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Françafrique : La rupture attendra

Publié le mercredi 20 février 2008 à 10h45min

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A deux semaines du second voyage du président français en Afrique et en pleine crise tchadienne, un collectif d’ONG interpelle Nicolas Sarkozy. Objectif : mettre en oeuvre la rupture attendue avec la Françafrique, promesse de campagne du chef de l’Etat.

J’espère que nous nous retrouverons pour les funérailles de la Françafrique". Dans les locaux du Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE), situés à la maison de la radio, Seidik Abba, représentant de l’Association de la presse panafricaine (APPA), confie son espoir. Celui de tourner un jour la page de cette Françafrique, faite de réseaux mêlant intérêts économiques, politiques, diplomatiques, militaires et relations personnelles, héritage des quarante dernières années de la politique française en Afrique.

Un espoir au coeur de la démarche d’une douzaine d’ONG françaises, rassemblées sous la bannière "Plateforme citoyenne France-Afrique" et réunies au CAPE jeudi matin. Ces associations ont publié l’an dernier un Livre Blanc, sous-titré : "Pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente." Aujourd’hui, elles font un premier bilan de l’évolution des relations franco-africaines. Un bilan assez sévère adressé au chef de l’Etat.

Il faut dire qu’avant même son arrivée à l’Elysée, Nicolas Sarkozy avait promis la fin de la Françafrique. En déplacement à Cotonou, au Bénin, le 19 mai 2006, il avait en effet déclaré : "Il nous faut construire une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé et de ses obsolescences."

Une rupture qui tarde à venir

Les choses étaient dites : la rupture, chère à Nicolas Sarkozy, devait aussi s’appliquer dans les relations franco-africaines. Mais neuf mois après son accession à la présidence, le changement se fait attendre. Même au sein du gouvernement, on s’impatiente. Lors de ses voeux à la presse, puis dans un entretien accordé au Monde à la mi-janvier, le secrétaire d’Etat à la Coopération et à la Francophonie, Jean-Marie Bockel, avait en effet estimé que la rupture avec une Françafrique "moribonde" "tardait à venir". Aujourd’hui, le collectif d’ONG, parmi lesquelles figure le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), Survie ou encore Caritas France, tire les mêmes conclusions.

"La rupture promise avec les dictatures africaines tarde à se concrétiser", note ainsi Jean Merckaert, chargé du programme Financement du développement au CCFD et co-auteur du Livre Blanc. Le collectif dénonce d’abord "la grande proximité avec les dirigeants de régimes prédateurs", illustrée notamment par la visite à Paris d’Omar Bongo, président du Gabon, ou encore de Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), tous deux reçus en grande pompe à l’Elysée.

Vient ensuite le premier voyage de Nicolas Sarkozy en Afrique, en juillet dernier. "Commencer par la Libye et terminer par le Gabon, c’est plutôt mauvais signe", relève Jean Merckaert. Durant ce voyage, le chef de l’Etat a prononcé le désormais célèbre discours de Dakar. Un texte qui vaut aujourd’hui à Sarkozy de fortes inimitiés en Afrique et ailleurs, notamment chez les intellectuels. Il avait dépeint un homme africain "pas assez rentré dans l’Histoire" qui a "besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt que de raisonner, d’être en harmonie plutôt qu’en conquête".

L’exemple de la crise tchadienne

Autre pomme de discorde : les relations économiques entre la France et le continent africain. Jean Merckaert dénonce "l’oreille attentive prêtée par Sarkozy aux intérêts économiques de la France dans des pays peu démocratiques". Et de prendre l’exemple récent du Togo, quand Nicolas Sarkozy suggère au président Faure Gnassinbé de démontrer son amitié pour Paris en octroyant la gestion du port de Lomé à son ami Vincent Bolloré. Ami dont il a, faut-il le rappeler, emprunté le yacht privé cet été ou encore son avion pour ses vacances de fin d’année en Egypte.

Source : Le JDD.fr

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