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Convention panafricaine sankariste : Me Sankara défie Blaise à Gaoua

Publié le mardi 25 octobre 2005 à 08h50min

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Me Bénéwendé Sankara

Le premier meeting du candidat de l’UNIR/MS, Me Bénéwendé Sankara l’a tenu à Gaoua le 23 octobre dernier, marquant ainsi le début de la campagne électorale pour la présidentielle du 13 novembre.

Cette sortie dans le Sud-Ouest est ce qu’on peut appeler une bataille électorale in situ, car, alors que le champion de l’UNIR/MS haranguait ses militants à la place de la Femme, à quelques encablures de là (stade Omnisports de Gaoua) se tenait le meeting du candidat Blaise Compaoré, le challenger qu’il talonne, bien que de loin.

"Il faut oser le faire !", a entendu l’auteur de ces lignes, alors qu’allait débuter le meeting de l’UNIR/MS ; des propos venant d’un militant de ce parti. Allusion au jamboree de l’UNIR/MS qui se déroulait à 15 h, concomitamment avec celui du CDP et dans la même ville. "Nous avons entendu cela, dira d’ailleurs Me Sankara, quand il prendra la parole ; mais en décidant de maintenir notre meeting, nous savions que Blaise ne pouvait pas mobiliser des hommes intègres...". Un véritable défi qu’il a décidé de relever.

En tout cas, en ce dimanche 23 octobre, aux environs de 14h, Me Sankara et sa suite ont fait leur entrée dans la ville, une entrée stoppée par un policier municipal trop zélé.

En effet, tout juste côté Est, à quelques jets de pierres de la route, étaient visibles une cinquantaine de véhicules et 4 hélicoptères. On pouvait deviner aisément que le candidat-président était aussi dans la ville (lire encadré).

Des nombreuses interventions, on retiendra que tous se disent lassés par le "long règne de Blaise Compaoré, un règne qui n’a pas résolu les problèmes du Burkina". "Voici venu, dira Hubert Ouédraogo, le représentant des jeunes, le temps de la démagogie, des promesses mirobolantes... mais à l’UNIR/MS, nous vous tenons le langage de la vérité".

Quant au représentant des étudiants, Gontran Somé, il ajoutera qu’il faut savoir rester "intègre, digne en cette période de faro faro politique qu’est la campagne électorale".

Quant au coordonnateur de la campagne pour le Sud-Ouest, Sirima Massa, il fera ressortir le fait que tous ceux qui sont venus au meeting de l’UNIR/MS sont des adeptes de la vérité, de l’intégrité et de la justice sociale. Ils ont refusé "d’aller de l’autre côté alors qu’il y avait à manger". Il a aussi fustigé l’ingérence du Burkina dans les affaires de pays voisins, ce qui fait que les "Burkinabè sont des pestiférés au Liberia, en Côte d’Ivoire, en Guinée...".

Le député Malick Sawadogo, coordonnateur national de la campagne, dira que ce premier meeting à Gaoua a valeur de test en ce qui concerne la mobilisation des sankaristes de Gaoua.

Du reste, le choix de cette ville n’est pas innocent, car leur idole, Thomas Sankara, y a posé des actes indélébiles. Thomas Sankara y a fait l’école primaire. C’est à Gaoua qu’il a lancé l’appel de Gaoua, en 1985, sur l’éducation nationale. Il a invité chaque militant à écouter sa conscience quand il sera devant l’urne.

Fidèle Toé, député à l’Assemblée nationale et représentant Tahirou Zon du Front démocratique sankariste (FDS), une formation qui a rallié l’UNIR/MS, est venu aussi apporter sa touche à ce meeting.

Pour lui, il est grand temps de mettre fin à l’impunité : "105 personnes ont été tuées durant le règne de Blaise... pour certains, on ne connaît pas l’emplacement des tombes".

Ayant été le compagnon (depuis 1962) de Tom Sank., il sait qu’il n’y a plus guère de sankaristes sincères, mais l’idéal sankariste pourtant est là.

Quand le champion de l’UNIR/MS monte sur la tribune, c’est pour d’abord fustiger le candidat Blaise Compaoré, qui s’est enfermé dans un véhicule blindé (NDLR : la Hamner) comme à Bobo pour battre la campagne. "Comment un président peut-il avoir peur de son peuple ?" s’est-il interrogé.

"Nous avons vu des hélicoptères, des militaires, des nationalités étrangères (voir encadré), nous aimons la vie, la paix, le progrès" ,dira-t-il. Il a aussi relevé que le choix de Gaoua n’est pas le fait du hasard, car Thomas Sankara y a vécu et fait beaucoup de choses. Pour Me Sankara, "les 18 ans de Blaise doivent prendre fin... il a osé se frotter à nous, qui s’y frotte s’y pique...".

Pour lui, le candidat Blaise Compaoré ne peut pas "mobiliser des hommes intègres". Selon le patron de l’UNIR/MS, "Blaise va rarement vers son peuple, mais comme il y a le scrutin, il se découvre subitement dans la peau d’un démocrate... mais si le sorcier a oublié, la mère de la victime n’a pas oublié... Blaise est venu par un coup d’Etat au pouvoir...".

L’UNIR/MS invite ses militants à s’approprier le programme alternatif sankariste, qui est basé avant tout sur une fidélité au peuple, car les dirigeants ont fait le serment, le 15 octobre 2000 sur la tombe de Thomas Sankara, de ne pas trahir, "car qui a trahi, trahira...". Il a invité tous les militants à prendre date ; lui, il est "prêt à donner sa vie pour son combat". Enfin, fera-t-il remarquer, que les militants fassent du porte à porte pour que le 13 novembre 2005 soit un jour de victoire.

Z. Dieudonné Zoungrana
Envoyé spécial à Gaoua
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Les à-côtés de Gaoua

* Arrêt de Diébougou

Aux environs de 12h30, Me Bénéwendé Sankara a fait une halte à Diébougou où il s’est entretenu pendant 30 mn avec des jeunes au bord de la route. Idéaux sankaristes, vote massif en faveur de l’UNIR/MS ont été au centre de cet échange express.

* Echauffourées verbales à l’entrée de Gaoua

A l’entrée de Gaoua, un policier municipal zélé a stoppé le cortège du candidat de l’UNIR/MS. Echanges un peu surchauffés, et puis il laisse enfin le passage. En fait, tout juste en face de ce policier étaient stationnés des dizaines de véhicules et 4 hélicoptères : l’armada du candidat Blaise Compaoré. Du reste, tout le bitume menant au centre-ville était jalonné de militaires armés de fusils.

* Me Sankara escorté par ses militants

C’est escorté par une foule de militants que Me Sankara, lorsqu’il a quitté l’hôtel Halla où il a fait un arrêt, a été conduit jusqu’à la place de la Femme de Gaoua, sous une pluie subite. A mi-chemin, il a été extirpé de sa Land-Cruiser et a été juché derrière une Peugeot bâchée, entouré de militants et le poing levé. C’est de cette façon qu’il a rejoint le lieu du meeting.

* Le Djoro, fétiche de vérité

A Gaoua, il y a ce qu’on appelle le Djoro, le fétiche de vérité. Quiconque passe devant le Djoro et ment, meurt au cours de l’année. Selon le député Fidèle Toé, peu de gens de l’autre côté peuvent se présenter devant le Djoro.

* L’hélicoptère de Faure Gnassingbé

Ce dimanche 23 octobre, à l’entrée est de la ville de Gaoua, étaient visibles sur un terrain, outre des véhicules, 4 hélicoptères : trois appartenant au Burkina (le M17, l’Ecureuil, et l’hélicoptère de l’Institut géographique du Burkina (IGB), et enfin une quatrième libellule de fer appartenant à Faure Gnassingbé, président du Togo.

Du reste, à l’hôtel Halla, on pouvait apercevoir les pilotes togolais qui conduisaient cet engin volant. Commentaire de Me Sankara : "Chez les Mossi on dit que les amitiés du fils ne sont pas les mêmes que celles du père". Allusion aux relations exécrables qui existaient ces dernières années entre Blaise et Gnassingbé Eyadéma. Or à l’évidence, son fils de président coule le parfait amour avec Blaise.

* Le Montgolfière de la provocation ?

Alors que le meeting de l’UNIR/MS battait son plein, le CDP a lâché un montgolfière à l’effigie de Blaise, qui a survolé Gaoua et est venu se poser à quelques mètres de la place de la Femme, lieu où étaient rassemblés Me Sankara et ses ouailles. Ce qui a fait crier ces derniers :"Quand Me Sankara arrive, Blaise devient ballon !". Il faut en effet signaler qu’une société française a obtenu le contrat de ces ballons dirigeables et, du reste, on les a aperçus, avec leur matériel, circulant dans une voiture bâchée à Gaoua. Me Sankara, quant à lui, dira au sujet de ce ballon gonflé à l’hélium : "C’est de la provocation, mais nous savons pourquoi nous sommes ici à Gaoua".

Rassemblés à Gaoua par Z.D.Z.

L’Observateur

P.-S.

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Présidentielle 2005

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