Appelé mois des épidémies, février avec son cortège de maux (harmattan et poussière notamment) nous rappelle le triste souvenir des événements des années 2000 où plus d’un millier de personnes avaient péri suite à cette terrible maladie cyclique. La menace est réelle. Déjà, une vingtaine de cas sont signalés dans la province du Ioba dont deux décès. Dans les départements et villages de Horonkoua, Kouléba, Orpone, Guéguéré, le mal est là. Dans la Comoé, une trentaine de cas sont signalés. La maladie a déjà fait sept morts. Et les sites aurifères, dont on sait le peu d’hygiène qui y règne, sont graduellement gagnés par l’épidémie. Un site comme celui de Tiéfora, situé à 25 km de Banfora, est devenu un “épicentre » dans la région.

Les responsables locaux de la santé redoutent fortement une complication de la situation, vu l’insalubruté qui existe. Le district sanitaire de Solenzo est actuellement en situation d’épidémie alors que ceux de Bobo-Dioulasso 15 et de Dano ont atteint le seuil d’alerte, selon les services de santé. La situation commande que le gouvernement, les services de santé, la population et les partenaires du Burkina déploient plus d’énergies pour juguler le mal avant qu’il ne se propage sur l’ensemble du territoire.

C’est vrai que le dispositif de riposte et la dotation de tous les centres de santé en médicaments et en consommables est déjà fonctionnel dans les localités concernées. Cependant, le gouvernement, les associations de la société civile et la presse devraient désormais mettre l’accent sur la mobilisation sociale par l’information afin d’aider les hommes de terrain, notamment le personnel soignant à circonscrire et à éradiquer le danger.

Sur les sites aurifères par exemple où tout semble être permis : drogues, alcools frelatés, banditisme, prostitution, manque d’hygiène et d’eau, il faut se déployer rapidement. Des campagnes de sensibilisation par la radio, la télévision et dans les journaux sur l’hygiène et la salubrité sur ces sites et les logements environnants doivent être entreprises pour ne pas compliquer une situation déjà explosive.

Outre l’action des prêtres, des imams, des éducateurs, animateurs, griots et autres guérisseurs et charlatans, les radios locales doivent être mises à contribution dans le but d’amener la population à une meilleure prise de conscience sur les bienfaits de la salubrité afin d’éviter le pire. Même si la campagne électorale pour les municipales se profile à l’horizon, la prudence voudrait que certains sites aurifères soient fermés pour protéger la santé des populations. Sur ce terrain-là, les premiers responsables administratifs et politiques des régions sont interpellés.

Sans tomber dans la répression mécanique, ils peuvent prendre rapidement des mesures idoines. Les souches de méningocoques A, C et le W135 défient les pays sahéliens de la sous-région, condamnés depuis une dizaine d’années à des travaux de Sisyphe. Le Burkina, qui est dans la ceinture méningitique, se devrait de faire appel à la communauté internationale si malgré ses efforts, les circonstances l’exigent. Il importe maintenant de mieux organiser les campagnes de vaccination réactives qui concerneront prioritairement les districts sanitaires en épidémie.

Par Issa SOMA
Sidwaya