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Crises sociales en Afrique : Quels mécanismes nationaux d’anticipation ?

Publié le vendredi 20 avril 2007 à 07h32min

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Hier, les 19 et 20 décembre 2006, au Burkina Faso, c’étaient des militaires qui avaient manifesté violemment pour que le gouvernement prenne en compte leurs doléances. De vieilles doléances du reste. Aujourd’hui, ce sont les éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire qui haussent le ton pour se faire prendre au sérieux.

Bien avant, dans un passé pas très lointain, les vétérans du Liberia avaient menacé de manifester dans les rues de la capitale pour que les gouvernants accordent une oreille attentive à leurs révendications.

A côté de ces événements où souvent les armes crépitent, les marches pacifiques des organisations de masses semblent du folklore pour le pouvoir qui, il faut oser le dire, n’est accessible qu’au langage de la force et de la violence. Les gouvernements africains sont comme cet arbre qui ne fleurit qu’après le passage d’un incendie de brousse.

Le Burkina Faso n’a pas le monopole des crises sociales. En Côte d’Ivoire, en République Centrafricaine, en République démocratique du Congo, etc., les mouvenments sociaux ont mis à rude épreuve la crédibilité des gouvernements et menacé leur pérennité. L’explication qui vient tout de suite à l’idée est que les gouvernants africains manquent de prospective. Des mécanismes d’anticipation peuvent être créés pour prévenir les crises sans de grands dommages.

L’Union africaine a mis en place un mécanisme de prévention des conflits au niveau continental. Il n’y a pas longtemps, le président burkinabè, Blaise Compaoré, était à la tête de cette instance panafricaine. Pourquoi ne pas reproduire cette judicieuse trouvaille au niveau de chacun de nos Etats ?

Gouverner, c’est prévoir, dit-on. Capacité d’anticipation, esprit d’initiative, ouverture au dialogue et à la concertation doivent être les attributs premiers d’un bon gouvernement. Mais d’où vient alors que les pouvoirs africains semblent chaque fois surpris, voire dépassé quand survient une crise sociale ? Pourquoi jouer à tout moment le rôle de pompier, alors que c’est celui de la prévention qui devrait être le sien ? Pourquoi, c’est après coup qu’on désigne un médiateur censé rapprocher les positions.

Les crises sociales sont inévitables. Et la raison d’être d’un gouvernement, c’est de leur trouver une solution anticipée à la satisfaction de tout le monde. Nul gouvernement au monde ne peut répondre toujours favorablement aux doléances ses administrés. Parce que l’Etat est incapable de satisfaire tout le monde, il y a lieu pour lui de mettre sur pied une cellule nationale de veille, un mécanisme d’alerte, une cellule de réflexion permanente, appelée à réfléchir sur les dysfonctionnements virtuels ou réels des services et à proposer des solutions pour les corriger.

Cette structure aura pour tâche essentielle d’alerter le gouvernement sur les crises qui pourraient naître dans un service, un département, etc. Elle pourra, à intervalles réguliers, se réunir avec des délégués du gouvernement pour leur faire le point de ses observations, préconiser des solutions pour les différents problèmes latents.

En lieu et place de ce mécanisme pour résoudre en amont les crises sociales, la plupart des gouvernements africains optent dans un premier temps pour des solutions qui n’en sont pas en réalité. Ils tentent de corrompre les meneurs, et quand ce n’est pas suffisant, ils passent aux intimidations et aux chantages de toutes sortes. Bien sûr, ces colmatages ne durent pas longtemps.

La cellule de veille et d’alerte peut aussi prendre le virage d’un comité interministériel composé de personnes au-dessus de la mêlée pour faire périodiquement des propositions de solutions pour sortir de certaines impasses. Le gouvernement peut aussi requérir l’expertise et l’expérience d’une personnalité indépendante et puissante d’une solide réputation de vigueur et d’honnêteté pour qu’elle lui fasse une étude avec des propositions détaillées sur un secteur donné et les problèmes qui le concernent.

Le Burkina regorge de compétences. Il reste au gouvernement à aller vers elles. Certes, des organes comme le Comité national d’éthique existent déjà, qui font des propositions. Mais le gouvernement les écoute-t-il vraiment ?

Car il peut exister dans l’entourage du chef de l’exécutif des personnes promptes à minimiser les crises, à le déconseiller de suivre tel conseil donné par telle personne. Ce sont les fossoyeurs du régime pour lesquels ne compte que le rapport des forces. Malheureusement, ces personnes sont les premières à prendre la fuite et à franchir les frontières lorsqu’une crise aiguë survient.

"Le Fou"

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