Côte d’Ivoire : Six femmes tuées par balles lors d’une manifestation pro-Ouattara
Abidjan a connu jeudi de nouvelles violences
avec la mort dau moins six femmes, tuées par balles par les forces de l
ordre
fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo qui ont dispersé un
rassemblement dans le quartier d`Abobo, favorable à Alassane Ouattara, ont
rapporté des témoins.
La montée des tensions depuis la mi-février ne cesse dinquiéter à
l
extérieur, où lon redoute que la crise née du scrutin de novembre ne tourne
à la guerre civile. Le Conseil de sécurité de l
ONU devait se réunir jeudi.
Ce nouvel incident survient à Abobo, dans le nord de la capitale
économique, épicentre du conflit entre le régime de Laurent Gbagbo et le camp
dAlassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale.
Plusieurs centaines de femmes s
étaient réunies dans la matinée à un
rond-point du quartier et scandaient les slogans "Gbagbo, dégage !", "on ne
veut pas de Gbagbo" et "Alassane président", a indiqué à lAFP un habitant.
Quand les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales au dirigeant
sortant, à bord notamment d
un blindé, "sont arrivées au niveau du
regroupement, elles ont ouvert le feu", a raconté un autre.
"Six femmes ont été tuées sur-le-champ", a-t-il dit, tandis que dautres
témoins évoquaient des bilans plus lourds.
Il y a eu "beaucoup de blessés", certains par balles et d
autres victimes
de la bousculade qui a suivi, ont précisé ces témoins.
Lambiance dans la zone restait surchauffée à la mi-journée, après le
départ des manifestantes. "On est prêt à en découdre" avec le pouvoir en
place, jurait un jeune homme.
Sur la voie principale d
Abobo et dans nombre de ruelles, des jeunes
pro-Ouattara avaient barré les accès avec des carcasses de voitures ou des
tables renversées.
Depuis la mi-février, des jeunes et depuis quelques jours des femmes
descendent dans les rues, dans certains quartiers populaires, pour crier leur
ras-le-bol devant la situation du pays et exiger le départ du président
sortant, se heurtant parfois aux FDS.
Mais Abobo est aussi le théâtre daffrontements d
une tout autre nature : la
semaine dernière, FDS et insurgés sy sont livrés durant plusieurs jours des
combats meurtriers à l
arme lourde.
Pour les Nations unies, la situation est très grave.
La Haut commissaire de lONU aux droits de l
homme, Navi Pillay, sest dite
"extrêmement préoccupée" par l
escalade de la violence et a dénoncé "les
attaques de supporters de Gbagbo contre le personnel de lONU, des civils et
des Casques bleus".
Selon elle, avec les violences à Abidjan et dans l
ouest ivoirien, le pays
est confronté à "une crise humanitaire" faisant fuir de nombreux civils.
Les Etats-Unis ont recommandé à leurs ressortissants de quitter la Côte
dIvoire, et le président français Nicolas Sarkozy a estimé que "tout devait
être fait pour éviter de nouveaux morts et de nouvelles violences".
Alors que la situation intérieure se dégrade rapidement, aucune issue
politique ne se dessine.
Le panel de cinq chefs d
Etat africains chargé par lUnion africaine de
dénouer la crise ivoirienne, censé arrêter fin février des solutions
"contraignantes", a finalement tout le mois de mars pour tenter de trouver une
issue, signe des divisions en son sein.
Il doit se retrouver vendredi à Nouakchott, sous la présidence du chef de
l
Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
AFP