Ce projet couvre la région du Nord à travers les districts de Titao, Ouahigouya et de Thiou, la région du Sahel à travers le district de Gorom-Gorom et même au Niger. Il a pour but de renforcer la sécurité alimentaire des enfants de 0 à 6 mois et de 6 à 23 mois. L’objectif à terme est d’améliorer les conditions de vie, la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, faire face aux conflits et renforcer la cohésion sociale et le respect réciproque des populations vulnérables de 198 villages accessibles (346 313 personnes) de 13 communes au Burkina Faso en faisant profiter les ménages vulnérables, les déplacés internes et les ménages hôtes. Cependant, pour le compte de la région du Nord, le contexte sécuritaire a contraint le projet à étaler son programme d’activités sur les sites de PDI de la ville de Ouahigouya.

Et selon le spécialiste de nutrition et représentant de l’administration du projet, Boureima Zango, la fermeture des CSPS a fortement impacté l’accès des populations aux services de santé alors que la crise sécuritaire impose bien de défis aux Burkinabè. Laquelle crise a également engendré celle alimentaire. Cette situation est encore plus perceptible chez la femme enceinte, la femme allaitante et chez les enfants de moins de 5 ans. C’est pourquoi PROGETTOMONDO à travers le projet Améliorons nos vies a décidé d’expérimenter l’école des "maris modèles" afin d’apporter un appui déterminant en termes de nutrition dans les ménages. Cette stratégie nouvelle se déroule en trois temps.

Boureima Zango, spécialiste nutrition et représentant de l’administration du projet

Initialement, elle a consisté à opérer un tri de 20 hommes exemplaires dans la conduite de leurs ménages. Ensuite, ces hommes sont formés par des spécialistes en nutrition grâce au projet. Cette formation prend en compte également les ASBC. Enfin, les maris modèles, sous l’encadrement de proximité des ASBC, organisent des séances de sensibilisation sur les sites de PDI notamment sur le rôle que les hommes doivent jouer dans la bonne nutrition des femmes enceintes et des enfants.

Les thématiques du projet concernent également l’hygiène et l’assainissement et celles liées à la santé de façon globale. Le rôle des maris modèles serait donc de sensibiliser les autres hommes sur les thématiques développées. Selon le spécialiste, l’idée d’impliquer les hommes dans la nutrition est quelque peu inédite mais tient compte du fait que les hommes sont ceux qui assument les décisions dans les ménages. Ainsi, leur apport dans ce projet sera très fructueux s’ils sont activement impliqués, conclut-il.

Quant à Issouf Nacanabo, représentant des maris modèles, il soutient : « Nous avons été associés à la formation du projet ANV afin de faire de nous des relais sur les différents sites PDI de la ville de Ouahigouya. Notre rôle est de sensibiliser les habitants des sites sur les thèmes en lien avec la nutrition des femmes enceintes, les femmes allaitantes et les enfants de moins de 5 ans en général.

Issouf Nacanabo, représentant des maris modèles

Nous sommes entassés sur les sites du fait de la crise sécuritaire, argue-t-il. Les problèmes de nutrition, d’hygiène et d’assainissement sont donc fréquents. Un suivi régulier et une assistance technique et nutritionnelle sont indispensables pour assumer la santé et le bien-être des PDI en général et de la femme enceinte, allaitante et des enfants en particulier ». Pour conclure, M. Nacanabo assure que leur mission sera un succès car la sensibilisation se fera entre chefs de ménages et la stratégie est toute trouvée.

Par ailleurs, Oumarou Ouédraogo, agent de santé à base communautaire explique : « Nous sommes ici pour la formation sur la gestion des ménages, singulièrement en son aspect nutrition. Il faut noter que le nombre d’enfants malnutris est assez élevé au Burkina Faso. Mais avec la crise sécuritaire, les régions touchées comme la nôtre vivent intensément le problème. Si la sous nutrition et la malnutrition ne sont pas traitées dans des délais raisonnables, cela peut avoir des conséquences dévastatrices. Nous pensons donc que ce projet vient à point nommé car il prend en charge une problématique assez préoccupante. Nous sommes déjà prêts et bien armés pour rejoindre les sites avec les maris modèles et contribuer au bien-être des PDI », rassure-t-il en guise de conclusion.

En rappel, les kits d’animation des séances de sensibilisation seront remis aux participants le 24 octobre et les premières séances d’animation se tiendront le 30 de ce mois.

Abdou-Azize TAO
Lefaso.net