« Il ne suffit pas » : Un poème de Sayouba Traoré
Il ne suffit pas d’une votation douloureuse, la main habilement malhabile
Il ne suffit pas d’une consultation faussement doucereuse, le pas traînant
Il ne suffit pas d’une citoyenneté adroitement boiteuse, la joie contrainte
Il ne suffit pas d’une fraternité déséquilibrée et poisseuse, l’urne hésitante
Il ne suffit pas d’une proximité répulsive, cœur à cœur, larmoyante à souhait
Il ne suffit pas d’une mitoyenneté sinistre et colérique, déferrant les dômes
Il ne suffit pas d’un voisinage épluché, dame-jeanne et alambic à l’épaule
Il y a les suppliciés au petit couteau, au matin féroce
Il y a les mûrs durs contournés et les regards détournés, la peine clignotante
Il y a les rides pures, sourires voilés et échancrures voilés
Il y a les pelures amères et les détresses rentrées, coulant dans le sein secret
Il y a les flots à flots, ravalés par brûlantes gorgées, l’œsophage écorché
Il y a la cicatrice fiévreuse rêvant de tueries purificatrices jusqu’à la moelle
Il y a le déhanchement terminal, l’alarme difficile enterrant la prunelle peureuse
Il ne suffit pas d’un isoloir, murailles flottantes du vent aux volutes incertaines
Il ne suffit pas des rangées endimanchées, cohortes sélectionnées et désabusées
Il ne suffit pas d’un bureau de vote perdu dans les brumes administratives
Il ne suffit pas d’une biométrie volontairement bégayante, le surnuméraire en folie
Il ne suffit pas d’une comptabilisation attristée, l’envie enivrée et titubante
Il ne suffit pas de procurateurs déclamant une cataracte de chiffres, foutaises
Il ne suffit pas de magistrats vérificateurs, prévaricateurs portant beau, calembredaines
Il y a moi madame, que les mille feintes jamais défuntes empêchent de voter
Il y a moi monsieur, homme prétendument debout, dont l’âme et la sueur sont violées
Il y a moi moiteur, que l’on dit intègre, me faisant déposséder de mon suffrage
Il y a moi drame, lâche impuissance des victimes collectives des hautes rapines
Il y a moi pathétique, mou et dramatique, n’osant souhaiter des prochaines fois plus probes
Il y a nous tous, citoyens bernés, cocus consentants, courte émotion à la mémoire décoiffée
Il y a que nous ne voulons plus de la grande arnaque cent fois rejouée
Il y a que nous ne voulons plus de votre affaire-là, où qui gagne perd à tous les coups
Il y a aussi que le filou finit perdant gagnant, et distribue généreusement les coups
Sayouba TRAORE
Journaliste, Ecrivain
Vos commentaires
1. Le 14 février 2014 à 15:35, par Alternancier En réponse à : « Il ne suffit pas » : Un poème de Sayouba Traoré
Il y a que le faux gagnant vrai perdant en a encore contre la règle 37
Il y a que nous tous, citoyens désabusés, avons dit "assez !"
Il y a que la cohorte est débout, déterminée à empêcher le viol, au risque du violon
Il y a, au levant, les lueurs d’un soleil nouveau, bientôt éclatant
Il y a que nul ne peut empêcher le soleil de se lever
Il y a donc un jour nouveau, à porté de main, avec un espoir nouveau.
Le 15 février 2014 à 10:40, par Le Burkina D’abord En réponse à : « Il ne suffit pas » : Un poème de Sayouba Traoré
Des vers doux et porteurs d’espoirs !! Les déboires des vampires sont effarants et bientôt l’aube d’une terre nouvelle débarrassée de ses usurpateurs de notre beure comme dans un leurre ! Ils prétendent servir la patrie contre son gré ! Non, c’en est de trop ! De mes entrailles s’éveille l’espoir de voir à jamais ma patrie débarrassée de ces imposteurs impénitents conduits par un soi-disant éclairé et prétendument immortel et indispensable ! Seul Dieu est le maitre !
2. Le 15 février 2014 à 10:39, par sogotele sanou En réponse à : « Il ne suffit pas » : Un poème de Sayouba Traoré
Merci monsieur le poête ; que qui veut comprendre comprenne ; car on ne peut plus clair, limpide ; livide !
3. Le 15 février 2014 à 17:48, par almamy En réponse à : « Il ne suffit pas » : Un poème de Sayouba Traoré
Sayouba , tu as monté très haut la barre de la lutte et j’ai peur que beaucoup de burkinabè ne comprennent rien à ce poème . je ne suis pas sûr moi même d’y avoir compris beaucoup de choses dedans mais ma foi en ce qui tu es un grand combattant de la liberté me suffit pour applaudir. Les referendums, les sénat , les articles 37 se passent dans un contexte déplorable de misères d’ignorance de voracité que l’on se demande si ceux qui les initient ont de la pierre à la place du cœur
4. Le 15 février 2014 à 19:16, par Appolo En réponse à : « Il ne suffit pas » : Un poème de Sayouba Traoré
Franchement, vous avez la plume ! Chaque fois que je vous ai lu, c’est toujours le coeur radieux ! Bravo. Bon vent dans la suite. J’ai l’intime conviction que l’Histoire vous appartient.
5. Le 16 février 2014 à 18:31, par kô-tigui En réponse à : « Il ne suffit pas » : Un poème de Sayouba Traoré
Bonsoir !
Vraiment, je suis très ravi de vous, Mr TRAORE. Avec tous ces conseils, il n’y aura plus d’excuses pour ceux-là qui vont, contre la volonté du peuple, s’enfoncer tête basse.
Chers forumistes, dites moi, je ne sais plus si je suis sur le même fasonet, mais je ne vois plus Franklin. Il n’écrit plus ! Apparemment, il a rencontré garçon maintenant. On ne lit plus ses nestorinades !!!!
Merci