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Le directeur général du FMI : « Consolider les acquis »

Publié le lundi 5 juin 2006 à 07h20min

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Dans le texte ci-après, le directeur général du Fonds monétaire international, M. Rodrigo de Rato exprime sa satisfaction sur les progrès réalisés par certains pays d’Afrique. Cependant, il les invite à consolider les acquis. A ceux qu trainent encore les pieds, M. Rodrigo de Rato appelle à faire des efforts.

Nous recevons de nombreuses régions d’Afrique des nouvelles encourageantes sur l’expansion économique et la réduction de la pauvreté. Les avantages de la stabilisation économique deviennent de plus en plus visibles : ces dernières années, la croissance a été la plus forte depuis trente ans et l’inflation la plus basse depuis vingt-cinq ans. Toutefois, de nombreux pays sont encore loin d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement établis par les Nations unies, qui incluent notamment une réduction de moitié de la pauvreté, selon certains indicateurs, d’ici à 2015. Une croissance encore plus vigoureuse sera nécessaire sur l’ensemble du continent pour faire reculer sensiblement la pauvreté.

Les indicateurs économiques sont peut-être encourageants, mais il faudra redoubler d’efforts pour que cela se traduise par des améliorations perceptibles de la vie quotidienne des populations.Le FMI prend note avec satisfaction des progrès considérables qui ont été accomplis et continue de collaborer avec les pays membres pour poursuivre cette marche en avant. Nous cherchons aussi à rendre nos conseils de politique économique aussi efficaces que possible.

Les divers groupes que j’ai rencontrés lors d’une visite en Afrique subsaharienne en mars dernier - décideurs, législateurs, représentants de la société civile et des entreprises, journalistes - ont parlé des principaux problèmes de la région. Ils ont cité le manque d’infrastructures : il est urgent d’investir dans la modernisation des systèmes de distribution d’eau, d’assainissement et de transport.

Ils ont parlé de l’accès insuffisant aux soins de santé, aux écoles et aux marchés. Bon nombre d’entre eux ont évoqué aussi la marginalisation persistante de l’Afrique sur la scène du commerce mondial, qui est peut-être l’un des plus gros obstacles au progrès économique. Que peuvent faire les pays de la région pour avoir un impact concret ? Tout d’abord, les pays qui obtiennent de bons résultats doivent tirer parti de leurs progrès en saisissant l’occasion offerte par l’allègement de la dette et la perspective d’une augmentation qualitative et quantitative de l’aide extérieure grâce à une aide redimensionnée.

Pour améliorer le développement humain, les pouvoirs publics peuvent utiliser le surcroît d’aide pour augmenter leurs dépenses de santé et d’éducation, ainsi que leurs investissements dans les infrastructures.

Ainsi, les populations commenceront à voir et à sentir des améliorations tangibles.

Par ailleurs, pour éviter une nouvelle accumulation de dettes, les pays doivent emprunter de manière prudente et renforcer leur capacité de gestion de la dette. Une accélération de la croissance passe nécessairement par un secteur privé dynamique.

J’ai beaucoup parlé à des représentants du monde des affaires lors de mes divers voyages en Afrique.

Il est encourageant de constater qu’une plus grande importance est accordée aux améliorations indispensables du cadre réglementaire et, en fait, du climat des affaires en général dans de nombreux pays africains. Cependant, les entrepreneurs font encore face en Afrique à plus d’obstacles que dans toute autre région du monde - des infrastructures inadéquates, des systèmes juridiques et financiers fragiles, une gouvernance médiocre et, trop souvent, des conflits armés.

C’est pourquoi l’investissement privé en Afrique n’a augmenté que légèrement ces dernières années.

En 2004, c’est en Afrique que le climat des affaires s’est amélioré le plus lentement dans le monde.

Pire encore, pour trois pays africains qui ont allégé leur réglementation, un pays africain a alourdi la sienne.

Les entrepreneurs constatent qu’il demeure plus difficile en Afrique subsaharienne que partout ailleurs de faire exécuter un contrat commercial par l’intermédiaire des tribunaux.

A l’évidence, il faut redoubler d’efforts.

Les investisseurs seront naturellement attirés par des pays où l’Etat de droit et les droits de propriété sont appliqués et respectés.

Le développement du secteur financier retient aussi une attention bien méritée, mais c’est le commerce international qui est crucial.

Les pays africains ne doivent pas se contenter des concessions de la communauté internationale, aussi importantes soient-elles.

La réduction des obstacles aux échanges, notamment au sein du continent, est essentielle pour le développement de l’Afrique.

Une autre question importante est la gouvernance. Trop souvent, la gouvernance des pays n’inspire pas la confiance des investisseurs, y compris, surtout, des citoyens des pays eux-mêmes.

Un niveau élevé de corruption constitue un symptôme de mauvaise gouvernance. Une bonne gestion des dépenses publiques est essentielle afin de gérer le surcroît d’aide. Elle contribue aussi à une bonne gouvernance en montrant aux citoyens que les ressources publiques sont utilisées de manière transparente et efficiente.

Il est absolument fondamental d’éliminer la corruption, partout où elle existe.

Globalement, le meilleur moyen pour le FMI d’aider les pays africains à relever les défis du développement consiste à continuer de fournir de bons conseils de politique économique qui soutiennent la croissance, aident à faire reculer la pauvreté et permettent aux pouvoirs publics d’utiliser au mieux l’aide extérieure.

Ces éléments sont au cœur de la stratégie à moyen terme du FMI, que j’ai présentée à 184 pays membres en septembre dernier.

Depuis lors, j’ai procédé à de vastes consultations, notamment avec les gouvernements et la société civile, et je vais rencontrer nos pays membres pour examiner comment appliquer cette stratégie.

Les pays à faible revenu doivent être mieux représentés dans le processus décisionnel du FMI, une organisation qui est si importante pour un si grand nombre d’entre eux. C’est un élément important de nos entretiens sur la stratégie à moyen terme.

Enfin, d’autres acteurs ont aussi un rôle essentiel à jouer, notamment la Banque mondiale et d’autres organisations internationales pour le développement.

Les donateurs doivent non seulement tenir leurs promesses d’accroissement de l’aide, mais ils doivent aussi rendre celle-ci plus prévisible et moins contraignante pour les bénéficiaires.

La communauté internationale déploie déjà des efforts impressionnants pour harmoniser et renforcer la coordination de l’aide aux pays à faible revenu. Nous avons l’intention de continuer de collaborer étroitement avec les autres organisations pour veiller à ce que notre effort collectif bénéficie aux pays à faible revenu.

Roberto de Rato,
Directeur général du Fonds monétaire international

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Vos commentaires

  • Le 6 juin 2006 à 00:11 En réponse à : > Le directeur général du FMI : « Consolider les acquis »

    J’apprecie les initiatives du directeur général du FMI. Il faudra , certes reconnaître qu’il y a des pays d’Afrique qui avancent et d’autres pourrissent. Mais au fond le vrai obstacle n’est pas uniquement la corruption. Elle est un fléau dans la plupart des pays Africaines selon certains analystes économiques. Je crois qu’elle est une signe d’un cancer qui ronge l’Afrique , la dépendance économique et monnétaire vis à vis de la France. La plupart des pays d’Afrique qui croupissent dans la misère et la corruption sont francophone et membre de la zone franc Cfa. Ce sont des pays où l’Etat n’arrive pas à payer les salaires de leurs fonctionnaires , à investir pour le developpement.
    Comment voullez vous qu’un juge qui cummule huit mois d’arrièrés de salaires ne soit pas à la merci d’un simple vendeur de drogue ?
    Je pense donc qu’il faudra aider l’Afrique à trouver son indépendance économique et monnétaire afin qu’il puisse choisir la voie de développement.
    SAID ABDILLAH Said Ahmed

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