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Crise ivoirienne : Des émissaires du président Gbagbo chez Blaise Compaoré

Publié le lundi 5 avril 2004 à 11h23min

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Samedi 3 avril en fin de matinée, Blaise Compaoré, le président du Faso, a reçu une délégation ivoirienne, conduite par le ministre d’Etat chargé de l’intégration africaine, Mel Eg Théodore.

Cette délégation était porteuse d’un message du président ivoirien à son homologue burkinabè, en rapport avec la brusque montée de la fièvre au bord de la lagune Ebrié qui a eu nombre de répercussions non seulement sur les Ivoiriens mais surtout sur les populations allogènes résidant en Côte d’Ivoire.

Pendant près de deux heures d’horloge, le président du Faso a échangé avec les envoyés du président Laurent Gbagbo. C’est la preuve de la gravité et de la solennité de cette audience qui intervient après les exactions et les tueries dont ont été victimes nos compatriotes après le jeudi noir abidjanais. Tous ceux qui suivent de près cette crise ivoiro-ivoirienne savent que nos plus hautes autorités attachent du prix au respect de l’intégrité physique et patrimonial de nos compatriotes résidant, en Côte d’Ivoire.

On est mémoratif que le Burkina Faso a déjà établi un mémorandum concis et détaillé répertoriant toutes les violences subies par les Burkinabè et établissant un bilan chiffré de ceux qui ont été tués dans la Côte d’Ivoire "post-houphouëttienne". En attendant de soumettre ledit mémorandum à qui de droit le Burkina Faso reste attaché aux vertus du dialogue (sans concessions ni compromissions)

Faire ce que l’on dit

Il apparaît dès lors clairement que Blaise Compaoré a dû exprimer son mécontentement (voire plus) aux membres de la délégation ivoirienne en cette matinée du 3 avril.
Un Blaise Compaoré qui a fini par se convaincre que l’actuel pouvoir ivoirien était plus adepte du double-jeu qu’autre chose. A preuve, les nombreuses rencontres entre les deux présidents qui n’ont jusque-là rien changé au martyr des Burkinabè en Côte d’Ivoire. L’heure est donc plus aux actes de bonne foi et c’est en cela que nous prenons au mot le ministre d’Etat Mel Eg Théodore, en disant que nous attendons le "changement" qu’il a évoqué sur le terrain.

C’est vrai que la Côte d’Ivoire et le Burkina sont imbriqués, du fait de la géographie et de l’histoire mais ce n’est pas pour autant qu’il faut prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Plus que les "condoléances" des autorités ivoiriennes, le peuple burkinabè attend d’elles une attitude responsable et en conformité avec les règles du droit international qui obligent les Etats à protéger tous les individus (sans exclusive) résidant sur leur sol. C’est le chemin que la Côte d’Ivoire doit emprunter pour apaiser bien de cœurs meurtris dans la sous-région. La justice ivoirienne et la communauté internationale sont donc interpellées pour vider le lourd contentieux des droits humains en Côte d’Ivoire.

Alors seulement, les uns et les autres seront "rassurés" et les séculaires relations ivoiro-burkinabè pourront reprendre sans a priori. Pour tout dire, le "bout du tunnel" dépend de tout le monde, mais surtout des actuelles autorités ivoiriennes. On attend donc de voir.

Boubakar SY
Sidwaya

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