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Scrutin du 21 novembre : Aux candidats malheureux

Publié le jeudi 2 décembre 2010 à 01h02min

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Un lecteur, “modeste citoyen de ce pays” comme il se qualifie lui-même, partage ses sentiments après la présidentielle du 21 novembre dernier, à travers une lettre ouverte qu’il a fait parvenir à notre rédaction. Il s’adresse aux candidats malheureux, qu’il appelle à la sagesse et à la patience.

“Modeste citoyen de ce pays, je viens par la présente, en tant que novice de la chose politique, mais aimant ma patrie, vous prier de bien vouloir recevoir le respect que je vous dois, compte tenu de l’idéal que vous professez depuis des années. En effet, la politique est une passion pour ceux qui l’exercent. Elle a parfois son côté néfaste, inhumain, d’où les dérives qu’elle engendre souvent.

Dans vos actions quotidiennes, vous ne cessez de parler des intérêts des populations, bref, des sans-voix. Ce comportement de votre part est légitime, car l’honnête homme est celui dont la plus forte passion est conforme à l’intérêt général. Evitez de ressembler au diable qui a deux cornes : l’orgueil et le mensonge.

Je n’ai pas besoin de vous dire que la politique est l’art de capter à son profit les passions des autres. Pendant la campagne électorale du 21 novembre 2010, j’ai écouté vos déclarations sans mesure, j’ai lu sur les pages des principaux quotidiens de la place vos langages très guerriers. Ne savez-vous pas que celui qui est prompt à s’emporter proclame sa folie ?

Retenez aussi que celui qui est lent à la colère vaut mieux qu’un héros qui n’est pas lent à la colère. Etre lent à la colère, c’est avoir une grande intelligence. Loin de vous donner des leçons de morale, je voudrais humblement partager avec vous les sentiments d’un Burkinabè de l’avenir radieux de notre pays, car notre chère patrie ne mérite pas le sort que lui réservent ses fils qui ont pris la politique pour une profession. Suivez mon regard.

Passons maintenant aux choses sérieuses, car je tiens à vous interpeller : que gagnez-vous dans ce bras de fer sans résultat que vous menez depuis des lustres ? Pouvez-vous réussir l’alternance dans notre pays, quand on voit les différents obstacles qui se dressent devant vous ?

Comme dans beaucoup de pays africains, vous savez comment Blaise Compaoré est venu au pouvoir en octobre 1987 ? Seul Blaise Compaoré peut conduire le pays à l’alternance, s’il le désire. Soyez patients en revoyant vos méthodes d’actions politiques, car le chemin reste long et plein d’embûches. Depuis combien d’années l’opposition se présente aux élections présidentielles ? Y a-t-il une amélioration de ses scores ?

Comment comprendre que certains présidentiables, qui n’ont pas réussi à se faire élire simple conseiller municipal dans leur fief électoral, se positionnent candidats à une présidentielle ? Doit-on jouer avec l’avenir de notre pays ? Ce que vous avez hérité de vos parents (sagesse, honnêteté...), il vous appartient de le conserver jalousement.

Faites un travail de fourmi

Si ceux qui sont au pouvoir depuis 23 ans marchent à pas de caméléon vers l’alternance, que pouvez-vous faire sans nuire à la stabilité politique du pays ? Le peuple, malgré sa misère, souhaite vivre dans la paix, car la violence ternit l’image d’une nation... Faites, chers malheureux présidents du 21 novembre 2010, un travail de fourmi sur le terrain par l’éducation des potentiels électeurs qui semblent être toujours la propriété du parti au pouvoir depuis des années.

Etes-vous satisfaits de vos résultats électoraux ? Devriez-vous tous les 5 ans vous présentez en pâture dans une élection dont vous connaissez d’avance l’issue ? Chers opposants du Burkina Faso, n’oubliez pas qu’entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et c’est la Loi qui libère.

Chers présidentiables perdants du 21 novembre 2010, la politique est aussi un art et pas seulement un métier. Etant donné son but, la médiocrité est plus préjudiciable que dans n’importe qu’elle autre carrière. La véritable responsabilité politique est donc une confiance sans assurance, un risque sans garantie, une détermination sans certitude.

La politique utilise n’importe quel moyen... Je souhaite que pouvoir et opposition soient plus respectueux du peuple par un comportement patriotique. Soyez sensibles à la misère, à l’angoisse de cette population qui cherche ses repères. Opposants et ceux du pouvoir, soyez courtois et mesurés dans vos propos, car ce qui fait le charme d’un homme, c’est sa bonté.

On ne règne sur les âmes que par le calme. Chers présidentiables sans poids, vous rendrez un immense service à la nation en luttant de toutes vos forces pour obtenir du pouvoir en place la réduction du nombre de partis politiques au Burkina Faso, car il n’y a pas 160 projets de société dans notre pays. 160 partis politiques, c’est trop, trop, trop...

Luttez également pour supprimer le financement des partis politiques avec l’argent du contribuable. (On encourage des plaisantins.) Après les élections, les présidentiables, toute honte bue, parlent d’anomalies sur les cartes électorales (après les avoir utilisées pour voter, quelle comédie !) et demandent l’annulation des résultats ainsi que la reprise des élections, qui ont coûté plus de 12 milliards de francs CFA.

Notre pays, pauvre parmi les pauvres, peut-il, doit-il se permettre le luxe de gaspiller nos ressources financières pour des scrutins sans enjeux, des scrutins pour montrer à la face du monde que nous pratiquons aussi la démocratie à l’européenne ? Je demande aux 160 dirigeants de partis politiques de revoir leurs copies, car le pays des hommes intègres ne mérite pas cette humiliation, cette mascarade.

Avoir confiance en l’homme politique signifie qu’il est capable d’améliorer les conditions de vie, de créer une meilleure concorde entre les tribus. Je ne terminerai pas mon propos à l’intention des 6 candidats malheureux sans griffer légèrement certains ténors du parti au pouvoir qui, au lieu de tenir des propos modérés, de publier des écrits rassembleurs, passent leur temps à bander les muscles.

Je pense qu’ils doivent mettre tout en œuvre pour que la population entière apprécie positivement la popularité de leur chef Blaise Compaoré, président de tous les Burkinabè. Dans l’espoir que mon appel sera entendu par les différents acteurs de la scène politique, je vous prie de recevoir tout le respect que je vous dois.

Ouagadougou, le 28/11/2010

Tambi Kaboré
Assistant de santé à la retraite, secteur 8
01 BP 1597 Ouagadougou 01

(1) Le titre initial de l’écrit était : Aux dirigeants politiques (particulièrement aux six candidats malheureux de l’élection présidentielle du dimanche 21 novembre 2010)

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 2 décembre 2010 à 11:18, par Minnayi En réponse à : Scrutin du 21 novembre : Aux candidats malheureux

    Bonjour à tous !Bonjour cher "papa", permettez moi de vous répondre. Tout d’abord je salue votre appel qui, à mon sens, contient un message assez fort : "Paix et stabilité à tout prix".

    Cependant, souffrez que je vous disent que je ne partage pas votre avis sur le fait qu’il faille attendre "tranquillement" que le pouvoir en place offre l’alternance aux opposants. Non cette offre ne va jamais venir et les conditions de vie de nos populations ne changera pas. En tout cas, vous faites fausse analyse en estimant que c’est inutile de se battre pour l’alternance. Vous choisissez même d’ignorer la portée de l’action en annulation du scrutin des opposants pour motifs d’irrégularité des cartes d’électeur. Non, votre modestie est telle que vous ignorez ce qu’est la démocratie et lapolitique.

    Si vous aimez votre patrie comme vous l’avez dit, vous devez encourager, à défaut de le faire vous-même, les uns et les autres à chercher les voies et moyens afin d’améliorer les conditions de vie de vos compatriotes. Vous semblez peut-être vous satisfaire de l’état actuel du pays (classé dernier au monde)en vous contentant de ce qui est fait.

    Cher "papa", avec tout le respect que vous méritez de ma part, en vérité vous croyez en l’émergence du Burkina Faso prônée par Blaise Compaoré ? Non ce serait trop facile, l’émergence ne se décrète pas, comme l’a déjà dit quelqu’un, elle doit se construire peu à peu. Or, cette construction ne semle même pas d’actualité. Non refusons la modestie qui anéantit toutes les ambitions.

    Merci d’accepter les contre-analyses de votre fils.

  • Le 2 décembre 2010 à 13:23, par hj En réponse à : Scrutin du 21 novembre : Aux candidats malheureux

    si tout les burkinabè voyait comme vous les choses le pays sérait sans avenir.

  • Le 2 décembre 2010 à 15:44 En réponse à : Scrutin du 21 novembre : Aux candidats malheureux

    Félicitation pour votre analyse, dont je loue la pertinence. Heureusement qu’il y a encore au pays des hommes intègres des hommes qui le sont vraiment, ou du moins qui le sont dans leurs propos. Rien ne sert de "bander les muscles" et de proner le chaos.
    Vive le Burkina Faso ! J’ai espoir en mon pays.

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