LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Maxime Somé, enseignant de lettres et écrivain

Publié le lundi 26 juin 2006 à 08h16min

PARTAGER :                          

Maxime Z. Somé

Burkinabè résidant en France, Maxime Z. Somé, Docteur d’État ès Lettres est professeur certifié de Lettres modernes et enseigne en région parisienne. Ecrivain, il a reçu en janvier dernier, le prix "Salon du Livre du net" pour son cinquième roman, "L’ombre de la vie".
Lefaso.net est allé à la rencontre de celui qui, à 5000 kilomètres reste très attaché à son Faso natal où il s’investit avec passion dans la promotion de la littérature.

Quel est le parcours de Maxime Somé ?

MZS : Maxime Somé, est un burkinabé qui a passé son enfance dans son village de Bapla/Diébougou dans la province de la Bougouriba. J’aime me définir comme le fruit des écoles chrétiennes car j’ai été profondément marqué par cette éducation de tolérance dès mon école primaire à Bapla puis au premier cycle secondaire au Collège de Diébougou actuel Collège Pierre Kula.
Ensuite, j’ai fréquenté le grand Lycée Ouezzzin Coulibaly.

Je suis fier de dire qu’au moins trois de mes anciens professeurs ont occupé ou occupent aujourd’hui de hautes responsabilités dans notre pays. L’été dernier, j’ai eu le plaisir de retrouver mon professeur de philosophie, M. Mouchot, qui passe des jours heureux dans la banlieue parisienne... Vingt-six ans plus tard, on se revoyait, je lui ai annoncé que son élève de terminale scientifique (série D) est fier de son professeur et maître car j’avais obtenu un 16/20 au bac de philo.

Arès quatre années à l’université de Ouagadougou et une maîtrise en poche, je suis arrivé en France en septembre 1984 pour préparer une thèse de doctorat... Mais Maxime Somé n’est rien sans son épouse Betty et leurs trois filles. La vie de famille et les amis sont de l’oxygène pour moi.

Vous avez reçu le prix du Salon du livre 2006 ; pouvez-vous nous présenter ce prix ?

MZS : Ce prix est décerné à une œuvre en français publié entre le 1er janvier et le 25 décembre de l’année précédente. L’oeuvre doit être ancrée dans l’époque actuelle (forme au choix : roman, essai, nouvelle, poésie, théâtre...) Le jury présélectionne 50 ouvrages, ensuite, le choix final se fait sur un ouvrage...

Vous savez, j’ai été surpris ! Et pour la petite histoire, ce 3 janvier 2006 (pas celui plus historique de 1966, car j’étais tout petit !), j’ai pris mon courrier et la lettre m’annonçant le prix est tombée... Le lendemain dans ma cour, j’ai vu une enveloppe par terre toute mouillée, car on était en plein hiver... Un courriel tardif m’annonçait la bonne nouvelle...la suite, vous la connaissez. Un seul regret, c’est très intime, mon père nous a quitté six mois plus tôt (juin 2005), j’aurais aimé qu’il soit là pour partager cela avec son fils... Mais, là où il est, il appréciera !

Quelles sont ses caractéristiques par rapport à d’autres prix et à quoi donne-t-il droit et ?

M ZS : En réalité c’est le premier prix de l’année, il est attribué le premier janvier à 00h00. Sur le site salon du livre.net., ... En matière de prix littéraire, les philosophies sont nombreuses et divergentes. Il y a le prix qui cherche à soutenir de manuscrit et à favoriser la publication. Il y a des prix qui soutiennent la promotion d’une œuvre, ce qui favorise les ventes d’une maison d’édition (on entend souvent c’est le tour d’une telle maison...).

Je pense que le Prix littéraire du salon du livre a une autre approche, même si les ventes sont dopées après. L’esprit de départ s’inspire de certains Prix prestigieux, ce sont la reconnaissance littéraire et la qualité d’un travail sur la langue qui sont récompensées. Comme, le Goncourt par exemple, il ne donne pas une grande récompense financière. Tout cela est symbolique. Toutefois la satisfaction morale est grande. En tout cas, c’est un burkinabé qui est le premier africain à recevoir ce Prix Littéraire du salon du livre. Cela me donne notamment le droit de mettre sur ce livre la belle bande rouge « Prix littéraire Salon du livre 2006 » et dans mon CV « Lauréat du Prix littéraire salon du livre 2006 »

Pouvez-vous nous présenter l’oeuvre qui vous a valu ce prix ?

MZS : À travers ce roman, j’ai essayé de saisir des visages simples dans leur quotidienneté pour exprimer l’âme et les cultures de nos sociétés en profonde mutation. Sur une dizaine d’années, une histoire aventureuse et pleine d’enseignements de Joseph, enfant de la rue, désireux de réussir sa vie en dépit des embûches, des tentations, des trahisons, des peines. Passant de la délinquance à la rédemption grâce à des rencontres singulières qui lui permettent de prendre conscience des valeurs essentiels, parviendra-t-il à réaliser ses rêves ?

C’est un prétexte pour moi pour aborder la question des enfants de la rue dans les villes, de l’immigration (Eh ! cela tombe bien ou mal..., après la parution de mon livre que j’ai voulu être une fiction, la réalité m’a rattrapé avec ces images atroces d’êtres humains se cachant dans la forêt et blessés devant ces murs de barbelés à la frontière hispano-marocaine... et récemment certains qui veulent une immigration « choisie » !

La misère, c’est comme l’air chaud, est aspiré par les zones froides, c’est la même relation entre la misère et les zones de Surabondance,...alors les zones riches, le meilleur choix consiste à aider le Sud à se développer dans votre propre intérêt. Dans un discours fort à l’ambassade du Burkina Faso le Président du Faso, de manière pédagogique a expliqué le droit de chaque Etat et la nécessité d’une justice, d’un humanisme en faveur de tous les habitants de la terre.

Qu’en est-il du reste de votre bibliographie ?

MZS : Oui, il est sans doute intéressant de parler de soi, mais il est encore autre chose de plus, ce sont les personnes qui collaborent avec moi avant la parution des ouvrages ou après. J’ai une première lectrice privilégiée, Mme Laurence Michalot, qui met en forme le tapuscrit, lit et me donne ses premières impressions sur le livre. J’invite aussi vos lectrices et lecteurs à visiter son site www.michalot.com . Elle fait un travail formidable, les éditeurs sont satisfaits lorsque je présente le tapuscrit corrigé. Merci Madame Michalot.

Ensuite, permettez-moi, de remercier André TIAO, un ingénieur burkinabé, qui a construit mon site personnel. Maintenant, merci à Lefaso.net de me donner l’occasion de faire ma propre publicité. Alors, j’invite les lectrices et lecteurs à aller visiter mon site personnel :www.somez.com , il y a toute ma bibliographie, un forum et contact, et un lieu vers votre journal. Je profite annoncer la parution dans quelques jours de mon sixième ouvrage aux Editions L’harmattan, Contes du Burkina Faso pour mes trois filles, Un été à Douarnenez, 11 euros

Vous êtes écrivain mais aussi professeur de lettres ; pouvez-vous nous parler de votre carrière professionnelle ?

MZS : Oui, je suis écrivain, mais il est exact que j’ai plusieurs autres choses qui me font courir professionnellement à travers le monde. Mais en réalité les choses sont pour moi assez simples : enseigner, faire de la recherche, former, expertiser. Donc mon activité professionnelle se résume en quatre axes majeurs. Docteur d’Etat ès Lettres, option linguistique. Je suis membre associé au laboratoire de Modélisation, Dynamique et Corpus du département des sciences du langage de l’Université Paris 10-Nanterre. J’ai également un cours complémentaire de littérature française. Je suis également professeur-référent pour les professeurs de français néo-titulaires, il faut les accompagner en donnant les ficelles au début d’un métier de plus en plus difficile compte tenu des évolutions sociologiques et sociétales.

Je suis expert en langues et TIC, membre du Comité des 15 experts de la CEA-ACALAN (Académie Africaine des Langues), du Comité Technique IDN-UNICODE in AFRICA à ce titre je suis invité pour intervenir sur des thèmes dans le domaine de mes compétences. Par ailleurs ayant fait une thèse d’Etat et publié un livre sur le sujet, je suis consulté pour mon expertise sur les questions de politique éducative et/ou d’aménagement linguistique. Permettez, par respect pour les différents organismes ou Etat de ne pas citer des exemples.

Vous vous investissez aussi dans l’édition ; quels sont vos réalisations et vos projets en la matière ?

MZS : Oui, ce n’est pas un secret que j’ai un grand enthousiasme pour la culture, l’éducation... et comme le dirait Pasteur, cet enthousiasme est un Dieu intérieur qui m’anime. Il faut construire les bases matérielles de cette culture. Je téléphone un jour à une personne responsable d’une structure culturelle, voici la réponse « Au Burkina, on ne lit pas, on fait et regarde le cinéma... », Invité à une célèbre manifestation, je m’entends dire des choses terribles sur la littérature au Burkina.... Nous en sommes responsables, visiter le site le MACT... a peine le tiers des écrivains, les autres sont-ils des écrivains maudits ou non burkinabé ? Il faut mettre fin à cet apartheid littéraire.

Aujourd’hui, je prends le contre-pied de la doxa qui consiste à soutenir des manuscrits et les primer à la SNC et se jeter dessus pour les éditer sans assurer leur promotion ni au Burkina ni à l’extérieur...Je m’investis dans l’édition, notre jeune maison était présente à la SNC 2006 avec 5 titres après seulement 1 an et demi d’existence. Mes projets, il faut encourager l’édition pour cela, il est impératif d’inverser la tendance :
- Primo, des jurys indépendants (c’est-à-dire plus d’éditeur ou conseiller littéraire dans les jurys)
- Secundo, les maisons d’édition doivent éditer (à elles de chercher les nouveaux manuscrits), assurer la distribution et la promotion des œuvres
- Tertio, les maisons d’édition doivent présenter à la SNC, deux à trois ouvrages édités les deux dernières années dans chaque genre.
Ces quelques mesures permettront aux écrivains burkinabé primés à la SNC, de voir un peu la couleur de leur Prix, oui de sentir un peu « les feuilles »....

Depuis quand résidez-vous en France ?

MZS : C’est une question intéressante, mais elle suppose une rupture avec mon point de départ. Arrivée en France depuis septembre 1984, je me rends régulièrement au pays, avant 1 ou 2 fois..., maintenant, il m’arrive d’y retourner 3 à 4 fois dans l’année... Surtout, cela va vous surprendre, mais chaque jour, j’ai au moins deux à trois correspondances téléphoniques avec le pays, pas de la capitale seulement. Souvent c’est moi qui donne les informations du pays à certains. Vous voyez, il me plaît de dire souvent à mes amis, que le fait d’habiter les 274000 Km2 n’est pas une raison suffisante.... A 5000 km, si on a le désir et la volonté, on est exactement et même plus informé que le compatriote moyen de Toma ou de Diébougou.

Quels liens avez-vous gardé avec le Burkina ?

MZS : Vu ce que je viens de dire plus haut, vous comprenez que les liens n’ont jamais été rompus.
Mes amis, je ne peux pas les oublier, ils me téléphonent du pays et ils prennent un peu de leur précieux temps pour me voir. Je ne suis pas une île, ni une presqu’île avec le Burkina. Je suis en plein dedans avant de dormir, en me réveillant et en travaillant. Comme le dit la SONABEL, même en cas de coupure, les installations doivent être considérés comme sous tension car à tout moment le courant, c’est-à-dire le contact est rétabli avec le Faso.

Je vais vous faire une confidence, mon lien est tellement fort et maintenant, que je serai très fréquent au Burkina dans les mois à venir pour y dispenser des cours à l’Université de Koudougou. C’est un devoir sacré de contribuer à la formation des cadres de son pays lorsqu’on a acquis l’expérience et le savoir à l’extérieur.

Cyriaque Paré
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 27 juin 2006 à 01:52, par Sié Offi SOME En réponse à : > Maxime Somé, enseignant de lettres et écrivain

    Salut Cyriaque ,
    Salut Maxime

    Et merci pour ce travail discret que tu abats sur le net pour faire connaître le Faso et les Burkinabè.
    Je connais un peu Maxime pour avoir milité avec lui dans le mouvement scout. Il m’a soutenu lors de mon évacuation en catastrophe pour raisons sanitaires en 2004 à Paris. Je lui souhaite de la persévérance dans son travail.
    Félicitations à l’écrivain et à l’ami que j’aurais peut-être l’occasion de revoir avec plaisir puisqu’il promet donner de son temps aux jeunes étudiants de la nouvelle université de Koudougou.

    Amitiés

    Sié Offi SOME

    • Le 11 juin 2007 à 21:40, par tangba En réponse à : > Maxime Somé, enseignant de lettres et écrivain

      Akwaba Mr SOME,

      Comme c’est bizarre et parfois surprenant ! je le connais très peu dans l’ombre sans l’avoir vu. Je crois qu’il est rentré et definitivement, chose qui me donnera peut être l’occasion de le croiser un jour !

      Bonne chance dans votre nouveau costume

  • Le 30 juin 2006 à 00:20, par NOAGAPREMIER En réponse à : > Maxime Somé, enseignant de lettres et écrivain

    merci pour l’exemple que vous etes pour nous les etudiants burkinabe de l’exterieur comme du pays.
    ce sont des exemples comme vous qu’on devrait lire chaque jour pour avoir la force et le courage de continuer et aussi la foerte d’etre burkinabe.GOD BLESS YOU AND YOURS.

  • Le 8 février 2023 à 16:59, par Dianda En réponse à : Maxime Somé, enseignant de lettres et écrivain

    Suis ravi d’être l’étudiant de ce grand homme qui lutter depuis fort longtemps afin que la linguistique soit à Koudougou. Merci professeur

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique