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Barthélemy Birba : Du lycée au taxi

Publié le lundi 25 juin 2007 à 07h46min

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Barthélemy Birba

Barthélemy Birba passe pour un « intello » parmi les taximen du stationnement situé entre le Jardin municipal de l’amitié et la Grande chancellerie, sur l’avenue de l’Indépendance à Ouagadougou. Une réputation qui lui colle sans cesse à la peau, sans doute en raison de sa réputation d’enseignant raté. En effet, depuis sa tendre enfance à Pabré, Barthélemy Birba rêvait de devenir professeur. Le sort en a décidé autrement...

Après moult tentatives pour décrocher le Brevet d’études du premier cycle (BEPC), sans succès, Barthélemy Birba finit par se convaincre que son destin est ailleurs. « Je sentais que je faisais des efforts, mais au bout du compte, l’examen ne marchait pas. Je ne pouvais pas continuer à faire payer ma scolarité par mes parents. A la rentrée, ils ont insisté mais je ne voulais plus retourner sur les bancs », se souvient-il. Il s’exercera alors au commerce, dans la boutique de son frère aîné. C’est là qu’il passe le permis et devient taximan.

Il emprunte le deuxième taxi de son frangin. Les débuts sont difficiles. « Il a fallu, par exemple, me débarrasser de ma timidité, maîtriser les axes. Ce n’était pas évident pour le casanier que j’étais au lycée », indique-t-il. Mais, Barthélemy s’accroche. Et fait face ! La patente coûte, en effet, 20 000 F CFA par an, le stationnement également. Et puis, il y a la visite technique, à effectuer tous les trimestres. Pour cela, il lui faut prévoir 50 000 à 70 000 F CFA, en incluant les réparations du garagiste. « Si tu ne répares pas le véhicule au garage avant la visite technique, tu auras plein de problèmes au contrôle », précise-t-il.

Chaque jour, Barthélemy Birba fait ses navettes vers les quartiers périphériques de Dassasgho ou de Kossodo. Et, apparemment, il s’en sort plutôt bien puisqu’il règle à son frère, propriétaire du véhicule, 25 000 à 35 000 F CFA, même si ce dernier ne lui impose aucun montant fixe. « Avec la prolifération des motos venus de Dubaï, à des prix modiques, la profession est sérieusement menacée. Les populations préfèrent s’acheter ces engins que d’emprunter les taxis », fait-il remarquer. Et puis, ajoute-t-il, « je ne sais pas si c’est ainsi partout, mais il y a trop de contrôles de police à Ouagadougou, sans compter que l’essence coûte assez cher. Tout cela fait que c’est vraiment dur ! »

Aussi, Barthélemy Birba n’envisage-t-il pas son avenir avec le taxi. Il sait que le métier de taximan se meurt depuis la libéralisation du secteur des engins à deux roues. « Je ne souhaite pas rester ici. Je suis jeune. Je souhaite être embauché par un projet ou une Organisation non gouvernementale (ONG) », plaide-t-il. Heureusement que pour l’instant, notre taximan a la chance d’avoir à ses côtés une tendre et compréhensive moitié, mère de ses deux enfants, qui lui donne un coup de main de temps à autre...

Par Roger Niouga Sawadogo

Fasozine

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