Burkina/Santé : « La consommation des intrants nutritionnels chez les personnes bien portantes est déconseillée », préviennent les acteurs de la santé
La consommation des intrants nutritionnels tels que les « Plumpy’Nut » et « Plumpy’ Sup » est déconseillée chez les personnes bien portantes. Ces produits, utilisés pour la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ou modérée, sont très souvent détournés de leur usage premier, car distribués ou vendus sur la place publique alors que cette pratique est interdite. Selon Hélène Ouédraogo, nutritionniste, cheffe de service prévention de la malnutrition à la direction de la nutrition au ministère de la Santé et de l’hygiène publique, la consommation de ces alicaments a des conséquences sur la santé des personnes saines qui ne sont pas touchées par la malnutrition.
Au Burkina Faso, la malnutrition constitue un problème de santé publique auquel il faut impérativement s’attaquer. Chaque année, ce sont des milliers d’enfants de moins de cinq ans qui sont touchés par la malnutrition aiguë. Le gouvernement burkinabè qui fait de la couverture santé universelle son cheval de bataille fait ainsi de la question de la malnutrition l’un des axes prioritaires sous son mandat. A cet effet, le ministère de la Santé et de l’hygiène publique, grâce à l’appui financier de ses partenaires, acquiert chaque année des intrants nutritionnels (Plumpy’Nut et Plumpy’Sup) pour la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère ou modérée.
Le Plumpy’Nut est un produit dédié à la récupération nutritionnelle des enfants à partir de 6 mois et souffrant de malnutrition aiguë sévère. Ces intrants thérapeutiques sont mis à la disposition des enfants malnutris, des enfants le plus souvent vulnérables et démunis, à titre gratuit. Malheureusement, il a été constaté à plusieurs reprises que ces intrants se retrouvent sur le marché et en quantité croissante. « Le Plumpy’Nut permet de prendre en charge les enfants qui sont malnutris avec ou sans complications. Il est conçu pour permettre à ces enfants de récupérer de leur malnutrition », a insisté Hélène Ouédraogo, cheffe de service prévention de la malnutrition à la direction de la nutrition au ministère de la Santé et de l’hygiène publique.
L’usage détourné de ces intrants nutritionnels fait qu’un plus grand nombre de la population y a accès. Ainsi, des adultes et enfants qui ne sont pas malnutris s’adonnent à la consommation du « Plumpy’Nut » et du « Plumpy’Sup ». « La vente de ces intrants dans les boutiques et marchés fait que la population a accès au Plumpy’Nut et au Plumpy’Sup. Il est consommé par des adultes et très souvent par des enfants qui sont sains. Ce qui est vraiment déconseillé. Ce sont des intrants qui sont destinés à la prise en charge des cas de malnutrition. Donc du moment que ces personnes adultes et enfants sont sains, qui ne sont pas malnutris, plus tard ils pourront souffrir de surcharge pondérale, d’obésité ainsi que des maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension, le diabète etc. », a-t-elle souligné.
- La consommation de ces alicaments a des conséquences sur la santé des personnes saines qui ne sont pas touchées par la malnutrition, selon Hélène Ouédraogo
Et d’ajouter : « Ce n’est pas de la pâte d’arachide ni du chocolat. C’est ce que les gens ne comprennent pas. C’est un alicament puisque quand vous regardez sa composition, c’est vraiment énergétique, avec des minéraux et des vitamines adaptées aux besoins de l’enfant malnutri qui vont lui permettre de récupérer très facilement ». A l’en croire, l’enfant qui n’est pas malnutri et qui ne présente pas des carences en ces minéraux ou vitamines fera un « surdosage » quand il va consommer le Plumpy’Nut. C’est pourquoi, ce produit est dangereux pour les personnes saines et donc déconseillé.
Face à cette situation, elle invite les acteurs à l’utilisation judicieuse de ces intrants car dit-elle, « ce sont des milliards que le gouvernement burkinabè investit chaque année pour l’achat de ces intrants avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Donc il n’est pas question que ces intrants soient détournés de leur utilisation première ». Elle a aussi fait savoir que des sanctions sont prévues en cas de vente des intrants nutritionnels.
« Actuellement des actions sont prises au niveau du ministère de la Santé et de l’hygiène publique. Nous avons posé une plainte contre X dans les différents tribunaux de grande instance au niveau des treize régions sanitaires. Ce qui va permettre à l’autorité de pouvoir interpeller les acteurs qui n’ont pas l’esprit d’éthique et de déontologie. La plainte est là, nous comptons sur nos populations qui sont intègres, patriotes, pour qu’ensemble nous puissions lutter contre la vente illicite des intrants nutritionnels », a laissé entendre Hélène Ouédraogo.
C’est dans cette dynamique que le ministère, à travers le Secrétariat technique chargé de la multisectorialité pour la nutrition et la Direction de la nutrition, s’est engagé dans cette lutte pour la prévention des risques de détournements illicites des intrants essentiels pour les enfants. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]
Romuald Dofini
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 11 janvier à 14:36, par Raso En réponse à : Burkina/Santé : « La consommation des intrants nutritionnels chez les personnes bien portantes est déconseillée », préviennent les acteurs de la santé
Vivement que le combat contre la corruption annoncé par IB se mette en branle. Ceci est un exemple pathétique ou des agents indélicat détournent des suppléments destinés aux enfants les plus vulnérables pour leur profits égoïstes.
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2. Le 11 janvier à 19:21, par Lati En réponse à : Burkina/Santé : « La consommation des intrants nutritionnels chez les personnes bien portantes est déconseillée », préviennent les acteurs de la santé
c’est vraiment dommage. Dans mon quartier dans la zone derrières les cimetières de kamboisin, le produit coute 300f et il est vraiment consommé. il faut que quelque chose soit fait pour connaitre le circuit d’approvisionnement des boutiques et mettre fin à ces pratiques.
En plus de cela, il faut lutter contre les agents des santé qui transforment clandestinement leur domicile en services de soin en allant jusqu’au hospitalisation à domicile.
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