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Institut des jeunes sourds du Faso : Un réconfort pour les enfants marginalisés

Publié le jeudi 22 juin 2006 à 07h01min

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Souvent laissés-pour-compte à cause de leur handicap, les enfants malentendants et sourds-muets peuvent pourtant bien réussir leur réinsertion. L’Institut des jeunes sourds du Faso (IJSF) basé à Bobo-Dioulasso, à travers une formation adaptée mise en place pour ces enfants, arrive à faire des prouesses malgré un environnement économique difficile.

Apporter du réconfort et un soutien aux personnes défavorisées est l’une des vocations de l’Eglise. Une sorte de philosophie guidée par la recherche d’une société de paix et de justice qui a conduit l’Eglise des Assemblées de Dieu (EAD) du Burkina Faso à créer à Bobo-dioulasso en 1987, un établissement à caractère social régional, spécialisé dans la formation et l’éducation des enfants malentendants et sourds- muets.

Cet établissement scolaire primaire parrainé par le Conseil général de l’Eglise des Assemblées de Dieu est placé sous la tutelle conjointe du ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation et du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale.

La vision de l’IJSF est d’offrir à cette frange défavorisée victime de préjugés sociaux, un cadre de formation pouvant aboutir à leur épanouissement. L’institut, en 20 ans d’existence, selon l’actuel directeur Salam Ouédraogo, a enregistré des acquis tant au niveau de l’action pédagogique que de l’environnement du travail et ce, malgré de multiples difficultés.

Depuis 1997, l’établissement dispose avec le concours de partenaires, de ses propres locaux, composés d’une école de six classes au secteur n° 6 (Kuinima) afin de mieux répondre à un nombre de plus en plus croissant d’élèves. De 8 en 1987 ce nombre a atteint 75 à la rentrée scolaire 2005-2006. Au niveau des résultats scolaires, les résultats des candidats au CEP sont révélateurs des capacités réelles des enfants malentendants et sourds- muets à réussir aux mêmes épreuves d’examen que les enfants normaux.

A la session 2003 du CEP par exemple, les épreuves communes ont donné 4 admis sur 6 candidats de l’IJSF. En 2004-2005, sur 11 candidats présentés, six ont décroché leur diplôme. Autant de satisfaction qui amène l’équipe de Salam Ouédraogo à redoubler d’ardeur dans la recherche de voies et moyens pour amener l’établissement à remplir pleinement sa mission.

Des obstacles de l’action pédagogique

L’Institut des jeunes sourds du Faso, à en croire son directeur, traverse une situation difficile marquée par le retrait des partenaires qui ont toujours été les principaux soutiens financiers de l’établissement. A ce niveau, il convient de relever le retrait progressif de l’ONG allemande Christoffel Blinden Mission qui, jusqu’à une date récente, supportait la totalité des charges salariales du personnel.

A l’heure actuelle, témoigne M. Salam Ouédraogo, l’IJSF ne reçoit que quelques aides et souvent de façon ponctuelle, d’organismes de bienfaisance. Ces aides sont loin de combler les besoins de l’institut. Face à cette réalité, l’Etat sollicité y a affecté quatre enseignants sur les huit que compte l’établissement. Cependant, les besoins en ouvrages pédagogiques spécialisés et de stages des encadreurs et des parents d’élèves restent cruciaux.

L’établissement manque de salles d’audiologie et d’infirmerie. Il y a aussi le besoin de local pour l’internat. Voici quelques années déjà, l’UNESCO avait commencé à financer ce projet. Mais sans qu’on ne sache véritablement pourquoi, a expliqué le directeur de l’IJSF, la deuxième tranche de financement devant achever la construction de l’infrastructure se fait encore attendre. Pourtant, la finalisation de ce projet devrait ôter une grosse épine du pied de l’institut en tant que alternative aux problèmes de transport des élèves et de déperdition scolaire.

En effet, le mini-car affecté au transport des élèves des secteurs périphériques présente en ce moment, des signes d’épuisement et n’est plus en mesure de répondre à cette charge.

A cause de cela, des élèves éloignés de l’école et dont les parents ne pouvaient assurer le relais ont dû abandonner les cours. Parallèlement, a indiqué Salam Ouédraogo, le besoin en formation va croissant d’année en année du fait des ravages et des séquelles de la méningite.

Des projets autonomes comme solution

L’équipe dirigeante actuelle de l’institut n’est pas résignée, face à la diminution progressive de l’aide quelle reçoit de ses partenaires. Elle travaille depuis deux ans à la mise en oeuvre de projets générateurs de revenus pouvant aboutir à terme à une autonomie financière. D’ores et déjà, un centre avicole de 1000 pondeuses et un jardin horticole sont en place et génèrent quelques fonds.

En plus, l’établissement ambitionne de mettre en œuvre une dizaine d’autres projets parmi lesquels la construction d’un atelier de formation en menuiserie, en peinture, en électricité et la mise en place d’une cantine scolaire pour permettre aux enfants dont la plupart sont issus de familles démunies (chômage des parents ou emplois précaires) de se restaurer sur place. En attendant, la structure peut se réjouir de ce que certains de ses pensionnaires, après le CM2 ou le CEP, ont suivi une formation dans des ateliers de formation privés et attendent de s’installer à leur propre compte. L’équipe dirigeante de l’IJSF se réjouit du concours tant appréciable des partenaires à l’établissement qui a permis à un certain moment d’éviter une fermeture sous le poids des difficultés. Une raison de plus pour le directeur Salam Ouédraogo et son équipe qui s’engagent avec l’implication des parents d’élèves « à se battre pour que les enfants qui sortent de cet institut puissent utiliser leurs dix doigts ».

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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