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Massacre de Solhan : « Le pillage de l’or et le contrôle des sites aurifères peuvent justifier les attaques meurtrières », analyse Hermann Konkobo, spécialiste des conflits miniers

Publié le vendredi 9 juillet 2021 à 22h20min

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Massacre de Solhan : « Le pillage de l’or et le contrôle des sites aurifères peuvent justifier les attaques meurtrières », analyse Hermann Konkobo, spécialiste des conflits miniers

Spécialiste des conflits miniers, Moussa Hermann Konkobo a focalisé ses recherches doctorales sur la santé communautaire et les dynamiques des conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles, notamment minières. Doctorant à l’Ecole doctorale de Lettres, Sciences humaines et Communication (ED/LE.SH.CO) de l’Université Joseph Ki-Zerbo, il s’est prêté aux questions de Lefaso.net le vendredi 2 juillet 2021. Dans cet entretien, il revient sur la tuerie de Solhan, et énumère quelques facteurs endogènes et exogènes qui seraient à l’origine de la détresse sécuritaire au Burkina Faso.

Lefaso.net : Comment se présentent les conflits miniers au Burkina Faso ?

Moussa Hermann Konkobo : Avant tout propos, je voudrais adresser ma compassion aux familles des victimes de cette énième attaque meurtrière jamais égalée dans l’histoire récente du Burkina Faso. Egalement, j’adresse mes encouragements et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Pour mieux cerner les conflits miniers au Burkina Faso, il me semble important qu’on appréhende le secteur minier dans son ensemble et sa complexité. Alors, le secteur minier burkinabè est dominé par l’extra-activisme aurifère (exploitation intensive de l’or), même si le pays enregistre l’exploitation de deux autres minerais (zinc et manganèse).

Ainsi, à ce jour, le pays dispose de 17 mines d’exploitation industrielle, avec une production d’or de 60 tonnes et plus de 190 000 tonnes de zinc ; ce qui donne un chiffre d’affaires estimé à environ 2 000 milliards de F CFA en 2020. Ce secteur industriel emploie directement environ 15 000 personnes et indirectement environ 50 000 personnes. A côté de ce sous-secteur minier, il y a le secteur minier artisanal, qui dispose d’entre 900 et 1 500 sites sur l’ensemble du territoire, avec plus de deux millions de personnes actives. Ce sous-secteur minier est mieux intégré dans l’économie locale, même si elle demeure caractérisée par l’informel.

Si l’on reconnaît un développement sans précédent du secteur minier burkinabè, force est de reconnaître aussi qu’il s’est accompagné de nombreux conflits qui, parfois, portent atteinte aux droits humains, et qui du coup compromet l’espoir nourri par des millions de personnes vis-à-vis de ce secteur. Ainsi, les diverses formes de conflits miniers répertoriées au Burkina Faso peuvent se définir comme l’ensemble des rapports conflictuels entre un complexe d’acteurs autour des projets miniers industriels comme artisanaux. Il s’agit des heurts, des oppositions ouvertes ou non-ouvertes, pacifiques ou violentes autour du maintien, du contrôle ou de l’acquisition des ressources minières (or, terres cultivables, zinc, etc.).

Cependant, au cours de ces dernières années, on observe une certaine dynamique dans la nature des conflits miniers, notamment dans la région du Sahel, aussi à l’Est. A la faveur de la crise sécuritaire que connaît le Burkina Faso, les régions du Sahel et de l’Est sont devenues les épicentres des activités des groupes armés informels (terroristes, bandits, etc.) Trois formes de conflits miniers ont émergé.

Il s’agit d’abord du conflit entre les groupes armés informels et les artisans miniers qui se caractérise par la volonté manifeste de ces groupes armés informels de contrôler ou d’influencer les sites aurifères artisanaux (Solhan et de la mine d’Inata). Mais aussi, il se caractérise par le refus et la résilience des artisans miniers vis-à-vis des actions d’influence et de contrôle des sites. Ensuite, il apparaît un conflit entre les groupes armés formels et les groupes armés informels.

Dans ce cas de figure, les sites aurifères artisanaux se présentent comme les théâtres d’affrontements violents entre les FDS et les groupes informels, avec des conséquences très dommageables chez les artisans miniers dont plusieurs pertes en vies humaines (Tchiombolo, Kerboulé, Basnéré, etc.). Le troisième conflit minier émergeant de ce contexte d’insécurité au Sahel est celui non-ouvert, qui oppose la chaîne de l’administration publique aux artisans miniers autour des mesures de fermeture des sites miniers artisanaux. A ce niveau, une forte odeur de présomption de corruption se dégage dans l’application ou pas de la mesure de fermeture. Premièrement, il en résulte que certains sites n’ont pas fermé, sans être inquiétés ; contrairement à bien de sites.

Deuxièmement, il ressort une forte odeur de présomption de pratiques corruptibles autour de la non-fermeture et l’ouverture des sites miniers artisanaux, par l’intermédiaire de certains artisans miniers. Enfin, ce type de conflit minier laisse comprendre que certains groupes armés formels tels que les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont utilisés pour la fermeture et la répression des artisans miniers et des sites n’ayant pas participé ou contribué à la chaîne de corruption. Ce qui occasionne des affrontements entre VDP et artisans miniers sur certains sites (incendies de boutiques de commerce, pillage de minerais d’or, etc.)

Depuis trois ans, vous travaillez sur les conflits miniers. Est-ce que l’attaque du site minier artisanal de Solhan vous a surpris ?

A cette question, je dirai oui et non. L’attaque des deux sites miniers artisanaux de Solhan fut une surprise pour moi de par son mode et son ampleur. Habituellement, pour l’influence et le contrôle des sites miniers, notamment artisanaux, les groupes armés informels (terroristes ou bandits, etc.) procèdent par des incursions sporadiques, tirent en l’air, enlèvent ou assassinent des personnes jugées récalcitrantes ou proches des FDS. Ils procèdent aussi à des braquages sur les sites, exigent que les hommes portent des pantalons courts, et que les femmes portent le voile, sans oublier l’interdiction d’accès aux sites pour les femmes, etc.

Jusque-là, généralement, les groupes armés informels semblent avoir une approche docile sur les sites. Mais avec le cas récent de l’attaque des sites miniers de Solhan, il importe que nous développions notre sens de réflexibilité questiologique pour dégager diverses hypothèses afin de trouver les réponses les plus plausibles à cette attaque, mais surtout à cette problématique sécuritaire en général. Cependant, je ne suis pas surpris par les attaques et les violences de ces trois dernières années sur les sites miniers, en ce sens que les sites miniers, surtout artisanaux, notamment de la province du Soum, sont devenus des théâtres d’affrontements violents entre les FDS et les groupes armés informels. Dans ce contexte d’insécurité, les artisans miniers sont pris entre le marteau et l’enclume.

Pour les FDS, les sites sont des lieux de refuge et économiques des groupes armés informels. Par conséquent, les sites miniers artisanaux sont considérés par elles comme des zones de non-droit. Pour utiliser l’expression d’un enquêté, « on tire sur tout ce qui bouge et après on cherche à savoir qui est qui maintenant ». Pour les groupes armés informels, certains artisans miniers collaborent avec les FDS, les VDP ou si vous voulez l’administration publique. Donc ils procèdent à l’enlèvement ou donnent la mort sur place pour ces cas de présomption de collaboration.

Les conflits entre les groupes armés formels et informels ont enregistré plus d’une dizaine de pertes en vies humaines et de nombreux dégâts matériels chez les artisans miniers, notamment sur les sites de Tchiombolo (2019), Kerboulé (2016 et 2018) et Basnéré. Aussi, je ne suis pas surpris parce que « l’insécurité » et la « prospérité » actuelle des attaques des groupes informels sont des variables dépendantes de la variable indépendante qui est la « mauvaise gouvernance » dont certains fondements pourraient en partie s’expliquer par les facteurs historiques liés au peuplement et la colonisation française ayant engendré des mutations socio-culturelles importantes.

En effet, ces mutations socio-culturelles mal gérées par l’élite politico-bureaucratique [dont les plus récentes sont entre autres le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et sa majorité, et le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et sa majorité] après ce qui s’est appelé « indépendance », n’ont pas encore été digérées par certaines communautés (Peulh et Touaregs de sources vis-à vis des autres groupes : Rimaïbé, Sonrhaï et Dogon assimilés, etc.).

La militarisation accrue de l’espace sahélo-saharien par les puissances impérialistes du 21e siècle due aux enjeux géostratégiques pour le contrôle des ressources énergétiques (pétrole, uranium, or, manganèse, éolienne) ; le contrôle des migrations vers l’Europe sont autant de facteurs explicatifs de la situation des attaques des sites miniers et de la situation d’insécurité généralisée dans cette partie du Burkina Faso.

Cette attaque est-elle un moyen pour avoir le monopole des zones minières ?

D’abord, le plus important est de savoir que les sites miniers artisanaux et l’or extrait sont des pôles économiques majeurs non seulement pour la population locale et l’Etat, mais aussi pour les groupes armés informels (terroristes, bandits, etc.). Par conséquent, leur contrôle devient un enjeu économique stratégique pour chaque acteur. Vu dans ce sens, l’hypothèse du pillage de l’or extrait et du contrôle des sites aurifères peuvent justifier les attaques meurtrières sur les sites de Solhan.

Cependant, bien d’autres hypothèses pourraient expliquer l’ampleur de ces attaques, par exemple l’activité des VDP sur les sites de Solhan-village comme principale base dans la province du Yagha expliquerait la nature de l’attaque perpétrée par les groupes armés informels ; les mutations socio-culturelles engendrées par la colonisation et mal gérées par les différents régimes politiques qui se sont succédé au Burkina Faso seraient les fondements de cette attaque ignoble.

En effet, l’on a constaté une division au sein du groupe armé informel Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) de Malam Dicko vers le début de l’année 2018, sur la nature des attaques et le partage des butins de guerre. D’un côté, vous avez la branche restée fidèle à la position initiale de Malam Dicko donc ceux demeurés dans le GSIM qui ne partagent pas assez le pillage de grande nature et les tueries de masse.

De l’autre côté, vous avez ceux qui pensent qu’il faut défendre les peulhs et Touaregs de source par non seulement des tueries de masse des communautés noires (Peulhs assimilés, Mossé et autres noirs assimilés, etc.) Car ceux-ci sont proches de l’armée ou si vous voulez des FDS et de l’administration politique, et constitueraient leurs ennemis. Ensuite, ce groupe estime que les interventions armées des groupes formels (FDS, VDP, Koglwéogo) visent et stigmatisent les communautés peulhs et touaregs de source, caractérisées par la blancheur de leur peau. Par conséquent, il n’est pas question d’épargner les communautés dites noires pendant les attaques.

C’est ce groupe qui semble se rallier à l’Etat islamique du Grand Sahara (EIGS). De ce fait, l’hypothèse qu’il me semble important d’explorer pour mieux comprendre le contexte international des attaques et de sécurité de la crise dans l’espace sahélo-saharien, est la militarisation par les puissances étrangères (France, Etats-Unis, Chine, Allemagne, Russie, etc.) de cet espace dont le Burkina Faso est une composante. En effet, la militarisation ou la présence et le renforcement des bases militaires, détachements, mercenaires, camps d’entraînement ou de formation dans cet espace, me semble-t-il, répond à un enjeu géostratégique des puissances étrangères citées plus haut autour du contrôle du pétrole et de l’uranium nigérien, malien et tchadien ; des diamants et de l’or burkinabè et centrafricain.

Photo de la marche des populations du Loroum.

Pour le cas spécifique du Burkina Faso, au-delà des minerais existants, les recherches géologiques indiquent la présence d’indices de pétrole, surtout massive dans la région de la Boucle du Mouhoun ; de l’uranium dans la région du Sahel, notamment dans la province du Yagha dont Solhan relève, et du phosphate dans la région de l’Est du pays. L’autre enjeu stratégique de la militarisation de cet espace est le contrôle des axes et flux migratoires vers l’Europe. A cela s’ajoute la course pour le contrôle des sources énergétiques (éolienne). Cette dernière hypothèse n’est pas assez bien abordée dans la littérature scientifique locale (FREE Afrik en a parlé en 2018) et les débats publics.

Etes-vous pour l’appellation « terroristes » ou « djihadistes » ?

Pour ce qui est des appellations ou terminologies « terroristes ou djihadistes », je pense que ce sont des concepts géopolitiques et stratégiques utilisés dans ce cadre par les grands acteurs de la gouvernance mondiale, selon leurs positionnement et intérêts. C’est pourquoi, dans la cadre de mes recherches sur les conflits miniers et les attaques sur les sites miniers, j’utilise l’expression « groupe armé informel » qui désigne ceux qu’on appelle « terroristes » et bandits assimilés ; et l’expression « Groupe armé formel » qui désigne l’ensemble des forces conventionnées par l’Etat du Burkina Faso, comme les FDS, les VDP, les Koglwéogo.

« Le détail qui s’avère essentiel, c’est que les 200 tueurs à motos sont revenus le soir même du massacre. L’armée burkinabè est une armée de papier, l’Etat n’existe plus, le gouvernement n’est rien », a affirmé Vincent Hervouët, le lundi 7 juin 2021 sur la radio Europe1, au lendemain du massacre de Solhan. Quelle analyse faites-vous de ces propos ?

Les propos empreints de mépris du journaliste français suscitent des aspects d’analyse. D’abord, je pense que Vincent Hervouët traduit l’état réel des rapports entre la France politique et le régime qui dirige le Burkina Faso. Ensuite, je trouve qu’il y a quand même des vérités dans ses propos. Lorsqu’il traite l’armée burkinabè d’armée de papier, cela est une vérité qui doit être en rapport avec la passivité de l’armée stationnée à moins de 15 Km des attaques de Solhan.

A mon avis, il devrait parler d’armée de papier du régime actuel et non des Burkinabè, car l’armée burkinabè, c’est le peuple burkinabè sans armes et formation pour se défendre. Il a parlé également du retour des terroristes dans le village. Cela est une vérité. Ils (terroristes) ont même eu le temps de piller des biens avant de partir. Donc, bien vrai que ces propos sont méprisants, mais il y a certains faits qui sont réels.

Les populations de la province du Loroum (région du Nord) ont battu le pavé le samedi 26 juin 2021 à Titao (chef-lieu de ladite province). « C’est une foule, furieuse et ’’armée" de propos et messages hostiles à la gouvernance, qui s’en prit au haut-commissariat de la province », a relaté un reporter de Lefaso.net. Quelle appréciation faites-vous de cette marche ?

Vous avez vous-même dit, je cite, que « c’est une foule furieuse et armée de propos et messages hostile à la gouvernance qui s’en est prise au haut-commissariat de la province ». C’est une population furieuse dans la mesure où elle est éprouvée par l’absence de quiétude et de sécurité dans la localité.

Les populations sont furieuses parce qu’elles sont sans assistance adéquate et sans moyens de défense efficaces. Elles sont furieuses parce qu’elles sont sans abris, sans moyens de subsistance adéquats et parce qu’elles ne peuvent plus pratiquer l’agriculture, l’orpaillage, l’enseignement, etc. Bref, elles sont furieuses par l’absence de génie créateur ou innovateur dans la gouvernance du régime actuel, notamment sécuritaire.

Elles sont armées de propos et messages hostiles à la gouvernance du régime actuel, parce que malgré leurs efforts et la volonté de contribuer à la sécurisation de leur localité par des initiatives locales de sécurité (Koglwéogo, VDP, Dozo, etc.), elles n’ont pas bénéficié de l’assistance et du soutien de l’Etat et de ses institutions à la hauteur des enjeux sécuritaires actuels. A mon avis, elles ont vu juste de pointer la gouvernance comme la cause principale de leur situation, car c’est effectivement un problème de gouvernance qui tire ses origines des facteurs sociohistoriques liés à la Constitution de la Haute-Volta en 1919, et qui s’est perpétué dans la gouvernance de l’élite dite post-coloniale jusqu’au régime du Président Roch Kaboré.

En pointant la gouvernance, elles ont vu juste parce que c’est la militarisation de notre espace par les puissances étrangères qui a rendu possible la prolifération des armes et des violents affrontements communautaires. Et cela dénote d’un défaut de gouvernance. Et pour mieux exprimer leur ras-le-bol vis-à-vis de la gouvernance, le haut-commissariat semble le mieux indiqué en tant que première institution provinciale représentant directement le chef de l’Etat.

Donc à mon avis, le Président se devait d’aller les rencontrer, car c’est lui-même, en tant que garant de la gouvernance et des institutions, qui est visé par la marche. Ce problème de gouvernance décrié par les populations un peu partout (Dori, Fada, Titao, etc.) tire ses origines aussi des intérêts géostratégiques des puissances étrangères qui se caractérisent par la militarisation de notre espace. Cette militarisation a favorisé la prolifération des armes lourdes et légères aux mains des groupes armés informels.

Le président du Faso, dans son message à la nation, demande à l’opposition de surseoir aux marches et meetings. De façon générale, quelle analyse faites-vous de ce message ? Partagez-vous l’idée de sursoir aux marches et meetings ?

En pareille situation, il faut se poser les bonnes questions. En analysant le discours du chef de l’Etat, je doute fort que ça a été le cas. D’abord, est ce que c’est l’opposition politique qui est fortement éprouvée par l’absence de sécurité ? Est-ce que c’est l’opposition politique qui a marché à Fada, Titao, Dori ? Est-ce que c’est l’opposition politique et les OSC qui ont hué le ministre de la Sécurité à Kaya ?

Absolument non ! Est-ce les marches-meetings de dénonciation de la gouvernance sécuritaire qui ont provoqué le recul de notre démocratie en construction ? Absolument non ! Ou est-ce les menaces et interdictions des marches-meetings expressives du ras-le-bol des populations qui constituent un recul démocratique ? Absolument oui !

Donc c’est un discours au contenu technique, politique et économique creux qui ne répond pas aux préoccupations des populations, surtout celles éprouvées directement par la crise sécuritaire. Bref, le président du Faso donne une fois de plus raison aux populations que c’est un problème de gouvernance. Et les populations, notamment des zones éprouvées par la crise, ont vu juste à travers diverses actions à la base, de dénoncer la gouvernance actuelle en matière de sécurité du pays.

A la place du Président, quelles décisions auriez-vous prises au regard de la crise sécuritaire ?

Techniquement, le discours devait faire la situation ou l’évaluation des opérations militaires, de l’engagement des groupes armés locaux (VDP, Koglwéogo, Dozo) dans la défense du pays. Ensuite, il devait être question d’évaluer les mesures de couvre-feu, d’état d’urgence et de fermeture des sites miniers artisanaux. Et enfin, dresser l’Etat des accords de défense entre le Burkina Faso et les pays de la zone de conflit d’une part, et entre le Burkina Faso et les puissances étrangères ayant une présence militaire ou technique d’autre part.

Politiquement, le discours devait annoncer les mesures stratégiques pour combler l’expression de vide de souveraineté du pays : doter les populations de moyens adéquats pour se défendre correctement, annoncer un plan de retour sécurisé des personnes déplacées internes et enfin dégager une position vis-à-vis de l’inefficacité de la militarisation du pays par les puissances étrangères.

Mais pas des solutions stériles du genre remaniement ministériel à vision de l’opposition politique actuelle. Economiquement, le discours du président du Faso devait être centré sur le compte de la dimension des intérêts géostratégiques (ressources naturelles surtout) des puissances étrangères dans notre pays, dans la lutte contre le terrorisme ; la réorientation de la gouvernance économique : corruption, inégalités, renchérissement du coût de la vie, situation alimentaire.

Interview réalisée par Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net

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