Sûr et certain d’avoir atteint son voleur, il fit demi-tour. Ce n’est que le lendemain qu’il apprendra, que le corps de son voisin gisait dans les ravins. Que s’est-il passé ?

Paul, venu de son village à la recherche d’un emploi rémunérateur s’est retrouvé comme chargeur de marchandises. Ne buvant, ni ne croquant, il s’est vite constitué un petit pécule qui ni lui a permis d’avoir auprès des propriétaires terriens, une parcelle pour se construire une maison d’habitation et une porcherie. Il élevait aussi de la volaille et quelques moutons.

Entre-temps, il fut boucher à côté de la brasserie, chance inouïe pour avoir la drêche à l’œil et augmenter ou du moins agrandir la porcherie, ce qui fut fait. Il ne se séparait de la volaille ou des porcs que lors de fêtes où les prix étaient plus intéressants.

Paul avait un voisin du nom de Salif, âgé d’une trentaine d’années qui disait exercer dans les affaires. Salif passait la journée à dormir et ne sortait de chez lui que le soir pour rentrer au petit matin.

Entre-temps, Paul avait agrandi sa basse-cour en y incluant des dindons. Les jours où l’équipe de Paul était de corvée, quelqu’un venait le soulager de quelques têtes de volailles. Paul en fit part aux voisins, même à Salif, mais le manège continuait toujours. Alors excèdé, il se résolut à tendre un piège.

Nous étions jeudi. L’équipe de Paul qui devait assurer le service de nuit montant à dix-huit heures. Paul démarra sa bécane et se rendit à son lieu de service. Vers vingt deux heures, il simula des malaises et fut autorisé à rentrer chez lui. Ainsi, il revint incognito poussant sa mobylette. Il faisait noir. Il élit domicile dans un arbre.

Entre-temps, il vit deux personnes se diriger vers le poulailler, l’ouvrir, se saisir de trois dindons qui furent prestement fourrés dans un sac de jute. Paul descendit de son perchoir et se mit en devoir de suivre les voleurs, muni de son arc et de flèches empoisonnées.

Arrivé aux ravins, le porteur de sac bifurqua à droite. Paul le suivit. Il faisait frais et une brise fit éternuer Paul ; ce qui mit le voleur sur ses gardes. A sa manière d’évoluer entre les manguiers, Paul se rendit compte que c’était quelqu’un qui connaissait le coin. Or, il y avait un espace vide à traverser et Paul l’y devança.

Quand notre voleur, à grandes enjambées, entama sa manœuvre, une flèche, le frappa à la tempe. Il roula vers un trou laissant tomber le sac. Paul s’en saisit et retourna chez lui. Il ne chercha pas à savoir quel était le voleur qui gémissait dans la fosse. Ce ne fut que le matin qu’il apprit l’identité de celui dont la flèche avait raccourci la vie sur terre, pour bien mal acquis.

Tous les voisins furent consternés. Paul se garda de dire qu’il était le propriétaire de la flèche trouvée plantée dans la tempe de Salif puisque c’était lui le voleur car on ne sait jamais avec la police.

Rakissé

Sidwaya