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Arrêt du conseil d’Etat : Le Sénégal reste le Sénégal

Publié le lundi 15 janvier 2007 à 07h24min

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Initialement, les élections législatives au Sénégal devaient avoir lieu l’année passée. Puis, pour des raisons budgétaires, le président Wade décida de les reporter pour les coupler avec la présidentielle. Avec deux scrutins pour le prix d’un, l’Etat ferait ainsi des économies substantielles.

Pour noble qu’il soit, cet objectif cachait mal des manœuvres politiciennes que l’opposition condamna en son temps. Mais la majorité PDS et associés parvint à ses fins : la présidentielle et les législatives coïncideront le 25 février 2007.

Plus maintenant. Les deuxièmes viennent à nouveau d’être reportées, conséquence immédiate et directe d’un arrêt du Conseil d’Etat en date du 12 janvier 2006. Saisie par le Parti socialiste (PS) et la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (LD/MPT) il y a quelques semaines de cela, suite à la nouvelle répartition des sièges sur la liste nationale, introduite par le décret n°2006-1350 du 8 décembre 2006, la plus haute juridiction de l’ordre administratif vient en effet de donner raison aux requérants. Ces derniers fondaient leur recours sur le non-respect du critère démographique.

Du coup, pour respecter les délais prescrits par la loi électorale, le mandat des députés est de nouveau prorogé et les législatives de nouveau reportées. Un nouveau décret respectant la donne démographique sera signé avec comme conséquence, de nouvelles listes de candidats. Ça fait un peu désordre, mais avec cette décision de justice, on peut affirmer sans grand risque de se tromper que le Sénégal reste le Sénégal. Ce n’est pas partout en Afrique qu’on voit en effet des juges, bien souvent aux ordres, naviguer à contre-courant de l’Exécutif nonobstant la séparation théorique des pouvoirs. Certainement pas surtout dans ces contrées où la relecture des constitutions pour s’éterniser au pouvoir est le sport favori des régimes.

Le Sénégal reste donc le Sénégal. Il faut dire qu’on avait peur, avec les signaux de détresse qu’il émettait à intervalles réguliers, que ce phare ouest-africain de la démocratie ne finisse par s’éteindre sous les coups de boutoir d’un pouvoir qui emprisonne journalistes et opposants à tour de bras. Au point que ses contempteurs avaient fini par dire que le sopi (1), en un septennat d’expérimentation, avait viré au sapi (2).

Reste à savoir d’ailleurs si les fins stratèges du palais de l’avenue Roume n’avaient pas prévu ce dénouement judiciaire en bidonnant leur décret querellé puis annulé, convaincus qu’au bout du compte, il sera rejeté par les grands juges, et donc qu’ils auront une nouvelle raison de repousser les législatives. De cette façon, Me Wade pourra se faire "tranquillement" réélire avant de se donner encore un peu de temps, deux à trois mois, pour avoir une majorité, si ténue soit-elle, à l’Assemblée. Absurde ? Pas tant que ça !

Rabi Mitibkèta

L’Observateur

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