Les femmes du Burkina Faso veulent donner une autre couleur à leur journée, cette année. Les préparatifs vont bon train, en ce sens que chacune veut s’approprier le pagne de 8-Mars pour être vue parmi ses camarades. Pour lever toute équivoque, le ministère de la Promotion de la femme avait voulu un prix « bien étudié » pour l’acquisition des pagnes, à savoir 5 000 FCFA. Aussi, pour éviter la discrimination, une couleur unique a été instaurée. Cependant, ?des revendeurs se font des fortunes, en commercialisant les pagnes à un prix exorbitant qui n’est pas à la portée de la bourse de la majorité des femmes. Les estimations du ministère ne valent pas grand chose à Bobo-Dioulasso, car les pagnes sont vendus à des prix allant de 6 000 à 8 000 F CFA.

Laurencia Zerbo, une revendeuse des pagnes à Bobo-Dioulasso, dit s’approvisionner chez une commerçante au grand marché. Elle revend par la suite, ses pagnes dans de nombreux services publics et dans les banques. Selon elle, quand une cliente veut acheter un pagne au comptant, elle le vend à 6 000 F CFA et à 6 500 F CFA à crédit. Assita Ouattara, une autre revendeuse a, quant à elle, fixé ses prix à 6 000 FCFA au cash et 7 500 FCFA à crédit. A l’entendre, cette augmentation des prix des pagnes se justifie par le fait qu’il lui faut gagner à la fois ses bénéfices et son prix de carburant. En effet, comme la plupart des revendeuses, Assita Ouattara se déplace dans les différents quartiers de la ville et aussi, dans les services pour écouler ses pagnes. De plus en plus, les plaintes concernant ces « fameux » pagnes de 8-Mars ne font que s’amplifier.

Commerçante-grossiste au grand marché de Bobo-Dioulasso, Adjara Ouédraogo, estime que la vente des pagnes de 8-Mars a été une déception cette année : « Chaque année, nous partons prendre les pagnes à Ouagadougou chez un fournisseur, afin de venir les livrer aux revendeurs qui n’en disposent pas. Et ce système marchait parfaitement. Ce qui nous a déçu cette année, c’est que ce même fournisseur, en plus de nous, a livré les pagnes à un autre grossiste qui, à son tour, les donne en détail », raconte-t-elle. Elle confie que si cela continue, les commerçantes-grossistes vont se désengager les années à venir. Au-delà de la vente des pagnes, les couturiers, ces autres acteurs de la chaîne, se disent affectés cette année. Pour eux, leur activité ressent directement ces spéculations sur le prix des pagnes du 8-Mars.

Couturier au grand marché de Bobo-Dioulasso, Jacques Zambélongo, a révélé que les pagnes sont non seulement chers cette année, mais qu’ils ne sont pas de qualité. Ce qui aurait contribué à faire baisser sa clientèle. Contrairement aux années antérieures où il recevait plus d’une dizaine de pagnes pour la couture, il n’est qu’à son quatrième pagne, cette année. Ramata Soré qui ne manquait jamais de s’acheter son uniforme de 8-Mars chaque année, ne sera pas de la partie cette fois-ci, car son mari qui avait l’habitude le lui en offrir s’est désengagé et a mis cela au compte de la cherté des pagnes. Reste à espérer que malgré tous ces amalgames, la femme burkinabè saura dépasser l’uniforme pour donner un sens à la journée qui lui est dédiée au cours des 365 jours que compte l’année. En rappel, c’est la ville de Dédougou qui abritera la commémoration de la Journée internationale de la femme au Burkina Faso, placée sous le thème « Mobilisation sociale pour la réduction de la mortalité maternelle : le rôle des hommes ».

Hélène KADIO (Stagiaire)

Sidwaya