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Santé : Comment éviter les maladies cardiovasculaires

Publié le lundi 22 janvier 2007 à 07h05min

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"Les bourreaux des coeur". C’est ainsi que l’Association pour la promotion de l’hygiène au Burkina surnomme toutes ces maladies qui attaquent le coeur et les artères et tuent en silence. Comment les éviter ? Le président de l’APHBF donne ici des conseils précieux et gratuits qui peuvent sauver.

Que peut dire l’Association pour la promotion de l’hygiène au Burkina Faso sur les maladies cardiovasculaires qui n’ait été déjà dit, voire répété ? Rien ou peu. Mais ne dit-on pas que la répétition est mère de sûreté ou encore mère de la connaissance ? D’autres raisons nous poussent également à le faire.

D’abord pour répondre à l’appel de l’OMS qui a consacré sa Journée mondiale 1992 à ces maladies à travers son slogan "La santé au rythme du cœur". Elle entendait non seulement attirer l’attention des décideurs sur les conséquences socio-économiques des maladies cardiovasculaires ou maladies du cœur et des artères, mais surtout rappeler qu’elles sont devenues un problème majeur de santé publique dans le monde.

L’OMS parle même d’épidémie de maladies cardiovasculaires et les qualifie d’ennemi n°1 de la santé partout dans le monde ; traduction, il faut s’en préoccuper, il faut faire quelque chose. En effet, toujours selon l’OMS, les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (A.V.C), provoquent chaque année un quart de tous les décès, occasionnant ainsi la perte d’environ 12 millions de vies humaines.

Ces maladies tuent plus de gens qu’aucune autre maladie et font des millions de handicapés. Et le plus grave est que nombre de ces victimes ont moins de 65 ans (donc des morts prématurées) et surtout sont frappés les cadres supérieurs, les professions libérales et de plus en plus les cadres moyens, dont les compétences sont indispensables à toute croissance économique. Ces maladies dites modernes ne frappent plus seulement les pays industrialisés mais aussi les pays en développement qui ont en plus des maladies infectieuses, transmissibles (paludisme, méningite, choléra, maladies diarrhéiques...) non encore vaincues, d’autres formes de cardiopathies transmissibles par les bactéries ou parasites (rhumatisme cardiaque).

Une autre raison pour parler des maladies cardiovasculaires et de loin la plus importante, est que ces maladies sont évitables. La prévention est possible. Elle permet non seulement d’épargner de l’argent et surtout des vies humaines mais de stopper ou tout au moins de réduire de façon significative cette épidémie voire pandémie. Et de surcroît, elle est peu coûteuse au regard du coût des médicaments et ses résultats sont probants.

Mais comment attrape-t-on ces terribles cardiopathies ou maladies du cœur et des artères ? D’abord de quelles maladies s’agit-il ? Ici ? L’APHBF entend se limiter aux principales maladies cardiovasculaires que sont : l’infarctus du myocarde, l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux (A.V.C). Qui parmi nous ne souffre pas dans sa chair parce qu’un proche, un ami, un parent ou une connaissance est victime d’une de ces maladies ?

L’infarctus du myocarde est dû à la formation d’un caillot dans l’une des artères coronaires (qui entourent le cœur) bloquant instantanément l’apport de sang donc d’oxygène au muscle cardiaque irrigué par cette artère. De manière générale, ce caillot se constitue sur un rétrécissement localisé de l’artère, suite à des dépôts de cholestérol (graisses).

L’hypertension artérielle ou tension élevée, correspond à une pression trop élevée du sang dans les artères. Ce qui oblige la pompe cardiaque à une surcharge de travail qui la fatigue prématurément et provoque sa défaillance. L’hypertension favorise également le dépôt de graisses sur et dans la paroi des artères (athérosclérose). Cette obstruction peut entraîner à plus ou moins long terme une angine de poitrine ou un infarctus du myocarde si elle touche les artères coronaires, une insuffisance rénale dans le cas des artères rénales et une destruction progressive des cellules nerveuses du cerveau, avec les conséquences graves que l’on sait : accidents vasculaires cérébraux (paralysie, perte de la parole, baisse intellectuelle, démence ou mort subite) si ce sont les artères cérébrales qui sont touchées. Si l’infarctus du myocarde, l’hypertension artérielle et les AVC constituent les principales maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle est et demeure l’affection cardiovasculaire la plus répandue, la plus coûteuse en souffrances, en argent et en vies humaines.

Et le nombre d’hypertendus est en augmentation rapide chez nous, dans les villes surtout. L’augmentation de ces maladies est liée à l’augmentation de l’espérance de vie, au vieillissement de la population et surtout aux modes de vie. En termes de modes de vie, nous consommons de plus en plus sucrés, gras et salés. C’est la porte ouverte aux cardiopathies et leurs conséquences, au diabète et à l’obésité qui deviennent également épidemiques. Nous abusons de plus en plus de l’alcool et fumons de plus en plus jeunes.

Or, tout comme les excès de graisses, de sel et de sucre, le tabac est une grande menace pour nos artères avec exactement les mêmes risques que l’hypertension. En effet, le tabac en favorisant le dépôt de cholestérol (graisses) sur et dans les artères, en augmentant la tension artérielle et en favorisant la formation de caillots cause les mêmes dégâts graves : infarctus du myocarde, mort subite, paralysie, perte de la parole,

démence ou artérite, en fonction de la localisation du caillot. .

L’urbanisation et l’industrialisation dont les conséquences immédiates sont, le stress, le manque d’activité physique et l’excès de poids, n’arrangent pas du tout les choses. Cette absence d’exercice physique régulier nuit gravement à notre cœur, car elle l’affaiblit. En effet les sports d’entretien (la marche, la natation et le vélo) pratiqués régulièrement dilatent les artères et les protègent donc contre les obstructions (thromboses) dues aux graisses et aux sucres en excès dans le sang, conséquences de notre malbouffe. Ainsi, à l’origine de nos problèmes de santé, nos propres régimes alimentaires, très pauvres en légumes frais et fruits et malheureusement riches en graisses animales : beurre, crème, lait entier, préparations de viandes très salées (saucisses, saucissons, merguez, viandes grillées ou séchées), notre sédentarité et ce tabac.

Nous venons ainsi, d’identifier les bourreaux de notre cœur (hypertension, cholestérol, tabac et sédentarité) et en attendant de revenir plus attentivement sur le rôle de chacun d’eux, que faire ? S’il y a des facteurs favorisants sur lesquels nous ne pouvons pas beaucoup agir tels, l’âge, l’hérédité, le sexe, nous pouvons au moins adopter une hygiène de vie saine.

I. Les cardiopathies transmissibles par les bactéries ou parasites (rhumatisme cardiaque) :

Alors que l’infarctus du myocarde, l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux (A.V.C) sont les conséquences de notre mauvaise hygiène de vie, le rhumatisme cardiaque ou cardiopathie rhumatismale est déclenché par le rhumatisme articulaire aigu (RAA) qui lui- même est provoqué par une bactérie, le streptocoque beta-hemolitique de groupe A. Le plus souvent le rhumatisme cardiaque débute par une banale angine, qui sans traitement approprié, évolue vers un rhumatisme articulaire aigu et finalement vers une atteinte des valves mitrales ou aortiques du cœur. Cette cardiopathie, frappe surtout les jeunes, touchant les enfants, adolescents et jeunes adultes de 5 à 30 ans, des milieux defavorisés et à hygiène déplorable ; alors que les crises cardiaques et les A.V.C, eux frappent des sujets d’âge moyen, entre 30 et 65 ans et de milieux plus ou moins favorisés. Grâce à la pénicilline qui protège à la fois contre le rhumatisme articulaire aigu et le rhumatisme cardiaque, on a constaté dans les pays industrialisés que le déclin de l’un allait de paire avec le déclin de l’autre. Et l’amélioration du niveau de vie et de l’hygiène de l’habitation a fait le reste.

II. Les cardiopathies non transmissibles par des bactéries ou parasites (infarctus du myocarde, hypertension artérielle et AVC) : Adoptons et sensibilisons aux modes de vie sains

1) Le tabac :

Nous devons cesser de fumer. Plus facile à dire qu’à faire ? Oui, mais face à de telles menaces ? Mourir jeune et ne même plus pouvoir fumer et abandonner une femme jeune et des enfants en bas âge, sans soutien, dans ce monde de plus en plus cruel ? Qu’est-ce que l’on gagne en perdant l’usage de la parole, des bras et des mains, d’une moitié du corps (hémiplégie gauche ou droite) ou en devenant fou ?

Et pour nous aider les pouvoirs publics pourraient rendre effective l’interdiction de la publicité et de la promotion en faveur des produits du tabac, ainsi que le patronage des rencontres sportives par des fabricants de cigarettes, de façon à empêcher cette tentative d’associer dans l’esprit des jeunes, tabagisme et sport ; de même veiller à l’application effective de la mesure d’interdiction de fumer dans les transports en commun et dans les lieux publics : services, écoles, casernes, bars et restaurants couverts, etc.

Nous devons donner le bon exemple à la maison, en protégeant nos familles du tabagisme passif et en éduquant nos enfants. Il est établi aujourd’hui de manière scientifique, le lien entre le tabac et la destruction des artères d’une part et le cancer des voies respiratoires (poumons, bronches et gorge) d’autre part.

2° Nos mauvaises habitudes alimentaires :

Nous devons changer nos comportements et habitudes alimentaires, en privilégiant les aliments d’origine végétale, à savoir les céréales, les haricots, les légumes et fruits ; la viande blanche (poulet, pintade et dindon) ; les poissons et viandes maigres ; les produits laitiers à faibles teneur en matières grasses comme la margarine à base d’huile végétale, en lieu et place du beurre qui est trop riche en graisses saturées, le lait écrémé au lieu du lait entier, des saucisses moins grasses et moins salées ; du pain moins salé et plus riche en fibres ; et pour la cuisine, les huiles végétales liquides.

Et n’oublions pas de manger équilibré c’est-à-dire à chaque repas il faut manger un peu de tout : protides + glucides + liquides + fruits et légumes (pour leurs vitamines et sels minéraux). Et l’aliment le plus important l’eau. Nous devons aussi boire beaucoup d’eau, au

moins 1,5l par jour. Insistons sur le grand verre d’eau du matin à jeun, au réveil pour hydrater le corps et celui qu’il faut prendre toujours pendant les repas pour faciliter la digestion.

3° Hygiène sportive :

Des études sérieuses ont établi de manière scientifique, un lien entre les maladies cardiovasculaires et la sédentarité, apportant ainsi la preuve que l’exercice physique est bénéfique pour la santé. Tous les sports (exceptés les sports, de combat) pratiqués régulièrement, sont bénéfiques ; seulement à partir de 35 à 40 ans, nous devons privilégier les sports d’entretien cités plus haut. Le plus important dans l’exercice physique n’est pas son intensité mais sa régularité,

7 km trois fois par semaine ou une marche d’une heure par jour. En effet, nos muscles doivent continuer de fonctionner assez activement pour retarder l’apparition de l’ athéromatose (athérosclérose). Des trois sports conseillés, la marche est l’exercice physique indispensable que l’on peut pratiquer à tout âge et toute sa vie, régulièrement, progressivement et sans forcer, y consacrant 1 à 7 heures par semaine.

Les bénéfices de la marche sportive régulière sont énormes : elle fait perdre du poids, abaisse le taux de cholestérol, réduit les risques de maladies associées à l’hypertension, ralentit le vieillissement, améliore la fonction respiratoire et assure une bonne oxygénation, tonifie et rend souple, fortifie les os et augmente l’endurance, aide à prévenir le diabète. La marche est un sport peu onéreux, praticable au grand air et préférable à la course à pied qui fait souffrir de douleurs aux genoux, hanches et au dos.

Alors marchons, encore et encore ! c’est gratuit et ça rapporte très gros. Comme quoi, il faut peut-être encourager (voire réhabiliter) le sport de masse dans les services, en multipliant les terrains de jeux, de sports et les espaces verts ; en favorisant une meilleure exploitation de notre bois de Boulogne (Bangr’weogo). Nous félicitons au passage les initiateurs et les gestionnaires de ce poumon vital pour la ville de Ouagadougou.

Le Président,
Dr Jean Jacques ZEBA
Médecin hygiéniste

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 24 janvier 2007 à 13:00, par Michel WILLEKENS En réponse à : > Santé : Comment éviter les maladies cardiovasculaires

    Monsieur le Président,

    Ce matin, en me raccordant sur Internet, j’ai eu le plaisir de recevoir votre message très explicite au sujet de la protection de la santé.
    De plus, je reconnais avoir reçu, de vous, une très bonne leçon sur le sujet.

    En Belgique, l’on parle bien de ce problème mais la plupart des citoyens (les plus exclus et les plus pauvres) n’ont jamais l’occasion d’avoir autant de conseils et de détails sur un seul article aussi précieux que le vôtre.

    Je vais tenter d’avertir un plus grand nombre possible.

    Encore merci,

    Cordialement vôtre,

    Michel Willekens
    MEMBRE DE COLLECTIFS CONTRE LA PAUVRETÉ LES EXCLUSIONS

    PS :
    Au sujet de l’utilisation du vélo urbain (et régional) vous pouvez consulter le site : www.gracq.be .
    Il s’agit d’un groupement de cyclistes militants pour l’usage du vélo comme moyen de déplacement. Ce Groupement édite tous les 2 mois une brochure, laquelle prodigue de bon conseils.
    La cotisation annuelle de 20 EUR permet de recevoir toutes nos publications.
    Ces publications permettent de connaître la vélosophie qui est actuellement oubliée par les usagers motorisés.
    C’est en qualité de Porte-parole de la Locale du Gracq de Charleroi (Belgique) que je vous envoie ces informations, sans que je ne sache si vous en êtes déjà au courant.
    M.W.

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