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Blaise, Arba et puis les autres ?

Publié le mardi 28 septembre 2010 à 02h46min

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C’est vrai qu’une « étoffe nationale » ne se tisse pas aussi aisément et que ce n’est pas non plus un fait du hasard si l’élection présidentielle est par excellence la rencontre d’un homme et de l’électorat. Du coup, « l’effet » Arba risque d’avoir l’écho d’un pétard mouillé dans nombre de nos contrées, ne serait-ce que par rapport à d’autres candidats qui ont déjà écumé de nombreuses régions. Ce n’est pas pour rien que certains, en dépit de critiques acerbes et d’invectives, pensent que Blaise COMPAORE et, dans une moindre mesure, Me Bénéwendé SANKARA ont objectivement une longueur d’avance. En deux mois, Arba pourra-t-il refaire ce retard ? On peut en douter sans pour autant apparaître comme un anti-Arba primaire.

Plus problématique, la coalition qui l’appuie est pour le moins hétéroclite avec des partis d’obédiences très diverses. Il n’est même pas un secret de polichinelle que certains de ses soutiens pensent beaucoup plus au mal qu’ils espèrent faire à des coreligionnaires qu’à son éventuelle victoire. L’un dans l’autre, la principale satisfaction que l’on pourrait tirer de cette candidature serait d’assister à des joutes oratoires civilisées tournant pour l’essentiel autour de plateformes programmatiques. Là encore faudrait-il qu’il sache tenir certains en laisse tant ceux-ci sont connus pour leurs injures faciles, leur manque de profondeur et leur propension à l’invective.

Depuis l’annonce de la candidature de Hama Arba DIALLO à la présidentielle de novembre 2010, nombre d’observateurs ne cessent de clamer que celle-ci va enfin gagner en saveur et en intensité, au vu de la stature de ce nouveau challenger de Blaise COMPAORE. S’il est vrai qu’Arba DIALLO est d’un autre calibre que certains « tartempions » qui se découvrent brutalement un destin national en « plein midi », il n’en demeure pas moins que la clameur qui a suivi son investiture comme candidat par une coalition de partis dits de Gauche nous parait quelque peu disproportionnée par rapport à la réalité du terrain et équivaut à des désaveux cinglants qui ne disent pas leurs noms pour d’autres candidats ou candidats potentiels sur lesquels plaçait déjà, il y a encore peu, quelques pions. Ceux-ci pourraient naturellement se consoler en pensant à cet adage populaire qui affirme que « tout nouveau tout beau » et que d’ici là on trouvera à redire sur « l’Arba » et du même coup on leur reconnaîtra encore du mérite.

Dans la même vaine, que doivent donc penser tous les analystes de haut vol, acteurs de la société civile et politiciens de la première heure qui juraient que participer à cette élection n’était ni plus ni moins que trahir le peuple et faire le jeu du « Blaiso » et de ses « calculs funestes » sur l’article 37 ! C’est vrai que dans ce pays, les avis sont ondoyants et divers et que vivre avec le ridicule est la chose la mieux partagée ! Mais, sans pour autant tomber des nues, on peut quand même s’étonner non ?
Il y a chez les intellectuels en général et chez les intellectuels burkinabè en particulier, une tendance à se prendre pour le nombril du monde, et conséquemment à décréter souvent, à la suite d’analyses superficielles, ce qui est bon pour le peuple.

Une attitude qui n’a pas toujours fait que du bien aux populations, souvent « piégées » par des querelles auxquelles elles sont étrangères, et qui pourtant hypothèquent souvent leur avenir. Au rang de ces querelles, on peut citer, ici au Faso, ce débat sur l’article 37 de la Constitution à propos duquel nombre de nos compatriotes ne comprennent « que dalle » tant il est éloigné de nos réalités socioculturelles. Mais, comme certains intellectuels petits bourgeois y trouvent leur compte, ce débat ne cesse d’alimenter les pages de nos médias au point qu’on en arrive à se demander si nous sommes à quelques encablures d’une élection majeure dont jusqu’à preuve du contraire, personne n’a songé à changer les règles. C’est vrai que certains acteurs rêvent de voir le calendrier remanié, mais ce n’est point pour remettre en cause, du moins le pensons-nous, la règle constitutionnelle d’accession du pouvoir dans notre pays.

Là n’étant pas notre propos, recentrons-nous sur notre sujet pour dire que la candidature de Arba DIALLO a encore une fois donné du grain à moudre à ces adeptes de théories aériennes qui voient toujours midi à leur porte, s’ils, ne se croient pas tout simplement au printemps après avoir aperçu une hirondelle au saut de leur lit. Au motif donc que l’actuel maire de Dori a un vécu politique dense et jouit d’un carnet relationnel assez fourni à l’étranger et, last but not the least, est soutenu par les « forces progressistes » ( ?) du Faso, nos analystes font de lui, le challenger numéro un de Blaise COMPAORE à la course au fauteuil présidentiel dont le top de départ officiel sera donné fin octobre.

C’est vrai, on a les rêves que l’on veut, mais, dans le cas d’espèce, celui qui est fait ici nous semble quelque peu léger pour ne pas dire éloigné de la réalité du terrain. La présidentielle, comme nous en convenons tous, est une affaire d’hommes ayant une envergure nationale. Or, et la modestie des supporters de l’édile de Dori dût-elle en souffrir, celui-ci n’a pas encore cette envergure. Bien sûr, il a occupé de hautes fonctions ici au Faso et même au plan international, mais à une époque si reculée que nombre de personnes dont il sollicite le suffrage en ont peu de souvenance d’autant plus qu’on n’évoque pas de hauts faits pour les soutenir. Hormis son fief de Dori et dans une moindre mesure dans les régions limitrophes, il n’est pas sûr qu’ailleurs au Faso, certains puissent le « situer » tant personnellement que politiquement même si on prend en compte les partis qui le soutiennent.

C’est vrai qu’une « étoffe nationale » ne se tisse pas aussi aisément et que ce n’est pas non plus un fait du hasard si l’élection présidentielle est par excellence la rencontre d’un homme et de l’électorat. Du coup, « l’effet » Arba risque d’avoir l’écho d’un pétard mouillé dans nombre de nos contrées, ne serait-ce que par rapport à d’autres candidats qui ont déjà écumé de nombreuses régions. Ce n’est pas pour rien que certains, en dépit de critiques acerbes et d’invectives, pensent que Blaise COMPAORE et, dans une moindre mesure, Me Bénéwendé SANKARA ont objectivement une longueur d’avance. En deux mois, Arba pourra-t-il refaire ce retard ? On peut en douter sans pour autant apparaître comme un anti-Arba primaire.

S’il faut saluer l’investissement d’un intellectuel de la trempe de Arba DIALLO dans ce noble combat, il faut cependant se garder de l’optimisme à la Pangloss qui règne dans certains cercles. Tout juste peut-on penser qu’il préfigure une probable reconfiguration de l’échiquier politique. Mais là encore avec des réserves, car sa candidature risque de paraître comme venant sur le tard par certains qui n’hésiteront pas à se demander où il était depuis le temps qu’on organise des élections présidentielles dans ce pays. Plus problématique, la coalition qui l’appuie est pour le moins hétéroclite avec des partis d’obédiences très diverses. Il n’est même pas un secret de polichinelle que certains de ses soutiens pensent beaucoup plus au mal qu’ils espèrent faire à des coreligionnaires qu’à son éventuelle victoire.

L’un dans l’autre, la principale satisfaction que l’on pourrait tirer de cette candidature serait d’assister à des joutes oratoires civilisées tournant pour l’essentiel autour de plateformes programmatiques. Là encore faudrait-il qu’il sache tenir certains en laisse tant ceux-ci sont connus pour leurs injures faciles, leur manque de profondeur et leur propension à l’invective.
Néanmoins, ce n’est certainement pas avec Monsieur DIALLO qu’il faut s’attendre à des diatribes incandescentes, même si l’homme est ondoyant et divers. Alors oui, cette candidature est un plus pour la démocratie burkinabè, mais il ne faudrait pas pour autant en faire une panacée, car le désenchantement pourrait être à la hauteur de l’espoir : immense.o

Alpha YAYA (ilingani2000@yahoo.fr)

L’Opinion

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