LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Chefferie traditionnelle Bobo : Le chef de Sangouélélouma intronisé

Publié le vendredi 26 mai 2006 à 06h51min

PARTAGER :                          

Amoro Sanou, nouveau chef de Bobo

Depuis le décès de Siaka SANOU le 13 mars 2003, le siège du chef de peau de Sangouélélouma était vacant jusqu’au jeudi 27 avril 2006 qui a vu l’intronisation du nouveau chef en la personne de Amoro SANOU.
L’événement qui a eu lieu à Dioulassobâ a réuni tous les fils Bobos qui sont venus témoigner leur attachement à la tradition de leurs ancêtres. Les bruits assourdissants des fusils traditionnels et les louanges des griots ont rythmé cette cérémonie d’intronisation riche en couleurs.

A l’origine du chef de peau (Golotigui en dioula), se trouve Mômoro géniteur de quatre enfants que sont Sombri, Sombrisouro, Tiémokôba et Mollo.
Tiémokôba et Mollo ont constitué le royaume Bobo vers le 12e siècle, avec les OUATTARA de Kong.

Les quatre fils de Mômoro ont ainsi constitué les quatre branches de la chefferie chez les Bobos ce qui se perpétue jusqu’à nos jours. Ainsi Sombri c’est la famille du chef de canton ; Sombrisouro c’est la famille Foroba à Koko, Tièmokôba c’est la famille de Sangouélélouma et Mollo c’est la famille de Tinissilaloma qu’on appelle aussi Dagasso. C’est donc un des descendants de Tiémokôba qui a été intronisé ce 27 avril dernier.

Expression d’une culture multiculturelle, ciment de la cohésion sociale
L’intronisation d’un chef chez les Bobos est soumise à un rite particulier dans lequel les esclaves jouent un rôle important. En effet du temps des guerres entre royaumes, les captifs et autres esclaves achetés étaient « propriétés » du chef qu’ils désignaient sous l’appellation « leur mari ».

Ainsi lorsqu’un chef venait à décéder, ceux-ci proclament leur « veuvage » et demandent un nouveau mari qui sera le nouveau chef. C’est donc dire que chez les Bobos, on note quatre (4) maris que sont les quatre (4) chefs représentant les quatre (4) branches de la chefferie.

Depuis un certain temps, sur les quatre branches de la chefferie Bobo, trois étaient vacantes, leurs titulaires étant décédés. Il s’agit des représentants de Sombri, Ali Kollo SANOU ; de Sambrisouro, Moussa SANOU de Dagasso, de Sangouélélouma, Siaka SANOU.

Seul Adama SANOU de Tinissilaloma représentant de Mollo est en vie. Sur les quatre « maris » des Bobos, il ne restait qu’un seul. Avec l’intronisation de Amoro SANOU comme le nouveau chef de peau de Sangouélélouma, cela fait maintenant deux maris pour les sujets Bobos, en attendant que les deux autres soient intronisés.

Le successeur de l’ancien chef de canton (Ali Kollo SANOU) sera intronisé après la sortie des masques blancs parce que ceux-ci sont destinés à célébrer le décès d’un chef. On attend donc de voir la danse des masques blancs avant de connaître le successeur du chef de canton.

Dans l’évolution des 4 branches de la chefferie chez les Bobos, les familles de Sangouélélouma et de Tinissilaloma jouent le rôle de fils. Elles constituent des intermédiaires directs entre les pères.

Le chef de peau de Sangouélélouma est ainsi considéré comme un coursier car c’est lui qui est responsable auprès des pères.

La chefferie bobo, il faut le dire, occupe une place très importante dans le vécu quotidien de ce peuple malgré les changements introduits par la modernité. Elément d’une culture multiculturelle, elle constitue toujours le ciment de la cohésion de ce peuple à travers l’esprit d’unité créé entre les différentes familles.

Ces derniers temps, on a remarqué un peu de zizanie entre les fils de Bobo sur le plan politique ce qui a déteint sur la chefferie traditionnelle. Si on arrive à mettre en place les quatre branches de la chefferie, les Bobos auront alors des personnes indiquées qui assureront la cohésion de la grande famille bobo.

Le chef de peau est un maillon très important. On ne peut pas parler sans lui. Son intronisation va certainement entraîner les fils de Bobo vers l’unité tant recherchée en attendant que les deux autres piliers complètent l’édifice.

Par Drissa KONE à Bobo-Dioulasso

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 26 mai 2006 à 22:05, par Bagalé En réponse à : > Chefferie traditionnelle Bobo : Le chef de Sangouélélouma intronisé

    Nécessité d’une conférence nationale sur l’histoire des Bobos
    Monsieur Koné, je constate que vos interlocuteurs ne vous ont raconté qu’une facette de l’histoire de ce "peuple" nommé Bobo. Votre reportage que concerne que l’intronisation d’un des chefs bobo-dioulas !
    La zizanie entre les fils de Bobo que vous qualifier de politique est plus profonde que ça. L’histoire d’un peuple doit être basé sur un minimum de concensus. C’est pour cette raison que j’estime qu’il faut une conférence nationale ou tout autre instance pour crever l’abcès des bobos. Cette histoire d’esclave que vous évoquer, si elle est propre aux bobo-dioulas, tel n’est pas le cas chez d’autres composantes de ce peuple. Ce qui est vrai c’est que les bobos-dioulas ont été des collabos du colonisateur pour asservir les autres bobos.
    Des masques blancs, demandez aux autres bobos ce que le masque blanc représente pour eux dont le "Dieu" est le Dô !Et ce n’est pas l’archévêque de Bobo qui dira le contraire lui dont le titre de la thèse est éloquente en la matière : du Dô au Crédo".
    En tout cas, sachez que je suis un bobo de Koumi, bien imprégné de ces questions, tout au moins en ce qui concerne mon village. Et ce n’est pas ce que vous rapporter que je porte comme message à mes enfants.
    Je suis disponible à apporter ma contribution à ce débat s’il était enclenché, à moins qu’il ne soit étouffé encore par des politiciens comme les Thomas Sanon, comme celà l’a été il y a une dizaine année déjà. Trop de compromissions sont à la base de la situation délétère que connaît le peuple Bobo....
    Dr Sanon B. Gustave dit Bagalé Kuminlin

  • Le 27 mai 2006 à 13:21, par Kotogo En réponse à : > Chefferie traditionnelle Bobo : Le chef de Sangouélélouma intronisé

    Je n’ai rien contre les traditions, mais peut-on contitnuer à faire l’apologie de l’esclavage ? Malgré les guillemets utilisés dire que " L’intronisation d’un chef chez les Bobos est soumise à un rite particulier dans lequel les esclaves jouent un rôle important" me semble inopportun dans le contexte actuel. Ou faut-il comprendre que l’esclavage persiste toujours chez les Bobos ? Je n’ose pas le croire : c’est peut-être pour cette raison qu’ils ont du mal à introniser les deux autres "maris".
    Plus sérieusement, je pense que l’Etat doit purement et simplement interdir toute pratique qui magnifie l’esclavage. Si le terme esclave est utilisé dans le sens de la parenté à plaisentérie, cette richesse burkinabè, inch alla. Alors qu’il semble qu’en pratique certains bobo-dioulas continuent de croire dure comme fer qu’ils ont des esclaves dans leurs rapports sociaux. Ne parlons pas des autres bobos qu’ils traitent d’enfants de femmes porteuses de feuilles. Salif Diallo ne pouvait mieux résumer la situation politique à Bobo en disant qu’elle empreinte d’ethnicisme et j’ajouterai que celà même entre les Bobos eux mêmes.
    Alors je suis parfaitement d’accord avec Monsieur Bagalé pour dire qu’il faut que les autorités prennent leur responsabilité. C’est pas rendre service à la communauté bobo encore moins à la communauté nationale en laissant distiller des termes comme cantons (nostalgie de la période coloniale) et esclaves (nostalgie de la période de la traite négrière)...

    • Le 30 mai 2006 à 22:27, par Dadaah En réponse à : > Chefferie traditionnelle Bobo : Le chef de Sangouélélouma intronisé

      C’est une chose de réagir à un article ; mais encore faut-il que l’on s’assure de l’avoir compris. Même sans avoir jamais foulé le sol de la ville de Bobo ; comment peut-on croire qu’une certaine forme d’esclavage persiste encore au Burkina, au point d’en faire l’apologie ? De toute évidence, Kotogo, n’a rien contre la tradition à condition qu’elle ne lui soit pas étrangère. Les raisons qu’il avance pour justifier une "extermination", ou du moins un baillonnement de toute autre forme de tradition que son esprit refuse de tolérer (et de comprendre), sont tout simplement ridicules. Les Bobos n’ont certainement pas besoin d’un Kotogo, qui encourage la discorde pour finallement demander à l’Etat de suprimer " cette forme de pratique qui magnifie l’esclavage"( car c’est là, son seul objectif). Nous savons tous ce qu’est la parentée à plaisanterie ;elle n’est sûrement pas indéfiniment étendue, et tout le monde ne plaisante pas avec tout le monde. les vrais ethnicistes se réfugient souvent derrière elle pour déverser le fuel mégalomaniaque qui les ronge de l’intérieur et qui leur fait croire qu’ils ont le droit de juger qu’une tradition est supérieure à une autre au Faso. Je suis pour une conférence nationnale comme le suggère mr Bagalé, mais qu’elle ait lieu afin de nous intruire sur l’histoire des Bobos et de toute autre ethnie de notre beau pays, dont l’histoire nécessite d’être revisée.Un règlement de compte entre descendants d’anti et pro-colonialistes ne ferait que nous ridiculiser tous. C’est sans doute le souhait le plus profond et inavoué de Kotogo.

  • Le 27 mai 2006 à 21:04, par Sidala En réponse à : Enfin, une page d’histoire

    Bonjour,
    Je suis une fille bobo, née de parents tous deux bobo ;Cependant, ma connaissance de l’histoire de cette ethnie se résumait jusqu’ici aux maigreurs qu’on a daigné nous enseigner sur Djimbi Ouattara.C’est donc dire que j’étais toujours sur ma faim. Je vous félicite pour votre initiative et votre engagement manifeste pour la rébilitation de l’image de cette ville, qu’on s’évertue depuis un certain temps à salir en lui collant une étiquette d’anarchie. Notre chère Ville a besoin de tous ses fils pour s’en sortir. Pour vivre en bonne communion, il est important que nous ayons une bonne connaissance de notre histoire ainsi que celle de toutes les tendances ethniques qui y vivent. Merci de nous donner cet aperçu et ne vous arrêtez pas en si bon chemin. On en redemande.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique