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PROCES DES MASSACRES DE JOS : Vers la fin de l’impunité ?

Publié le mardi 23 mars 2010 à 00h32min

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Les appels à la fermeté du gouvernement fédéral nigérian concernant les massacres interreligieux en général et ceux survenus à deux reprises depuis le début de l’année à Jos, capitale de l’Etat du Plateau dans le centre du Nigeria, ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.

Dans un communiqué publié le 21 mars passé, la Police a fait savoir qu’elle a bouclé son enquête sur les violences survenues dans cette ville le 7 mars dernier et qui ont fait 109 morts. Au total, 162 personnes vont être poursuivies pour leur implication présumée dans ces violences. Dans les détails, 121 personnes vont répondre des faits de possession illégale d’armes à feu, et 41 des faits de terrorisme et d’homicide. Outre ces personnes, 213 autres avaient été précédemment inculpées pour divers délits liés aux massacres perpétrés le 17 janvier dernier, toujours à Jos. Du beau monde en perspective dans le prétoire dont la présence en ces lieux sonne comme la fin de l’impunité dont ont joui jusque-là les auteurs des massacres récurrents entre communautés au Nigeria.

L’absence de réaction ferme du gouvernement fédéral et surtout de poursuites judiciaires, avait fini par conforter les tueurs potentiels qu’ils peuvent s’en prendre gratuitement à des personnes parce qu’elles sont issues d’autres communautés ou qu’elles sont d’autres confessions religieuses. Mais le caractère barbare, répétitif et organisé des différentes tueries ont fait prendre conscience des graves menaces qu’elles font peser sur la cohabitation des différentes communautés et confessions religieuses et, plus inquiétant, sur la fédération elle-même. D’où cette fermeté, certes tardive mais salutaire, du pouvoir fédéral à la tête duquel le président intérimaire tente de s’affirmer. Et la meilleure façon de taper du poing sur la table, de se faire entendre dans cette fédération, est de sévir contre tous ceux qui sont à l’origine des horreurs. Le procès en vue des massacres de Jos doit servir d’acte dissuasif contre toute personne habitée par des pulsions de Thanatos. C’est l’impunité zéro et elle aura à répondre de ses actes macabres.

Toutefois, il faut espérer que cette fermeté, cette guerre déclarée à l’impunité soit permanente et non discriminatoire. En effet, ceux qui commettent les meurtres sont souvent des exécutants manipulés, instrumentalisés par des personnalités influentes, des politiques ou des hommes d’affaires. Malheureusement, ces commanditaires ne répondent pas toujours de leurs actes lorsqu’il arrive que l’on veuille rendre justice aux victimes. Ce sont les seconds couteaux qui écopent des sanctions alors que ceux qui sont à l’origine des troubles se la coulent douce, attendant une autre occasion pour faire mettre les feux aux poudres. Ils doivent être démasqués et punis à la hauteur de leur forfait pour l’exemple. Sinon, le combat contre l’impunité sera vain.

Séni DABO

Le Pays

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