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Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

Publié le lundi 11 septembre 2006 à 07h34min

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Olivier Zemba

Il fait partie de la dernière promotion d’étudiants burkinabè qui ont bénéficié d’une bourse afin de poursuivre des études à l’étranger après l’obtention du Diplôme d’études universitaires générales (DEUG).

Né à Abidjan, en Côte d’Ivoire, Olivier Zemba, célibataire sans enfant, a fréquenté l’école primaire de Pogbi, à Ouagadougou avant d’effectuer ses études secondaires d’abord au petit séminaire de Pabré, une localité située à une vingtaine de kilomètres de la capitale, et ensuite au lycée Philippe Zinda Kaboré, l’un des plus grands établissements du Burkina Faso.

Après deux années à l’université de Ouagadougou, il arrive en France en 1990 et s’inscrit à Paris VIII où il obtient une licence et une maîtrise en « Psychologie sociale, clinique et expérimentale ». Ne bénéficiant plus de bourse, il travaille dans un centre d’accueil à Paris pour financer ses études de troisième cycle et parvient à soutenir une thèse en 1999. Le doctorat en poche, il travaille encore deux ans dans le même centre avant d’aller tenter sa chance au Canada.
Rencontre avec un psychologue burkinabè-canadien.

En 1999, vous avez soutenu un doctorat de troisième cycle en psychologie sociale. Quel a été le sujet de ce travail ?

Olivier Zemba (O.Z) : Le thème du doctorat que j’ai défendu avec succès est la « Vérification d’un résultat expérimental en psychologie sociale. Etude de cas : l’influence minoritaire ». En quelques mots, ce travail de recherche a pour but de montrer qu’en psychologie sociale, la vérification systématique d’un résultat expérimental et la reproduction à l’identique d’une expérience, rencontrent beaucoup de difficultés. En effet, il est quasiment impossible de maîtriser l’ensemble des paramètres présents dans l’expérience initiale. Par contre, cette vérification devient possible si l’on accepte de ne prendre en compte que des mécanismes très généraux.

La vérification exige un savoir-faire nouveau et non explicite, et soulève de nombreux problèmes théoriques et pratiques en raison de l’évolution sociale et technique, ainsi que de la difficile articulation entre théorie et méthode. Il est cependant possible de redéfinir la pratique de vérification et de généraliser des résultats si l’on tient précisément compte de l’évolution historique et du fait qu’une expérience reproduite ne peut plus mettre en cause la réalité acquise de l’expérience initiale.

A la fin de vos études, vous décidez d’aller au Canada au lieu de rentrer au pays. Pourquoi ?

O.Z : C’est une question que beaucoup d’étudiants se posent et chacun a sans doute la réponse qui lui est propre. En ce qui me concerne, j’ai choisi de m’installer au Canada car je connaissais déjà ce pays pour y avoir séjourné en 1996 lors d’un colloque. J’avais rencontré des gens très sympathiques dont la vision multiculturelle de la société m’avait profondément séduit. Surtout, je l’avoue, j’ai estimé qu’il y avait de considérables opportunités de travail au Canada plus qu’au Burkina ou en France.

Comment s’est passé votre installation dans ce pays au climat plutôt froid ?

O.Z : A mon arrivée en 2001, j’ai été accueilli par un ancien camarade d’université à Paris qui m’a beaucoup aidé à affronter les premiers moments de ma nouvelle vie d’immigré. Je savais que ça ne sera pas facile mais j’étais prêt à me battre pour m’intégrer. Et la chance m’a rapidement souri car en lisant un journal de Montréal, je suis tombé sur une annonce qui proposait un poste de coordonnateur. J’ai donc postulé et une semaine plus tard, j’ai reçu un courrier m’informant que ma candidature avait été retenue et que je devais me présenter pour un entretien. Lequel s’est bien passé et c’est comme ça que j’ai eu mon premier emploi dès début septembre 2001en tant que coordonnateur du Fonds-Jeunesse-Québec. Ce fut une expérience très enrichissante pour moi.

L’année suivante, j’ai changé de travail ayant obtenu un poste de Psychologue-intervenant à la clinique transculturelle de l’hôpital Jean-Talon de Montréal. Depuis 2004, je suis professeur-adjoint de psychologie à l’university of Alberta-Campus Saint Jean, une province située dans l’Ouest du Canada, connue par ses deux grandes villes : Edmonton, la capitale administrative et Calgary, le pôle économique à cause de son pétrole et d’où est originaire l’actuel premier ministre conservateur Stephen Harper.

Qu’enseignez-vous dans cette université ?

O.Z : Je donne des cours sur plusieurs matières. En plus de la psychologie sociale, j’enseigne la psychologie clinique, la psychologie de la croissance (enfant et développement de l’individu), la psychologie de la personnalité et les processus psychologiques pour les sciences infirmières.
Dans l’ensemble, je suis satisfait de mes occupations universitaires.

Entretenez-vous des liens avec le Burkina, et comptez-vous y retourner un jour ?

O.Z : Des liens avec le Burkina ? Evidemment ! J’ai toujours ma famille et des amis, et c’est toujours avec un réel plaisir que j’ai à les retrouver à chaque fois que j’y vais en vacances. Quant à un éventuel retour définitif, je ne me suis jamais posé la question pour le moment, mais qui ne rêve pas de retourner au bercail et d’apporter sa modeste contribution au développement de la patrie ? Pour certains, ce rêve est devenu une réalité, pour d’autres, ça viendra au moment opportun !

Personnellement, je rêve de mettre sur pied quelque chose qui pourrait être piloté à distance, en collaboration ou en partenariat avec des collègues burkinabè ou africains. Encore faut-il réunir les moyens pour cela, mais il n’est pas interdit d’être optimiste.

Quel peut-être l’apport des Burkinabè de l’étranger au développement de leur pays d’origine ?

O.Z : L’apport est considérable et sous de formes multiples ! Ne serait-e que les coups de main qu’ils donnent régulièrement à la famille et aux amis, les Burkinabè de l’étranger contribuent à leur manière au développement de leur pays. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir quel est le volume de fonds transféré de la zone nord-américaine vers le vers Burkina via Western Union, et on se rendra compte de l’apport de la diaspora au maintien de la stabilité sociale.

Comment les Burkinabè du Canada se rencontrent-ils ? Sont-ils organisés dans des associations ?

O.Z : Pour être honnête, je n’ai pas de réponse à cette question. Depuis un certain temps, je ne milite plus dans les associations. Peut-être par manque de temps ! Mais j’ai eu la chance de retrouver ici des anciens promotionnaires du petit séminaire, du lycée Zinda et de Paris avec qui j’échange régulièrement. Entre nous existe vraiment un esprit de famille.

Les Burkinabè de l’étranger ne votent pas. Qu’en pensez-vous ?

O.Z : La question me fait sourire ! Peut-être que les autorités politiques ne trouvent pas cela nécessaire. Il faut plutôt poser la question autrement : à qui profiterait le vote de la diaspora burkinabè ?

Comment vous informez-vous sur le Burkina ?

O.Z. Tout simplement par les journaux et grâce à des amis qui vivent au Burkina.

Propos recueillis par Joachim Vokouma,
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 11 septembre 2006 à 16:08, par ina En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

    Bonjour Oliver, c’est Ina,te souviens tu de moi ?
    Ca fait plaisir d’avoir de tes nouvelles, bonne continuation et au plaisir !!

    • Le 11 septembre 2006 à 21:41 En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

      Bonjour Olivier, Je suis ravi de ta réussite au Canada. Tu le mérites vraiment. Je suis parfaitement admirable de ton parcours compte tenu de notre galère parisien, moi à l’école d’avocat et toi à Paris VIII. Mais la bataille nous a bien réussi et elle en valait la peine d’être livrée. J’espère vivement que notre exemple serve notre jeunesse burkinabè. Dès que tu seras de passage en France, viens partager quelques moments de bonheur avec nous à Nancy. Paul Kéré, Nancy (Kere.paul@wanadoo.fr) @+

      • Le 12 septembre 2006 à 15:54, par Louise En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

        Je voudrais l’adresse mail de monsieur Olivier Zemba car je voudrais correspondre avec lui. Je suis une jeune femme tchadienne residant a N’Djamena. Merci.

        • Le 12 septembre 2006 à 22:48, par NAGNON Babolo Laurent En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

          Bonjour à vous Olivier et merci à lefaso.net !
          C’est par les alertes Google que je vous découvre.Et c’est avec joie et intérêt que j’ai lu cet entretien.
          Je suis Laurent Nagnon, moi je suis au pays (Burkina), je n’ai pas encore cette chance de poursuivre mes études à l’extérieur. je ne l’eviterai guère si j’en ai l’occasion.Je prépare actuellement un diplôme de maîtrise en Psychologie de l’éducation et je ne désire pas en rester ici. C’est une grande joie pour moi de savoir que j’ai des açinés qui ont pu achever ailleurs et y exercent. Je souhaiterais garder un bon contact avec vous Olivier. Merci de la compréhension et beaucoup de réussite dans votre entreprise quotidienne.

        • Le 13 septembre 2006 à 11:14 En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

          Vous pouvez joindre M. Zemba à cette adresse : ozemba@ualberta.ca

      • Le 13 septembre 2006 à 19:04 En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

        Bonjour Paul,

        Quelle surprise !
        Beaucoup d’eau a coulé sous le pont de Paris, ah !ah ! On en reparlera.
        Dis-toi que je suis également admiratif de ta détermination oh combien exemplaire ! Ta situation présente est sans commentaire...bravo à toi !
        Tu le sais bien, mon cher Paul, tu seras toujours le bienvenu en Alberta.
        À bientôt !

        Olivier

    • Le 13 septembre 2006 à 18:44 En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

      Bonjour Ina,

      Merci pour tes encouragements !
      Et toi, comment vas-tu ?
      J’imagine que tout baigne pour toi et tant mieux si tel est le cas.
      Sur ce, take care et au plaisir !

      Olivier

  • Le 17 septembre 2006 à 23:02, par Francis BERE En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

    Olivier quelle surprise. C’est Francis Alain BERE ton promotionnaire du primaire a l’ecole Pogbi. Je suis content d’avoir de tes nouvelles apres plus de 20 ans. Pour ce que je viens de lire, je vois que tu as eu un parcours de combattant comme tu l’a d’ailleurs toujours ete depuis le CP1. Encore fellicitations et bonne chance. Take care and Keep on touch.

    • Le 19 septembre 2006 à 05:16 En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

      Bonjour Francis,

      Comment vas-tu ?
      Je suis ravi d’avoir de tes nouvelles. Dis-toi que nous avons beaucoup de choses à se raconter et je ferai tout mon possible pour te rencontrer probablement l’été prochain.
      En attendant, on garde le contact.
      Porte-toi bien !
      Prière de me filer également les nouvelles de ton cher père qui fut pour moi un enseignant-éducateur exemplaire.

      Olivier

    • Le 19 septembre 2006 à 22:37, par Francis BERE En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

      Happy for your reply. I’m working now in Chad with United Nations World Food Programme as Programme Officer. I’ll be in Burkina for this Christmas. My father is also well. He will be happy if he has your news. Can I talk to you on phone ? My private mail is Francis_bere@yahoo.fr Please send me a mail. Take care.

  • Le 23 septembre 2006 à 09:47 En réponse à : > Olivier Zemba : « Je ne me suis jamais posé la question du retour au Burkina »

    Bonjour Olivier,
    Je suis une burkinabee, Etudiante aux USA. Cela fait deux ans maintenant que je poursuis des etudes en Business Administration et je me suis retrouvee sur un des passages en lisant to interview : la question de retourner ou non me hante l’esprit depuis l’obtention de mon premier emploi ici (compensation depassant de loin ce que j’expectais). Il ya tellement d’opportunites ici et je ne sais pas s’il faut rentrer ou bien rester, parce que je finirai dans un an et demis. Meme etant etudiante presentement, je travail(part-time) dans un organism non gouvernemental americain comme agent comptable et je travail aussi sur internet comme agent commercial (2 boulots qui paient extremement bien et sans problem).
    J’aimerais avoir les conseils des aines comme vous et cela me fera plaisir si on correspondait.
    Mon email est idouin@yahoo.com
    I look forward to hearing from you.
    Take care !

    P/S : Je m’excuse de l’hortographe car le clavier est anglais.

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