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Dossiers de crimes au Burkina : Le CNP-NZ appelle le peuple burkinabè à se mobiliser contre l’impunité

Publié le mardi 19 juillet 2022 à 15h24min

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Dossiers de crimes au Burkina : Le CNP-NZ appelle le peuple burkinabè à se mobiliser contre l’impunité

Dans cette déclaration du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) parvenue à la rédaction de Lefaso.net, le comité de pilotage interpelle les autorités sur les risques qui pèsent sur les dossiers de crimes au Burkina. Pour cela, il appelle le peuple burkinabè à se mobiliser contre l’impunité et à exiger l’égalité de droits et de devoirs pour tous. L’intégralité dans la déclaration ci-dessous.

Déclaration du CNP-NZ sur les risques qui pèsent sur les dossiers de crimes

L’opinion nationale et internationale a assisté à une séquence inédite de l’histoire du Burkina Faso les 7, 8 et 9 juillet 2022. En effet sur invitation du Président de la Transition, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, l’ancien Chef d’Etat Blaise Compaoré a séjourné au Burkina Faso du 7 au 9 juillet 2022. Ce retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso, après huit ans d’exil en Côte d’Ivoire, s’inscrit, selon la présidence du Faso, dans le cadre d’une « rencontre de haut niveau » entre le Président Damiba et les anciens chefs d’Etat burkinabè.

Cette rencontre qui devrait donc réunir les anciens présidents, Jean Baptiste Ouédraogo, Blaise Compaoré, Yacouba Isaac Zida et Roch Marc Christian Kaboré, autour du président Damiba a eu lieu effectivement le 8 juillet dans l’enceinte même de la Présidence du Faso. Selon le président Damiba, cette rencontre s’inscrirait dans le cadre d’une démarche de réconciliation nationale.

Le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) rappelle que les Burkinabè sont nombreux à souhaiter le retour de l’ensemble des exilés politiques, particulièrement celui de l’ancien président Blaise Compaoré, mais pas dans les conditions d’une défiance de la justice dont l’indépendance reste à consolider.

En effet, déchu du pouvoir lors de l’Insurrection populaire d’octobre 2014, Blaise Compaoré avait aussitôt quitté le Burkina Faso le 31 octobre pour se réfugier en Côte d’Ivoire, laissant derrière lui de nombreux dossiers de crimes de sang en souffrance devant la justice burkinabè. L’un de ces dossiers est sans conteste le dossier du coup d’Etat du 15 octobre 1987 au cours duquel le Capitaine Blaise Compaoré avait pris le pouvoir suite à l’assassinat du Président Thomas Sankara ainsi que douze de ses compagnons. Le procès de ce dossier qui a connu plusieurs péripéties judiciaires s’est ouvert finalement le 11 octobre 2021 en l’absence de Blaise Compaoré, principal inculpé avec 13 autres inculpés.

Malgré le mandat d’arrêt international lancé à son encontre par la justice burkinabè, Blaise Compaoré qui entre temps s’est attribué la nationalité ivoirienne, faisant prévaloir cette dernière sur sa nationalité burkinabè, n’a jamais répondu aux requêtes de la justice pour la manifestation de la vérité dans ce dossier qui cristallise en bonne partie les tensions sociales dans notre pays. Jugé par contumace, Blaise Compaoré a été condamné à la prison à perpétuité, le 6 avril 2022, date du verdict du tribunal militaire. Certains accusés ont été relaxés et les condamnés purgent leurs peines à la Maison d’arrêt et de correction des armées, à l’exception de deux personnes. Il s’agit de Hyacinthe Kafando et de Blaise Compaoré qui n’ont jamais déféré à la justice burkinabè et n’ont pas respecté la décision de justice.

Nonobstant cette décision de justice et le mandat d’arrêt international contre lui, le CNP-NZ note que Blaise Compaoré a foulé impunément le sol burkinabè, avec la complicité de celui qui est censé être le premier garant de la justice et de son indépendance, le Président Paul Henri Sandaogo Damiba.

En faisant venir ainsi Blaise Compaoré au Burkina Faso, et en lui déroulant le tapis rouge à Kosyam, le Président Damiba viole son serment de Président du Faso et consacre l’impunité. Au nom de quoi le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) du Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba se donne-t-il le droit de vouloir soustraire Blaise Compaoré, fut-il ancien président, de la justice ? Quelle réconciliation peut-on espérer par de tels actes ? La vérité et la justice sont les piliers qui soutiennent la réconciliation. Et l’expérience de la journée nationale du pardon du 30 mars 2001, qui a été un échec, devrait nous l’enseigner.

Cette forfaiture du régime du MPSR inquiète le CNP-NZ et toute personne soucieuse de la construction d’un véritable Etat de droit démocratique. En effet, l’arrivée de Blaise Compaoré qui a toujours refusé de répondre à la justice burkinabè vient bafouer l’indépendance de la justice chèrement acquise par le peuple. En orchestrant cette manœuvre, Paul-Henri Sandaogo Damiba viole le serment qu’il a prêté en tant que Président du Faso.

Le mercredi 16 février 2022, Paul-Henri Sandaogo Damiba après son coup d’Etat le 24 janvier 2022, avait quand même prêté serment devant le Conseil constitutionnel en jurant par ces termes sacrés de notre loi fondamentale : « Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter la Constitution, de garantir la justice à tous les Burkinabè ». En l’installant dans ses fonctions, le doyen d’âge du Conseil constitutionnel lui avait pourtant rappelé que par ce serment, il prend « l’engagement devant le peuple du Burkina Faso de faire prévaloir le droit et la justice sous toute autre forme de gouvernance et pour cela aucun sacrifice n’est de trop... ». Ce reniement de son serment fait peser un lourd danger sur l’Etat de droit au Burkina. Qu’en sera-t-il des autres dossiers de crime qui attendent aussi de connaître leur épilogue ?

Comment ne pas être inquiet quand on pense au dossier relatif à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses trois compagnons, Blaise Ilboudo, Ernest Zongo et Abdoulaye Nikiéma, pour lequel nous réclamons vérité et justice depuis plus de 23 ans ! Poursuivi pour l’assassinat de notre confrère le 13 décembre 1998, François Compaoré, petit frère de Blaise Compaoré, qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international multiplie les obstacles à son extradition de la France vers le Burkina Faso. Il faut craindre que l’impunité que le régime du MPSR veut accorder à Blaise Compaoré ne soit une maladie contagieuse. Dans la même veine, l’opinion a appris la sortie de prison du Général Gilbert Diendéré pour une permission de cinq jours. Selon son avocat qui s’est exprimé sur les médias, cette permission est conforme à la loi qui prévoit 30 jours de permission par an pour toute personne condamnée.

Mais en réalité c’est une compréhension intentionnellement erronée que l’on tente de faire passer dans l’opinion dans le but de tromper les Burkinabè. Le Général Diendéré, ou toute autre personne, a le droit de bénéficier d’une permission mais encore faut-il que cela s’inscrive dans le cadre strict de la loi pour une question d’égalité des Burkinabè devant la justice et évite de heurter ainsi la sensibilité des victimes et de leurs parents. Pour le moins que l’on puisse dire, le régime du MPSR marche sur la Justice.

Tout en dénonçant cette forfaiture qui constitue un recul démocratique, le CNP-NZ invite le Président Damiba à :

-  se ressaisir en vue de respecter le serment prêté le 16 février 2022 ;

-  cesser de divertir le peuple et à se consacrer à la réalisation de son engagement phare qui est de recouvrer l’intégrité du territoire national ;
-  arrêter de telles manœuvres politiciennes qui ravivent les douleurs des familles des victimes et nous éloignent du chemin véritable de la réconciliation ;

-  tout mettre en œuvre pour l’aboutissement diligent du dossier judiciaire de l’affaire Norbert Zongo, notamment l’extradition de François Compaoré pour laquelle sa responsabilité politique et celle de son gouvernement sont entièrement engagées.

Le CNP-NZ appelle les défenseurs de la liberté d’expression et de la presse, les défenseurs des droits de l’Homme et l’ensemble du peuple burkinabè à la vigilance et à toujours se mobiliser contre l’impunité et pour exiger l’égalité des droits et devoirs pour tous les Burkinabè, la vérité et la justice pour tous les crimes impunis.

Ouagadougou, le 18 juillet 2022

Pour le CNP-NZ,
Le Président du Comité de pilotage
Guézouma SANOGO

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Vos commentaires

  • Le 19 juillet 2022 à 13:54, par Kiriki En réponse à : Dossiers de crimes au Burkina : Le CNP-NZ appelle le peuple burkinabè à se mobiliser contre l’impunité

    L’institution judiciaire est la clé de proue dans le fonctionnement de la cité. Pour peu que la justice ouvre ’’’ses paupières’’’ à demi moitié, LES LESIONS ENTRE LES HABITANTS DE LA CITE DEVIENNENT bénignes. Il faut être le dernier des idiots pour avaler cette histoire de réconciliation.
    J’allais m’arrêter là mais la suite c’est avec amerture que je l’écris.
    Alors Depuis quand vous vous avez vu, parmi un lot de malades de tuverculose, entassés dans une salle. Que certains acquierent une immunité d’où l’urgence de les extraire du lot à isoler. Que le médecin décide d’aller ramener celui ou ceux dont l’immunité contre la tuberculose a été vérifiée, entre ceux qui sont encore malades et dans un état critique ?
    Vous avez vu ça où ?
    Il faut savoir qu’il y a même eu des juges ici dans ce pays qui ont mis fin à leurs jours sans laisser de motifs aux gens.
    Je me dis qu’ils en sont arrivés à ce stade après avoir tripoter ou se laisser entraîner au tripotage de la loi alors que dans leur nature profonde, ils n’étaient pas des gens tordus.

    Conclusion, tu peux être blindé comme tu veux, dormir où tu voudras, retient simplement que l’orage et la violence de la justice peuvent s’avérer plus foudroyants que la kalachnikov. En fait je ne donnerai pas de conseil cette fois. Tu as réfléchis avant de faire ton coup d’État. Donc tu n’as plus besoin de conseils.

  • Le 19 juillet 2022 à 14:11, par Pouvoir braqué En réponse à : Dossiers de crimes au Burkina : Le CNP-NZ appelle le peuple burkinabè à se mobiliser contre l’impunité

    C’est le rapport de force, celui qui veut il peut faire son coup d’état, celui qui lutte pour quelque chose c’est pour lui la chose !

  • Le 19 juillet 2022 à 16:55, par Ouedson En réponse à : Dossiers de crimes au Burkina : Le CNP-NZ appelle le peuple burkinabè à se mobiliser contre l’impunité

    Le peuple vie dans l’impunité parce que ça fait sept (07)ans que des familles sont endeuillées et meurtries sans pour autant savoir la cause principale de certaines tueries.Juste pour dire les attaques terroristes dans nos localités nous préoccupent plus que votre affaire de justice.Les populations de Namissiguima -Dablo-Pensa -Barsalgho vivent hors de leurs zones d’habitation y compris ceux de l’est du nord du Sahel de la boucle du mouhoun et d’autres localités.votre affaire de justice ne les intéresse pas.ce qui les intéresse c’est la paix et la stabilité.Ne parlé plus du peuple dans vos commentaires parce que rares sont ceux là qui vous sont intéressés.Parlé de vos sympathisants.

  • Le 20 juillet 2022 à 09:34, par Kouda En réponse à : Dossiers de crimes au Burkina : Le CNP-NZ appelle le peuple burkinabè à se mobiliser contre l’impunité

    Heureusement que Ouedson ne sait pas de quoi il parle.
    Sous Blaise Compaoré, quand le Mali brûlait, il se trouvait des personnes au Burkina Faso pour dire que le Burkina ne doit pas s’y mêler car il provoquerait les terroristes et djihadistes. Nous savons et vivons tous ce qui nous arrive depuis cette posture de lâcheté. La Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et le Ghana nous regardent nous démener contre les terroristes/djihadistes sans sécuriser leurs frontières encore moins nous aider franchement. Aujourd’hui, les métastases du fléau se sont étendues à ces pays.
    Ouedson, le manque de justice (justice sous toutes ses formes) est le lit même du terrorisme et de l’insécurité que nous vivons.
    Nous ne pouvons pas vivre ensemble de façon harmonieuse sans justice, sans vérité.

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