Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Trop c’est trop, relève, à raison, Pierre Sawadogo, dit "Your Humble Peter", précédemment étudiant en fin de cycle au département d’études anglophones.
Il a la profonde douleur de tenir l’opinion nationale et internationale, et surtout le monde estudiantin, informé du drame survenu dans la journée du vendredi 17 novembre 2006 dans la province du Bam, particulièrement dans le département de Nasséré, et plus précisément à Boulmiougou, un petit village situé entre les villages de Sillaleba, Fénéguéné, Moyimbin, Lafourba et Tenmiiga. Ce drame, c’est le père de Pierre Sawadogo qui en a été la principale victime.
"Tout a commencé quand ce vendredi 17 novembre 2006, un petit Peulh a laissé son troupeau de bœufs entrer dans le champ du propriétaire de la cour voisine, située à 100 m environ de la nôtre.
Karim, propriétaire du champ en question, a vite fait de repousser le troupeau hors du champ. Le petit Peulh tenta de s’enfuir et, dans la précipitation, une de ses chaussures est restée, et Karim s’en est emparé. C’est alors que le petit Peulh revint réclamer sa chaussure. Karim refusa et lui ordonna de revenir avec ses parents constater les dégâts, avant qu’il ne la lui remette.
Le petit Peulh alla puis revint sans aucun de ses parents, et dit ceci : "Si tu ne me donnes pas ma chaussure, nous allons enlever une vie ce soir." Mais Karim n’avait pas pris au sérieux les propos du petit Peulh et rentra chez lui avec la chaussure.
Dans la soirée, aux environs de 19h, un groupe de jeunes Peulhs armés de gourdins et très furieux se présentèrent devant la concession de Karim. Celui-ci s’avança vers eux.
S’ensuivit une altercation, puis les Peulhs commencèrent à faire pleuvoir des coups de gourdins sur Karim qui cherchait à s’emparer d’un bâton pour mieux se défendre, car il n’était armé que d’une tige de mil dont il se servait pour ranger ses poules. Le petit frère de Karim, Hamidou, ne supporta pas la scène et se jeta dans le combat pour défendre son frère et l’aider à repousser les assaillants.
Dans le coma pendant trois jours
C’est dans cette situation d’hostilité inattendue que mon papa, Albert, qui venait juste de rentrer des champs, se jeta sur son vélo et se dirigea vers le domicile de Karim. Lorsqu’ils le virent arriver, les malfrats disparurent dans la nature.
C’est là qu’on a pu constater que Hamidou avait été grièvement atteint à la mâchoire et avait perdu quatre dents sur-le-champ. En plus, il avait reçu une pierre sur la nuque. Karim, quant à lui, avait su bien se défendre et ne ressentait que des douleurs.
Sur place, ils décidèrent, de façon unanime, d’envoyer Hamidou à l’hôpital. C’est alors que mon papa retourna chez lui pour mieux s’apprêter pour le départ à l’infirmerie de Nasséré. Les malfrats qui s’étaient dispersés s’étaient regroupés par la suite au bord de la voie qui mène chez lui.
C’est à ce moment que mon papa fut cruellement et sauvagement assommé d’un coup de gourdin qui le précipita au sol où ses bourreaux, suffisamment drogués, n’ont pas eu peur du bon Dieu pour accomplir leur sale et abominable acte, celui d’ôter une vie humaine, comme prédit par le petit Peulh au champ. Mon pauvre papa, évanoui, reçut impuissamment de violents coups de gourdins sur le crâne et dans le ventre. Son crâne fut brisé sérieusement et ne pouvait plus être recousu.
C’est ainsi qu’il resta dans le coma pendant trois jours, du vendredi au dimanche. Transféré de Kongoussi à Kaya, il y rendit l’âme. "Tout comme Jésus est resté pendant trois jours dans le tombeau, mon papa Albert, quant à lui, les a passés dans le coma." Et tout comme Jésus, je reste convaincu qu’il ressuscitera, lui aussi, le troisième jour et connaîtra également la joie de la résurrection.
Aucun acte ou une mésentente antérieurs n’expliquent ni ne justifient ce forfait horrible de la part des bourreaux de mon père. Mais que nous a-t-il fait le fils de Dieu pour que nous, les hommes, nous versions innocemment son sang sur la croix ?" De même, Albert, qu’as-tu fait de mal pour mériter qu’on te brise le crâne et que ton sang soit répandu devant ta concession ? Rien, absolument rien. Ils avaient seulement envie de voir couler ton sang.
Que le nom du Seigneur soit béni !
Jésus est mort pour que l’humanité soit sauvée
Je crois qu’ils sont maintenant très satisfaits, car leurs objectifs sont atteints : tuer au moins une personne du village de Boulmiougou ; et toi tu as accepté cette mort horrible pour que tout le village de Boulmiougou soit définitivement sauvé, tout comme Jésus est mort pour que toute l’humanité soit sauvée.
A l’enterrement, le dimanche 19 novembre dans la matinée, les tensions et la colère allaient grandissantes dans les rangs, et toutes les conditions étaient ainsi réunies pour que les parents et proches de mon père descendent dans le village des coupables, incendient et massacrent tout sur leur passage. Mais, Dieu merci, j’ai réussi à ramener les gens à la raison en leur disant de ne pas céder à la vengeance, car, pour moi, un bon chrétien, c’est celui qui sait tout remettre entre les mains du bon Dieu, et lui faire confiance dans les moments de dures épreuves.
Mon appel à la non-violence a été entendu, pour l’instant, et je m’en réjouis très bien. Ma joie en ce jour est aussi grande et incommensurable d’avoir réussi à empêcher un bain de sang, un conflit interethnies, voire une guerre civile, au stade embryonnaire dont j’ai horreur.
Le dimanche 19, aux environs de 19h, la brigade de la gendarmerie de Kongoussi a dépêché deux éléments à Boulmiougou me présenter leurs condoléances les plus attristées et s’assurer par la même occasion si les rumeurs selon lesquelles les personnes endeuillées seraient déjà en partance pour un règlement de compte étaient fondées ou pas. Mais je les ai rassurés que cela avait été une tentative qui a été vite maîtrisée.
J’en appelle aux autorités compétentes en matière de justice à bien vouloir m’apporter leur soutien pour que justice soit rendue et que les auteurs et commanditaires de ce meurtre déjà détenus dans les locaux de la gendarmerie de Kongoussi soient sévèrement châtiés à la hauteur de leur forfait pour que cela serve de leçon aux autres.
J’en appelle également à tous ceux qui ont horreur de l’injustice des crimes impunis et des conflits interethnies de bien vouloir m’apporter leur soutien, car je fais face à de sérieux problèmes financiers pour poursuivre ce dossier en justice.
Que Dieu vous épargne tous une pareille situation.
Amen !"
Pierre Sawadogo dit "Your Humble Peter"
Le Pays
Vos commentaires
1. Le 23 novembre 2006 à 10:01, par mamis En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Bonjour
Peter,je te présente toutes mes condoléances les plus attristées car cela n’est pas facile, beaucoup de courage à toi ainsi qu’à toute ta famille
Par ailleurs toutes mes félicitations pour ta réaction car cela suppose du courage et un bon coeur pour refuser la vengeance
Je n’en revient pas tu crois vraiment en Dieu et c’est cette foi qui te permet de réagir ainsi car pour tout humain, la vengeance aurait été le moindre mal à cause d’une chaussure surement délabrée, perdre aussi facilement un être cher ??????Juste en voulant porter secours à quelqu’un... Voilà de quoi confirmer l’adage qui dit de se mêler que de ses affaires mais bon on ne peut pas rester impasible et ne pas porter secours à une personne dans le besoin et la détresse.
Serait il possible d’avoir ton contact car j’aimerais faire ta connaissance
Merci et encore bon courage
ina_oueder@yahoo.fr
Le 24 novembre 2006 à 14:56, par Timibé Hien En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Pierre,tu es Pierre et sur cette Pierre le Christ a encore vaincu. la preuve, l’acte que tu viens de poser est tout simplement d’ispiration divine. Que Dieu qui s’appelle Sagesse et Reconfort suprêmes t’accompagne dans cette indicible épreuve pour te soulager mais aussi pour trouver la solution qui convient.
Personnellement je prierai pour Papa Albert qui a innocemment versé du sang au nom de la tolérance et du dialogue dont tu as été et est le phare.
Que Dieu te bénisse Peter !
Gervais qui a une haute admiration pour toi !
Le 26 novembre 2006 à 10:55, par Ben_jb En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Je crois que le Sieur qui est étudiant au Canada est aussi cultivé pour savoir que cela n’a rien de raciste. Pour une simple chaussure, on es capable d’oter la vie ? De quel coté est alors le racisme ? Bon bref, je crois que Pierre nous a donné une très bonne lecçon. Nous, intellectuels, puisque moi aussi je suis un SAWADOGO et je fais mon Doctorat en Belgique devons plutôt sensibiliser les autres pour qu’il comprennent que nous sommes tous enfants de Dieu avant d’être des burkinabé.
C’est dommage !!!!!!!!!
Le 26 novembre 2006 à 23:58, par Bolal En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Je voudrais tout d’abord préciser qu’il est évident qu’il y a eu mort d’homme (par des Peuls) pour une raison absurde et je salue le comportement de Mr Pierre Sawadogo qui a certainement éviter un bain de sang. Il est aussi certain que les coupables doivent être punis.
Pour aider le sieur de Belgique, ma première intervention est une réponse au 1er commentaire. Pour commencer, voilà une définition de
Racisme : Ensemble d’attitudes et de comportements, individuels ou collectifs, consistant à réduire autrui à un caractère identitaire considéré comme spécifique , et du même coup comme "inférieur" et/ou nuisible et à légitimer à partir de ce pseudo-constat une entreprise de marginalisation, d’exclusion, voire de destruction de la personne d’autrui et de sa communauté d’appartenance.
www.polville13.net/themes/contrat/glossaire.htm
Une facon de voir en quoi les commentaires de Sieur Pacco sont racistes est de faire les liens suivants :
"Autrui" : "Peuls"
"Caractère identitaire considéré comme spécifique" :"Ce sont des gens qu’on retrouve toujours dans les conflits éleveurs agriculteurs mais aussi dans les attaques à main armées. Je crois qu’il est temps pour les autorités d’avoir le courage de faire sortir ces gens de la barbarie à laquelle ils sont habitués. On a vu recemment dans les deux dernières grandes arrestations de brigands que ces derniers étaient composés essentiellement de peulhs. Les honnêtes gens triment pour s’ensortir et eux se prelassent paissiblement et attendent pour les assomer et s’emparer de leur bien. "
En résumé : Faisons attention à ne pas généraliser trop rapidement...
Le 27 novembre 2006 à 18:14, par jb En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Je ne suis pas en train de faire une dissertation. Et puis l’histoire de je fais mon doctorat n’avait pas sa place. On s’en fou de cela. Je suis d’accord qu’il a un peu trop vite accusé les peulhs, d’ailleurs ma grand mère était peulh. C’est pas cà mon problème. Evitons de tuer pour une simple chaussure. C’est tout.
2. Le 23 novembre 2006 à 10:57 En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
En lisant ce recit j’avoue franchement que j’avais la chair de poule ! . Toutes mes condoleances et bcp de courage ! Je me sens tout confus de pas pouvoir te venir en aide mais ne pas t’ecrire ce que que je ressens presentement m’aurait paru incomprehensible !
Mes condoleances a toi brave homme ! ( j’avoue pour ma part que ma reaction aurait ete : Oeil pour oeil, dent pour dent !, voila pourquoi je t’admire a double titre
3. Le 23 novembre 2006 à 12:23 En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Bonjour Mr Pierre S.,je te présente toutes mes condoléances les plus attristées car cela n’est pas facile, beaucoup de courage. Mes parents eux vivent mais au moment de lire ton écrit je recens tes douleur. Que Dieu t’accompagne dans le bon sens tjrs. Que Justice soit faites
Amen c_victorbf@yahoo.fr
4. Le 24 novembre 2006 à 13:36, par pacco En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Je compatis à la douleur de M. Sawadogo et je salue la mémoire de son regreté papa. J’envoie ce message pour exprimer ma colère contre un tel acte et surtout parce ce qu’il s’agit d’un groupe de peulhs qui squattent dans des villages et qui troublent la quiétude des paisibles habitants. Ce n’est pas la première fois que l’on entend parler d’incidents de ce genre qui impliquent les peulhs. Ce sont des gens qu’on retrouve toujours dans les conflits éleveurs agriculteurs mais aussi dans les attaques à main armées. Je crois qu’il est temps pour les autorités d’avoir le courage de faire sortir ces gens de la barbarie à laquelle ils sont habitués. On a vu recemment dans les deux dernières grandes arrestations de brigands que ces derniers étaient composés essentiellement de peulhs. Les honnêtes gens triment pour s’ensortir et eux se prelassent paissiblement et attendent pour les assomer et s’emparer de leur bien. Il faut que ça cesse !
Le 25 novembre 2006 à 17:08, par Bolal En réponse à : > Pierre Sawadogo, étudiant, demande justice pour son père mort
Bonjour,
Je voudrais tout d’abord présenté mes condoléances à Pierre pour ce drame. J’espère sincèrement que Justice lui sera rendue. Cependant, en lisant le récit des événements, je me doutais bien de lire par la suite des commentaires "racistes". Il y a des gens mauvais dans toutes les ethnies pas seulement parmi les Peuls. Les conflits eleveurs-agriculteurs ont certainement fait des victimes autant chez les eleveurs que les agriculteurs. Les Peuls sont en majorité éleveurs, c’est la seule raison pour laquelle ils sont souvent cités dans ces conflits. Il est certainement nécéssaire de trouver des solutions pour que chacun puisse mener ses activités dans le respect de l’autre. Pour ce qui est des affirmations suivantes "dans les deux dernières grandes arrestations de brigands que ces derniers étaient composés essentiellement de peulhs. Les honnêtes gens triment pour s’ensortir et eux se prelassent paissiblement et attendent pour les assomer et s’emparer de leur bien. Il faut que ça cesse !", je suis bien curieux de savoir quelles sont les solutions que le monsieur préconise. Je voudrais aussi juste souligner que je suis Peul et étudiant au doctorat au Canada, bien loin de vouloir assommer quiconque afin de m’emparer de son bien.