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Processus de paix en Côte d’Ivoire : Les obstacles ne manquent pas

Publié le lundi 25 août 2008 à 13h20min

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Comme nous le savons tous, Bouaké est sous tension depuis lundi 18 août courant, d’anciens rebelles démobilisés y ayant manifesté pour exiger le paiement de 5 millions de francs CFA (7 500 euros) de prime à chacun en lieu et place des 270 000 F CFA prévus par le gouvernement. Ce faisant, ils ont bloqué, jeudi, les entrées et les sorties de la ville, empêchant toute circulation, qu’elle soit en direction ou en partance pour Bouaké. Et pas même le ministre de la Défense, Amani N’Guessan, n’a pu quitter la ville.

Pour débloquer la situation, il y a eu des négociations avec le gouvernement, qui n’ont rien donné, et les ex-combattants ont exigé d’en discuter désormais avec le chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, par ailleurs Premier ministre de Côte d’ivoire.

En principe, les anciens rebelles des Forces nouvelles doivent bénéficier d’un plan dit de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), un volet de l’accord de paix de Ouagadougou, signé en mars 2007 par le président ivoirien, Laurent Gbagbo, et leur leader, Guillaume Soro. Ce plan prévoit une démobilisation progressive des 36 000 soldats revendiqués par les FN, avec le versement de 90 000 F CFA à chaque quidam pendant un trimestre.

Selon le programme des Forces nouvelles, 10 000 de leurs ex-combattants doivent, à terme, intégrer la nouvelle armée nationale ivoirienne, tandis que les 26 000 autres sont destinés à être reversés dans des programmes de réinsertion. Coût de cette reconversion à des tâches non combattantes : plus de 44 milliards de francs CFA (67,7 millions d’euros), financés par la Banque mondiale et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Malheureusement pour le processus de paix inter ivoirien avec, comme point de mire, l’élection présidentielle du 30 novembre prochain, ce processus a pris du retard, faute de moyens, comme d’habitude, la communauté internationale étant toujours prompte à promettre monts et merveilles, mais plus lente qu’un caméléon à délier les cordons de la bourse.

Le plus grave dans cette histoire est que, si précédemment les éléments des FN avaient protesté contre la lenteur dans le déblocage des financements de leur DDR, cette fois-ci, "nous, on ne veut pas de projets, on s’en fout des projets, puisqu’on a perdu sept ans de guerre !".

Bref, le processus de paix en Côte d’Ivoire est malade des spasmes (mortels ?) de son DDR, et on ne peut s’empêcher de se poser certaines questions : tous les tenants et les aboutissants du DDR avaient-ils été librement et consciencieusement acceptés par tous dans le moindre détail, ou, a-t-on, contrairement à ce qu’on a vainement tenté au Zimbabwe, réussi ici à tordre dans le dos le bras aux contempteurs du pouvoir pour leur faire signer des accords de principe, dont ils regimbent, l’heure venue, contre les modalités pratiques de mise en œuvre, le diable se trouvant dans les détails ?

Les ex-rebelles sont-ils de mauvaise foi, frustrés de voir que, au finish, ils seront les dindons de la farce humaine du 19 septembre 2002, à l’issue de laquelle ils n’auront droit qu’à un certificat de nationalité ivoirienne, et kigbafori et Cie, eux, aux morceaux les plus "viandeux" de la République en sus ?

Ce nouveau pavé jeté dans la mare de l’élection du 30 novembre sera-t-il sans impact sur la date du 30 novembre ? L’espoir demeure, puisque, jeudi, le commandant de la zone de Bouaké, Shérif Ousmane, a invité leurs ex-combattants à "énumérer" leurs "préoccupations", estimant que leurs mouvements d’humeur "fragilisent" l’ex-rébellion des Forces nouvelles. Le hic, dans tout ça, est que, entre-temps, le dircab (1) de Soro a déclaré qu’il fallait s’en tenir aux 270 000 F CFA de prime par personne.

En attendant le 30 novembre, quel lapin les Ivoiriens vont-ils nous sortir prochainement, apès les conflits de compétences SAGEM/ONI/CEI, les problèmes de bouclage du budget de la paix, les difficultés des opérations d’identification, toujours en cours, pour ne pas aller résolument à la paix comme les y pousse la communauté internationale ? La route de la paix, c’est vraiment un parcours du combattant, tant elle est jalonnée d’écueil.

La rédaction
L’Observateur Paalga

Note :
(1) Dircab : direction de cabinet.

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