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Blaise Compaoré président en exercice de la CEDEAO : Pas de miracles ex nihilo

Publié le mardi 20 février 2007 à 08h45min

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Blaise Compaoré

Désigné par ses pairs le 21 janvier dernier, président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le président Blaise Compaoré est tout de suite allé au charbon avec le rôle de facilitateur du dialogue direct entre les principaux protagonistes de la crise ivoirienne.

A peine ces pourparlers entamés à Ouagadougou, la ministre des relations internationales de la Guinée Conakry , émissaire du président Conté était reçue par Blaise Compaoré en sa qualité de nouveau président de la CEDEAO. La Guinée Conakry on le sait est en proie à une grave crise socio-politique. Le parti au pouvoir, l’opposition et la société civile sont en rupture de ban. L’armée n’hésite pas à tirer à balles réelles sur les manifestants. Au total, plus de 110 morts en un mois d’affrontements sporadiques.

La Côte d’Ivoire et la Guinée Conakry sont actuellement les ventres mous d’une région ouest africaine secouée depuis le début des années 1990 par des crises socio-politiques graves qui ont menacé ou menacent le processus démocratique et même l’intégrité territoriale de certains Etats : Libéria, Sierra Léone, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Guinée Conakry, etc. Quel paradoxe que celui qui donne à voir, au moment où tous les discours politiques magnifient les vertus de l’intégration, des velléités identitaires à tendance micro-nationalistes qui menacent la paix, la stabilité et la cohésion des Etats !

Ces crises à répétition mettent à rude épreuve les objectifs de l’UEMOA et de la CEDEAO. On ne peut les conjurer sans une bonne dose de démocratie vraie, faite de tolérance, du respect des droits de l’Homme et de bonne gouvernance économique.

C’est le viatique que doit s’administrer chaque Etat avec l’accompagnement des partenaires multilatéraux. En clair, il faut d’abord réussir à construire la paix et l’intégration à l’intérieur de chaque Etat pour espérer réussir l’intégration sous-régionale, passage obligé de l’intégration régionale et continentale.

Pour gagner ce combat, des institutions telles que l’UEMOA et la CEDEAO doivent cesser d’être les squelettes d’un panafricanisme obsolète. Elles doivent opérer des mutations substantielles qui les rendent plus actives et porteuses de projets réalistes.Il faut passer du panafricanisme idéologique proverbial et contemplatif au panafricanisme agissant au quotidien pour résoudre les problèmes existentiels des Etats et des populations.

Du pragmatisme encore et toujours du pragmatisme dans le dialogue, la tolérance et la liberté, c’est le credo du président Blaise Compaoré qui a su conduire le Burkina depuis 1987, des Etats d’exception chaotiques pour en faire un pays émergent, stable et inventif dans la construction de la démocratie, du développement et de la paix.

La méthode Compaoré fera-t-elle recette dans la dynamique des mutations de l’UEMOA et de la CEDEAO ? C’est tout le bien qu’on souhaite à ces institutions. Assurément, le dossier ivoirien est un bon test après celui réussi par le président Compaoré entre acteurs politiques togolais.

Mais pour faire la paix, il faut être plusieurs et consentir dans cette optique les sacrifices nécessaires. L’expérience de Blaise Compaoré n’est donc qu’un catalyseur qui sera mis au service de tous les Etats de la CEDEAO et particulièrement de ceux en crise. Mais il ne faut pas demander au bon Dieu sa barbe ni à Blaise Compaoré de faire des miracles ex nihilo.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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