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Education : Deux villages, une école de fortune

Publié le jeudi 27 octobre 2005 à 07h33min

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Ayant attendu en vain que l’Etat leur vienne en aide, les habitants de deux villages du département de Koubri, ont décidé de prendre leur destin en main, en ouvrant cette année, une école primaire pour leurs enfants.

Lundi 24 octobre 2005 dans la matinée, les populations de Guigmtemga et Mougnissin sont en effervescence. La raison de cette ambiance de fête qui règne dans deux villages situés à une quinzaine de kilomètres de Ouagadougou, est toute simple : en effet, les enfants de ces deux localités, séparées d’à peine 500 m, pourront désormais, comme tous les autres, se rendre à l’école. Mougnissin et Guigmtenga disposent donc désormais d’une école.

« L’histoire de la construction de celle-ci est cependant originale », a indiqué le président de l’association des ressortissants des deux villages. Selon Achille Ouédraogo, cette association a été spécialement créé, afin d’entreprendre les démarches pour la construction de l’école. « Nous avons décidé de prendre nos responsabilités, cette année, car l’Etat se faisait trop attendre », a-t-il dit en substance.

Ainsi, grâce aux efforts conjugués des habitants et des ressortissants, Mougnissin et Guigmatenga sont aujourd’hui dotés d’une infrastructure scolaire. »

En plus des contributions des ressortissants, chaque chef de famille a déboursé la somme de 500 F CFA et chaque femme 200 F », témoigne un vieux du village de Mougnissin, pour qui « l’Etat n’a pas investi 5 F dans la construction de cette école ».

Une école atypique

Arrivés sur le lieu de la cérémonie, certains invités semblaient très étonnés, à la vue de l’école qui suscitait tant de joie chez les habitants. L’architecture était en effet bien différente de celle des écoles qu’on rencontre généralement dans les différentes localités du pays : hangar bâti avec des briques de ciment, surmonté d’un toit en paille, elle est constituée d’une seule classe. « C’est une école de fortune, pour permettre aux enfants d’aller à l’école comme tous les autres », nous lance un autre vieil homme, avec un large sourire. Au total, 112 élèves (63 filles et 49 garçons) dont l’âge varie entre 07 et 09 ans sont inscrits pour la première promotion de cette école.

L’instituteur Sibiri Kaboré, a reçu les encouragements du préfet du département de Koubri : « C’est l’occasion pour vous d’inscrire en lettres d’or, votre nom dans l’histoire de ces villages », a lancé Abdou Tarama à l’endroit de l’enseignant.

Le responsable de l’association des ressortissants de Guigmtenga et Mougnissin a, quant à lui, souhaité que les deux localités puissent disposer d’une « vraie école », à la prochaine rentrée scolaire : « Je lance un appel au ministère de l’Enseignement de base et à toutes les organisations non gouvernementales actives en éducation de base à nous soutenir pour la normalisation de cette école », a déclaré Achille Ouédraogo.

Moustapha SYLLA (moussy-2020@yahoo.fr)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 31 octobre 2005 à 21:02, par Barbara En réponse à : > Education : Deux villages, une école de fortune

    Bravo, tout simplement admirable !

    Voilà des villageois qui ont tout compris, et ont choisit : la priorité est donnée à l’instruction, aux enfants eux-même, à l’avenir de leur pays, à l’humain.....et non pas au local, au matériel. Leur école est tout à fait adaptée à leurs réalités. Les enfants ont fianlement besoin d’un maître et de développer leur esprit, pas de s’enfermer dans des salles de classe !

    Sans argent, ou avec peu d’argent, des objectifs peuvent être atteints, un vrai développement est possible !!!

    Il sera humain, il passera par la possibilité offerte aux enfants de penser par eux-mêmes, de s’ouvrir au monde, et non pas par des apparences de "développement" ... On peut construire des bâtiments, et sembler "moderne".... mais il vaut mieux lutter contre l’excision, scolariser les filles, etc ...

    De plus ces villages prouvent qu’ils n’ont eu besoin d’aucune aide extérieure, ils ont eu le désir sincère et la volonté d’offrir l’instruction à leurs enfants et ont atteint leur objectif ! Ils peuvent être très fiers !!!

    Je regrette que le journaliste n’ait pas eu un ton plus enthousiaste, n’ait pas insisté sur cet aspect de la créativité, l’intelligence et la responsabilité des villageois.

    Car voilà un Burkina admirable ! Si tous les villages agissaient ainsi d’une seule et même volonté, la scolarisation avancerait à grands pas !

    Beaucoup d’espoir et d’optimisme pour notre Afrique ressortent d’une telle nouvelle !

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