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Plaine rizicole de Bagré : Les Tawaïnais s’en vont, les acquis demeurent

Publié le mardi 22 décembre 2009 à 01h31min

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La mission technique taïwanaise se retire de la plaine rizicole de Bagré (à 230 km à l’Est de Ouagadougou) où elle est présente depuis 15 ans. A cette occasion, un lot de matériel agricole a été remis au ministre en charge de l’Agriculture, Laurent Sédogo, le 19 décembre 2009 dans la localité précitée, afin de pérenniser les acquis.

La mission technique taïwanaise de Bagré s’en va. Et cela, après 15 ans d’enseignement des techniques de la culture du riz aux producteurs de la plaine rizicole de cette localité, située dans la province du Boulgou. Afin de permettre aux producteurs de pérenniser le savoir acquis, la partie chinoise a remis un important lot d’équipements agricoles au ministère de l’Agriculture, le 19 décembre dernier.

Et en reconnaissance au travail remarquable fourni à Bagré, cinq techniciens taïwanais ont été élevés au rang de chevalier de l’Ordre national du mérite burkinabè, par les deux ministres en charge de l’Agriculture, la ministre déléguée en charge de la Coopération régionale, le gouverneur de la région du Centre-Est.

Partagé entre sentiments d’amertume et joie, le représentant des producteurs de la plaine rizicole de Bagré, Saïdou Boundaogo, a indiqué que la cérémonie d’au revoir aux techniciens taïwanais est un jour spécial pour les riziculteurs de la localité. Car ils mesurent maintenant tout le bonheur d’avoir été assistés. Saïdou Boundaogo est surtout revenu sur les acquis engrangés par les producteurs et les habitants de Bagré.

Il s’agit de l’aménagement de 1600 ha où plus de 1000 unités d’exploitation familiale sont aujourd’hui installées, l’approvisionnement en engrais et en semences, la dotation aux groupements de producteurs de riz, de seize unités de décorticage et de petit matériel de récolte et de post-récolte, tels que les batteuses, les faucilles, etc.

De même que l’appui à la mise en place de fonds de roulement pour l’approvisionnement en engrais pour un équivalent de 992 200 tonnes, soit 12 sacs d’engrais par exploitant, la formation de tous les exploitants de Bagré aux techniques de production du riz, l’appui au labour des champs en campagne humide. "Nous prenons solennellement devant vous, l’engagement de valoriser tous ces acquis et surtout, de travailler à les pérenniser", a promis le représentant des producteurs.

L’ambassadeur de la Chine au Burkina Faso, Zhang Ming-Zhongo, a expliqué que le périmètre irrigué de Bagré est le symbole le plus représentatif de la coopération bilatérale entre les deux pays, en raison de l’importance de l’appui technique et financier que ce projet a reçu. En effet, environ 12 milliards de F CFA ont été globalement infectés, soit un montant moyen annuel de 900 millions de F CFA, qui ont permis les travaux d’aménagement, l’acquisition d’intrants et d’équipement. Pour l’ambassadeur taïwanais, il s’agit vraiment d’un retrait et non d’un départ de la mission taïwanaise.

"La forme de coopération peut être modifiée, mais l’engagement vis-à-vis des amis reste le même", a signifié Zhang Ming-Zhong, citant l’exemple des experts qui parcourent tout le pays depuis presque trois ans dans le cadre de l’appui technique au projet riz pluvial et démontrant que la coopération agricole s’étend ainsi sur tout le territoire burkinabè et au bénéficie du plus grand nombre. L’ambassadeur de Chine a aussi réaffirmé sa disponibilité à poursuivre la recherche des meilleures stratégies pour la prospérité des producteurs de riz au Burkina Faso.

Pour sa part, le ministre en charge de l’Agriculture, Laurent Sédogo, a salué les résultats tangibles atteints en 15 ans de coopération. "Grâce à l’ingéniosité, la perspicacité des techniciens taïwanais, la culture du riz est en train d’entrer dans la culture des producteurs burkinabè", a souligné le ministre Sédogo. Selon lui, d’autres zones du Burkina comme les régions du Sahel et du Nord, où la culture du riz était méconnue, font aujourd’hui de bons résultats.

Et le souhait de Laurent Sédogo est de voir le savoir-faire taïwanais disséminé dans tout le Burkina, car a-t-il dit : "Nous avons pris l’engagement de ne plus acheter du riz pour nourrir notre population dans quelques années". Le ministre en charge de l’Agriculture a demandé à l’ambassadeur d’être l’interprète du Burkina auprès des premiers techniciens taïwanais, qui ont accepté venir tracer les sillons de cette coopération agricole, dont les résultats au bénéfice des populations, sont indéniables.

Aux producteurs de Bagré, le ministre Sédogo a indiqué que le retrait des Taïwanais leur confère une nouvelle responsabilité et il faudra qu’ils comptent sur leurs propres ailes et montrent aux Taïwanais qu’ils sont capables de relever le défi. Partie de rien en 1994, la première équipe d’une dizaine de techniciens taïwanais a réalisé différents ouvrages (en plus des 1600 ha aménagés) tels les magasins, les aires de séchage et soutenu les producteurs et les encadreurs.

Aujourd’hui, en termes d’impact, Bagré est un "paisible et prospère" village qui compte environ 16 600 maisons abritant des ménages d’une moyenne de cinq personnes. Le niveau de vie moyen y est estimé à 25% plus élevé que dans la majorité des zones rurales du Burkina Faso.

Gabriel SAMA

Sidwaya

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