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Décristallisation des pensions militaires : Le délégué des anciens combattants explique

Publié le mardi 20 avril 2004 à 09h42min

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Comme nous l’annoncions dans notre édition d’hier, les pensions de nos anciens combattants ont été décristalisées et bientôt elles seront payées en conséquence. En attendant que "ces euros" tant attendus viennent, le délégué aux anciens combattants, anciens militaires et victimes de guerre (DACAM), le lieutenant-colonel d’administration à la retraite, Y. Roger Ouédraogo, nous situe sur la nature de cette mesure.

Sidwaya (S.) : Quelle genèse faites-vous de cette lutte qui semble avoir payé aujourd’hui ?

Colonel Y. Roger Ouédraogo (Y.R.O.) : C’est un problème que les anciens combattants africains ont enduré depuis plus de 40 ans. En effet, le problème résidait dans l’article 71 de la loi des Finances de 1960, élaborée en 1959 et qui stipulait qu’à partir de 1960, les pensions des anciennes colonies étaient cristallisées jusqu’à nouvel ordre. Cette cristallisation consistait à bloquer les pensions là où elles étaient au moment de la prise de notre indépendance. En clair, on n’avait plus droit à des augmentations annuelles comme cela devrait se faire.

En plus de cette cristallisation, on avait également bloqué les pensions de reversions qui consistaient à reverser les pensions des anciens combattants décédés à leurs veuves (légalement mariées alors que l’intéressé était en activité). Ainsi, en cas de décès, la veuve ne bénéficiait pas de cette reversion. Dans le même ordre, la retraite du combattant avait été également bloquée et ce n’est que récemment qu’elle a été rétablie. Différentes de la pension, la retraite du combattant est octroyée aux militaires qui ont fait au moins 90 jours de combat durant leur carrière. On peut faire 20 ans dans l’armée sans avoir cette retraite si on n’a pas été au combat.

Toutes ces discriminations nous ont amenés à nous regrouper au sein des associations pour plaider notre cause en demandant la suppression de l’article 71. Nous avons été soutenus par plusieurs autres associations même en Europe par nos anciens collègues combattants français. Nos actions ont fini par porter fruit avec la suppression de l’article 71.

S. : Concrètement la suppression de l’article 71 vous donne droit à quoi ?

Y.R.O. : Si je m’en tiens au document que nous avons reçu, l’article 71 a été officiellement supprimé en 2002 et consacre la décristallisation des pensions des anciens combattants africains. Il stipule également une majoration de 20% des échéances du 1er janvier 1999 au 31 décembre 2003 dont un rappel de cinq (5) ans.

La pension est votée annuellement mais elle est servie par trimestre, ce qui fait quatre échéances dans l’année. Il faut préciser en outre, qu’avec cette nouvelle mesure, nous bénéficions désormais des augmentations lorsqu’il y en aura en France mais nos pensions ne subiront pas de coupes lorsqu’il y a des diminutions.

S. : Combien d’anciens combattants burkinabè pourront-ils jouir de cette mesure ?

Y.R.O. : Je ne saurai vous le dire présentement. Il faut peut-être attendre qu’on nous communique la situation en temps opportun.

S. : Mais à quand le paiement ?

Y.R.O. : Rires. Vous l’avez déjà annoncé dans votre journal que c’est pour le mois de mai. Nous attendons l’ordre de la paierie de France avant de faire les communiqués dans ce sens mais ce qui est certain, c’est que le paiement se fera en 2004. Nous rencontrerons de nouveau les responsables de l’ambassade de France pour beaucoup plus de précisions et les modalités de paiement. Dans tous les cas, nous avions déjà entrepris des tournées dans les différentes provinces pour informer nos membres sur l’avancement de ce dossier des pensions.

Ils ont été patients durant de longues années et je les félicite pour cette attente sans aucune manifestation. Ce qui me réconforte aujourd’hui, c’est que des veuves qui n’avaient pas droit à la pension de leur mari décédé pourront au moins chaque trimestre, avoir quelque chose. Notre patience a payé.

Sidwaya

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