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Burkina/Situation alimentaire au postscolaire et secondaire : Les acteurs de l’éducation de Diapaga appellent l’autorité à sauver ce qui peut l’être dans un bref délai

Publié le jeudi 28 mars 2024 à 22h00min

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Burkina/Situation alimentaire au postscolaire et secondaire : Les acteurs de l’éducation de Diapaga appellent l’autorité à sauver ce qui peut l’être dans un bref délai

Dans cette déclaration, signée des acteurs de l’éducation du post-primaire et secondaire de Diapaga (chef-lieu de la région de l’Est, province de la Tapoa), parvenue à la rédaction de Lefaso.net, ils interpellent l’autorité sur plusieurs situations difficiles qui prévalent dans la localité.

Au titre des situations difficiles évoquées dans la déclaration, les acteurs parlent d’une crise alimentaire délétère due au fait qu’il est quasi impossible de trouver des vivres dans la ville de Diapaga. Face à la situation, les acteurs de l’éducation à travers leur déclaration appellent l’autorité à sauver ce qui peut l’être encore.

Autre situation évoquée par les acteurs, ce sont les arriérés des professeurs communautaires. Selon les explications données dans la déclaration, depuis janvier 2024, aucun professeur communautaire n’a été payé.
L’intégralité dans la déclaration ci-dessous.

Lefaso.net

MENAPLN/DPEPS/TAPOA

Burkina Faso
Unité-Progrès-Justice

DECLARATION DES ACTEURS DE L’EDUCATION DU POST-PRIMAIRE ET SECONDAIRE DE DIAPAGA.

Depuis le début de l’année scolaire 2023-2024, les élèves du post- primaire et secondaire ont repris tardivement le chemin de l’école dû au déplacement difficile des acteurs que nous sommes. Grâce à notre bravoure et détermination, les cours se poursuivent lentement mais surement malgré les conditions difficiles liées à l’insécurité. Nous avons travaillé dans la faim et l’incertitude car pour nous, cela est un devoir pour tout citoyen qui aspire à un retour paisible.

L’éducation pour nous, est un élément fondamental de résilience, donc rien ne devrait nous pousser à l’abandon. Cependant, comme le dit un adage : « Une belle fille ne peut donner que ce qu’elle a ». Pour dire que nous ne pouvons pas aller au-delà de nos capacités. Ainsi, les maux qui saillent aujourd’hui notre environnement sont à la limite pour nous insupportables. Ces maux sont entre autres :

Premièrement, la situation alimentaire. En effet, aujourd’hui il est quasiment impossible de trouver des vivres dans la ville de Diapaga, nonobstant le passage récent du convoi de ravitaillement. Tous les acteurs font face à une crise alimentaire délétère. Cette situation nous laisse perplexe ne sachant pas à quel saint se vouer. Chaque acteur de son côté essaie de se donner tous les moyens pour s’alimenter d’autres iront même à s’humilier en se fiant aux élèves juste pour avoir à manger puisque certains d’entre eux ont la possibilité d’en avoir auprès des structures humanitaires.

Deuxièmement, nous avons également les professeurs communautaires qui sont toujours dans l’attente de leur paiement. En clair, depuis janvier 2024 aucun professeur communautaire n’a touché un seul centime de sa paie en dépit de la vie extrêmement chère que nous menons ici à Diapaga, une vie dans laquelle même ceux qui perçoivent régulièrement leur salaire ne s’en sortent pas.

Troisièmement, nous avons aussi la participation aux examens scolaires. Explicitement parlant, les années antérieures, nous avons remarqué avec désolation le choix de certains examinateurs. Nous sommes conscients que tout le monde ne peut pas être pris comme examinateur, mais c’est déplorable que les plus méritants (ceux qui tiennent les classes d’examens soient écartés au profit des moins méritants).

Nous avons par exemple vu un chef de centre qui est devenu correcteur dans une discipline pendant qu’il y’ avait quatre professeurs de la même discipline qui tenaient la terminale. De même nous avons le cas des professeurs qui ne tiennent pas le second cycle et qui corrigent le baccalauréat. Une situation certainement liée aux fausses déclarations de certains chefs d’établissement.

Quatrièmement, le retour du personnel à la fin de l’année scolaire. Pour ce fait, le retardement de notre venue nous oblige à nous inquiéter pour notre retour car nous avons remarqué impuissamment ce problème l’an passé. La plupart des acteurs éducatifs qui devraient aller composer soit les concours professionnels soit les concours directs n’ont pas pu le faire et cela nous inquiète énormément puisque la majorité d’entre nous doit composer et en cas de manque ou de retardement de déplacement du personnel, cela impactera négativement notre avenir.

PROPOSITIONS DES PERSPECTIVES.

Au regard de tout ce qui précède, nous faisons des propositions suivantes :
 Pour le cas des vivres, nous suggérons que l’autorité rentre en contact avec ses services sociaux présents à Diapaga pour sauver ce qui peut l’être dans un bref délai.
 En ce qui concerne les arriérés des professeurs communautaires, nous invitons ceux qui sont responsables des finances à la direction régionale de l’enseignement post-primaire et secondaire et de la promotion des langues nationales de l’Est de prendre la situation au sérieux tout en évitant le plus possible les éventuels retards dans les mois à venir.

 car à la limite c’est inhumain de laisser des travailleurs dans cette zone rouge pendant trois (03) mois sans salaire.
 Pour la participation aux examens, nous recommandons la vigilance des responsables chargés des examens et concours quant aux choix des examinateurs et prendre des mesures pour sanctionner les auteurs des fausses déclarations comme l’exigent les textes.
 Quant au retour des acteurs résilients nous faisons les propositions suivantes à l’autorité :

-  Ramener tous les acteurs des collèges qui ne seront pas retenus pour l’examen du BEPC avec les vols qui viendront pour ledit examen
-  Pour les acteurs des lycées, procéder de cette même manière. A la fin des examens les acteurs résilients doivent être priorisés pour le retour car c’est très difficile de rester loin de sa famille pendant plus de huit (08) mois. Mais avant cela, l’autorité doit prendre toutes ses dispositions pour permettre aux acteurs de composer leurs concours professionnels.
-  Disponibiliser les convocations le plus tôt possible pour permettre aux acteurs de prendre leurs dispositions.

Nous tenons pour seul responsable, le bon déroulement du reste de l’année scolaire et les examens, l’autorité, car tout dépendra de la satisfaction de nos préoccupations. Par ailleurs, la reprise des cours à Diapaga au post- primaire et secondaire est conditionnée par les résolutions des problèmes que nous attendons de l’autorité.

Nous ne décidons pas d’arrêter les cours par gaieté de cœur mais par contrainte. Nous avons la certitude de la bonne foi des autorités quant à la satisfaction de nos préoccupations et le bon déroulement de l’année scolaire 2023-2024 et sommes ouverts aux éventuels échanges pour trouver des solutions.
Vive l’éducation au Burkina Faso !
Vive l’éducation dans la Tapoa !
Que la paix revienne au Burkina Faso !
La Patrie ou la mort nous vaincrons !
Fait à Diapaga, le 27 mars 2024

Les Portes paroles

YONLI Adjima

Professeur au CEG Communal 1

TANKOANO Nakaolo

Professeur au L.P Excellence

SOURABIE Moumine

Professeur au Lycée Untaani

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