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« Révoltes et oppositions dans un régime semi-autoritaire, le cas du Burkina Faso » : Un ouvrage sur la démystification de la démocratie burkinabè

Publié le mercredi 27 avril 2011 à 01h44min

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Le colloque tenu en 2008 à l’université catholique de Louvain en Belgique sous le thème : « Burkina Faso, une opposition qui ne dit pas son nom » accouche d’un ouvrage critique de 313 pages paru en novembre 2010 aux Editions Karthala en France. « Révoltes et oppositions dans un régime semi-autoritaire, le cas du Burkina Faso » est le résultat d’analyses de la démocratie burkinabè par 17 auteurs de différentes nationalités sous la direction de Mathieu Hilgers et Jacinthe Mazzocchetti, deux jeunes belges. La présentation du document a eu lieu le 23 avril 2011 à Ouagadougou.

« Révoltes et oppositions dans un régime semi-autoritaire, le cas du Burkina Faso » propose une démystification de la démocratie telle qu’elle s’édifie au Burkina Faso. Au moment de sa conception et même de sa parution, ce livre paraissait osé. Mais, les évènements que traverse notre pays montrent la pertinence des analyses qui y sont développées. Des analyses qui mettent à nu les limites de la démocratie burkinabè, qualifiée de « régime semi-autoritaire » par les auteurs de l’ouvrage. « Les régimes semi-autoritaires ont souvent été décrits sous l’angle de leur organisation formelle et informelle.

On sait qu’ils autorisent la liberté d’association, le pluralisme politique, que les médias libéralisés y façonnent un espace public et qu’en même temps des dispositifs non officiels rendent l’alternance pratiquement impossible », peut-on lire dans l’introduction du livre qui comprend trois parties, chaque partie comprenant cinq chapitres. La première partie a pour titre « oppositions, traditions et changement social ». Elle examine l’organisation de la société traditionnelle, notamment moaga et poursuit en s’interrogeant sur la place du pouvoir mystique ou du wack dans la société burkinabè moderne. La seconde partie, quant à elle s’intitule « villes et contestations » et montre les mouvements sociaux qui ont marqué les grandes villes burkinabè ces dernières années, particulièrement Bobo-Dioulasso, Ouagadougou et Koudougou.

« Oppositions et institutions », c’est le titre de la dernière partie qui se propose de suivre des acteurs des mouvements sociaux au Burkina Faso et d’interroger la place de la contestation dans les mœurs politiques. La conclusion fait le « constat d’une ambiguïté de la démocratie burkinabè telle qu’elle se présente », soutient le présentateur de l’ouvrage, Pr Mahamadé Sawadogo, enseignant-chercheur à l’université de Ouagadougou. « Dans les discours officiels, on nous présente comme un pays démocratique mais le livre montre que c’est un régime semi-autoritaire, c’est une démocratie à double façade », ajoute-t-il puisque « les règles du jeu démocratique ne sont pas complètement appliquées ».

La déconstruction du concept d’empire appliqué à la société moaga, la révolte des autochtones Bobo au début des années 2000, l’explication anthropologique de l’emprise du phénomène du wack sur la société moderne. Voici quelques grandes leçons à tirer de ce livre qui n’est malheureusement toujours pas disponibles au Burkina. Il lève aussi le voile sur les mécanismes de contrôle de l’opposition. Le pouvoir utilise à la fois l’argent, le jeu institutionnel, la manipulation des textes pour arriver à contrôler le jeu politique au Burkina Faso de telle sorte que l’alternance se trouve au bout du compte compromise, soutient Pr Loada au chapitre 14 du livre.

Le lien entre le contenu de cet ouvrage et la situation actuelle que traverse le Burkina est sans ambiguïté. Certaines analyses du livre avaient annoncé ce que nous sommes en train de vivre ces derniers jours.

Pr Augustin Loada, Dr Alain Sanou, tous deux enseignants-chercheurs à l’université de Ouagadougou ainsi que la franco-burkinabè, Marie Soleil Frère ont participé à la rédaction de l’ouvrage qui se veut une démystification de l’édification de la démocratie au Burkina Faso.
Comme solution aux manifestations répétitives, Pr Mahamadé Sawadogo propose l’acceptation des candidatures indépendantes aux différentes élections, le contrôle du rôle de l’argent dans la vie politique et la lutte contre la corruption et l’impunité. A défaut d’un « renouvellement complet de la classe politique » burkinabè.

Moussa Diallo

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