Journée des coutumes et des Traditions chaque15 mai : « Éclatante manifestation d’une justice immanente au Burkina Faso et en Afrique Noire », selon Anatole Gomtirbou-Noma Tiendrebeogo
Ceci est le premier jet de réflexions proposées en partage par Son Excellence Anatole Gomtirbou-Noma Tiendrebeogo, à propos de la consécration du 15 mai, Journée Nationale des Coutumes et des Traditions.
Qu’à cela ne tienne ! Ni erreur, ni omission, a sonné le Début de la Fin de la fameuse sentence dictatoriale et multiséculaire imposant au monde la malheureuse vision erronée : "les Anges sont blancs et les Diables sont Noirs”.
Cette décision des autorités compétentes de la transition sur la Journée des Coutumes et des Traditions, est un acte fort qui consolide le choix et l’action politique pour la renaissance et la souveraineté complète de notre pays, et de l’Afrique Noire entière à y voir de près.
En effet, cette décision historique nous renvoie à l’existence de nos communautés et Peuples africains au cours des cinq derniers siècles écoulés, tout au long desquels nos parents, arrières-parents, aïeux ont enduré des moments et traitements douloureux innommables : La traite des Noirs, l’esclavage des Noirs, la colonisation dite civilisatrice des Noirs, etc.
En sus, retenons toujours que ces souffrances physiques de nos aïeux ne représentaient pas grand chose au regard de leur douleur morale et spirituelle lorsqu’ils comprirent qu’en réalité leurs tortionnaires d’époque, théoriciens et praticiens confondus cherchaient à leur nier le moindre statut d’ETRES HUMAINS : ils n’auraient pas d’âme, pas d’esprit ascendantal, pas de dignité humaine, donc sont et demeurent des animaux maniables et corvéables à volonté.
De ce point de vue, comment imaginer l’acceptation d’une religion traditionnelle, endogène, africaine. D’où la persécution systématique de nos croyances ancestrales, de nos coutumes et traditions. La chappe fatale s’abattit alors sur nos pays et sur nos communautés à partir du 20ème siècle : la matérialisation-terrain du partage du continent tel qu’opéré par la Conférence de Berlin (1885) se dessine et se fortifie.
L’invasion et l’occupation de nos pays et communautés obéirent alors à quelque chose près, au même mode operandi ci-après :
– d’abord les forces militaires pour anéantir toutes velléités de résistance quelconque endogènes ;
– ensuite les forces d’intérêt économiques et financières pour asseoir les bases de l’exploitation et de la corruption systématique ;
– puis les forces administratives et politiques pour la gestion du nouveau butin bien balisé ;
– enfin les forces spirituelles et religieuses pour répandre l’idée de soumission ou nouvel ordre établi mais aussi et surtout pour imposer leur revendication capitale : Dépositaire-Monopoliste de Dieu. En clair il fallait nous amener à croire et à accepter l’inexistence du lien ombilical entre les vivants et les ancêtres.
NB : Cette dernière catégorie de forces d’invasions est la plus pernicieuse. Elle a la prétention de détenir le monopole de Dieu le Tout Puissant. Elle revendique que toute communauté de tout Peuple voulant aller à Dieu passe par elle pour le droit de passage, le choix de l’intercesseur, les modalités de la démarche vers Dieu etc.
Manifestement ces gesticulations doivent arrêter ou être recentrées car NUL ne peut détenir le monopole de Dieu qui est le même pour tous les êtres humains, pour toutes les communautés organisées pour tous les peuples de la terre.
Cela est valable unanime et indiscutable au Burkina Faso malgré la soixantaine d’ethnies ou de communautés ; il en est de même sur le continent africain en dépit de sa cinquantaine de peuples ou de nationalités.
Cette croyance fondamentale des africains (surtout noirs) s’est mue en réalité vivante gravée dans leurs us et coutumes et Traditions qui ne s’altèrent nullement malgré les nombreux relâchements socio-générationnels observés çà et là au contact des civilisation étrangères non maîtrisées ou mal régulées.
Évidemment après des centaines d’années de persécutions diverses nos coutumes et traditions n’ont plus leurs lustres d’autan. Leur pratique souvent exercée dans une sorte de clandestinité n’a pas permis un transfert de connaissances identiques de génération en génération
Dès lors il n’est pas superflu de faire un rappel succinct de la quadrature de nos coutumes et traditions. Appartenant à l’une des dernières générations ayant bénéficié de ces us et coutumes encore immaculés nous pensons pouvoir livrer les informations qui suivent.
Nos coutumes constituent les produits dynamiques de notre COSMOGONIE africaine et burkinabé. Ils sont l’expansion vivante de notre spiritualité africaine dont la charpente présente un DIEU UNIQUE Tout Puissant entouré de la communauté de nos Ancêtres, eux-mêmes ayant un lien ombilical avec nos communautés des vivants.
Il est remarquable que dans cette trilogie vivifiante les Ancêtres occupent un rôle prépondérant. Ils constituent le point d’ancrage entre DIEU et les humains.
Les prières et les offrandes des vivants sur Terre remontent à Dieu à travers ce passage obligé. Les Mosse traduisent bien cette situation dans leur adage bien connu : Nous sommes infiniment petits et insignifiants pour oser nous adresser directement à DIEU. Notre premier intermédiaire est donc l’immense cortège des mânes de nos ancêtres, aïeux et parents siègent au paradis avec ceux des autres peuples et communautés.
Ainsi le sang du poulet immolé par le patriarche pour la santé ou la prospérité de la famille est adressé à l’âme de l’ancêtre qui séjournant déjà au paradis, assurera la transmission à Dieu selon le protocole divin le plus efficace. A n’en point douter ce sang de poulet est le même que celui du bélier d’Abraham et de la tabaski tout comme celui de l’Agneau divin des Tabernacles.
Mais attention ! Cela ne fonctionne pas mécaniquement comme par magie ou par sorcellerie. Il s’agit d’un culte humano-divin. Les célébrants sont astreints à la pureté du cœur, à une vie conduite dans la crainte de Dieu. Ils ne sont plus légion comme jadis, mais il en existe toujours. Les grandes familles dans les grandes communautés y veillent constamment dans les plus grandes discrétions. Il y va de l’intérêt communautaire, même national. Les résultats sont probants, visibles et vérifiables. Des démonstrations concrètes les plus fiables se retrouvent dans l’émission télévisée "YELSOLMA" de la RTB, malheureusement suspendue à la demande et sous la pression de certaines religions dites révélées, selon le brave animateur de l’émission très suivie et très appréciée.
Il est temps de remettre tout cela en marche vers la conquête de notre entière SOUVERAINETÉ Nationale. Il n’y aura pas de véritable indépendance politique, économique et autre, sans l’indépendance spirituelle. Nous devons nous libérer de l’esclavage spirituel et réfuter tout lavage de cerveau avilissant.
Tout ce qui précède nous autorise à sublimer la création de la journée des coutumes et des traditions qui impulsera la lutte contre le monopole de Dieu, contre le commerce de Dieu et pour la résurrection du Dieu de nos Aïeux et de nos PERES, notre Dieu, Unique, omnipotent, omniprésent et omniscient depuis des siècles et des siècles, "NABA ZIDWENDE" ou simplement "WENDE", "WENNAM".
Qu’il bénisse le Burkina Faso et toute l’Afrique. Amen.
De ce point de vue bien sincère, il convient de féliciter les autorités de la transition nonobstant leurs graves insuffisances et déviances non nécessaires ; toutefois il est impérieux d’éviter la tentation de chercher à s’immiscer dans l’exercice concrète de l’organisation et des célébrations rituelles de nos coutumes et traditions. Il s’agit de notre religion traditionnelle. Les faitières de nos communautés coutumières en sont pleinement compétentes et bien disponibles.
Chaque communauté et même chaque grande FAMILLE connaissent leurs propres personnels compétents, habilités en matière de célébrations coutumières, rituelles, culturelles qui sont officiées la plupart du temps dans la plus grande discrétion. Dans le domaine des coutumes, il n’y a point la moindre place pour les tricheries, la corruption ou les "affaires."
Par contre la pratique de nos traditions réserve une place importante aux aspects festifs populaires qui viennent agrémenter l’élan communautaire vers le rassemblement, l’union, la solidarité et l’épanouissement des membres de la société humaine concernée. A ce niveau, toute action bienveillante de l’État est la bienvenue dans le respect des conduits protocolaires du milieu concerné. De même, chaque composante de la Société Nationale y compris les intellectuels, les chercheurs et autres en toute humilité, apporter leur contribution constructive.
Dans le même ordre d’idée, la religion traditionnelle reste aimante, tolérante, dépourvue de rancœur et de toute idée de compétition religieuse. Cela est suffisamment démontré dans le présent dialogue interreligieux tout comme dans la période d’avant l’arrivée des religions étrangères dans notre pays et sur le sol du continent africain.
Par conséquent, que nul ne perçoive une menace quelconque à son existence en raison de l’avènement heureux de la journée du 15 mai qui consacre la délivrance et la purification des consciences des fils et filles du Burkina et de l’Afrique.
Dans la recherche continue de la cohésion sociale, l’État pourrait souligner fermement dans les textes d’application de la journée du 15 mai, le vibrant Appel à toutes les religions reconnues à éviter autant que possible dans leurs prêches, les dénigrements et les allusions à une autre confession religieuse quel que soit le thème développé par les célébrants.
Chaque religion confesse ses propres concepts et préceptes, et respecte ne serait-ce que par le silence, les autres religions et leurs concepts et préceptes à elles.
Vraiment, soyons suffisamment éclairés pour ne pas tomber dans la bêtise de nous disputer le "Bon Dieu" seul et unique en dépit de la différence des noms qui lui sont attribués par nous les pauvres humains.
Mais encore faut-il, au dessus de tout, que les fils et filles du Burkina obéissent pleinement à leurs propres lois et règlements et à commencer par leurs dirigeants eux-mêmes qui doivent donner le bon exemple.
Gloire à nos peuples, victoire à nos ancêtres et adoration profonde à Dieu, l’Éternel que nous appelons "NABA ZID WENDE" ou "WENNAM".
PS : Grandement merci aux Patriotes de la Transition et du Pays.
Qui est Anatole Gomtirbou TIENDREBEOGO ?
Anatole Gomtirbou TIENDREBEOGO est titulaire d’un doctorat de 3ème cycle en relations internationales. Il est diplomate de formation et de carrière.
Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Burkina Faso en République Fédérale d’Allemagne (Bonn) de 1981 à 1986
Adjoint du secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) de 1995 à 1999, actuelle UA (Union Africaine)
Député à l’Assemblée générale de 1978 à 1980,
Ministre de l’environnement et du tourisme de 1992 à 1995.
Membre (DOYEN) du Conseil constitutionnel de 2015 à 2017.
Doyen de l’Association des Ambassadeurs du Burkina Faso à la retraite.
Commandeur de l’Ordre National.
Aujourd’hui à la retraite, il se consacre à l’écriture de ses mémoires et à son centre écologique.