leurs productions, et les revenus des paysans. Depuis que les broyeurs sont sortis, je peux le dire en 2008, j’ai créé près de 1000 emplois après chaque saison. Les groupements d’agriculteurs et d’éleveurs emploient près de 30 voire 60 personnes. Il y a au moins 5 personnes qui travaillent sur la machine. Et je dis, si on met à la disposition du monde paysan ces machines, nous allons résoudre un problème crucial que l’Etat même est en train de chercher à solutionner. Concernant les conflits entre agriculteurs et éleveurs, il paraît qu’il y a 666 conflits entre éleveurs et agriculteurs par an qu’on essaie de résoudre. On peut éliminer tous ces problèmes avec notre invention

Est-ce que vous recevez des commandes ?

Oui, je reçois des commandes de partout, du Niger, du Mali ainsi que du BF. J’ai déjà installé une unité de transformation de beurre de karité au Niger, où cette technologie n’existait pas encore. Je suis le premier à envoyer cette même technologie au Mali, même ici au Faso. C’est ce que je peux donner comme explication. On arrive à les satisfaire tant soit peu. On est en train de vouloir étendre notre unité de production pour satisfaire toutes nos clientèles.

Combien de machines pouvez-vous concevoir dans le mois ou par an ?

Dans l’année, nous pouvons concevoir au moins 500 broyeurs si nous avons des commandes. Je peux faire 500 machines en une année et 50 en un mois. Nous employons 20 personnes avec des contractuels même qui nous viennent en appui. Il faut débourser 15 000 000 pour s’approprier cette machine.

Propos recueillis par Firmin OUATTARA

L’Express du Faso

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