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<I>Une lettre pour Laye</I> du 21/01/2005

Publié le vendredi 21 janvier 2005 à 08h06min

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Cher Wambi,

A l’instar de leurs coreligionnaires d’Afrique et d’ailleurs, les fidèles musulmans du Burkina Faso ont célébré hier jeudi l’Aïd-el- Kébir, autrement dit cette grande fête que nous appelons Tabaski, qui intervient le lendemain du sacrifice et le surlendemain de l’ascension du mont Arafat, avant le point culminant du pèlerinage à la Mecque, la lapidation des 3 stèles de Satan.

A Ouagadougou, la prière a été dite à la place de la nation sous la direction du grand imam Ibrahim Koanda avec, il faut le signaler, une absence remarquée du président de la communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF), El hadj Oumarou Kanazoé, qui fait cette année partie des centaines de pèlerins à la Mecque.

Que te dire d’autre sinon que cette année, le traditionnel mouton sacrificiel n’était pas à la portée des bourses de nous autres travailleurs salariés. Vois-tu, cher cousin, après les tourments des fêtes de fin d’année, ce n’est pas étonnant que certains tirent aujourd’hui le diable par la queue. Pour nombre de fêtards invétérés, la Tabaski se serait donc passée dans l’austérité, mais avec moins de dégâts et c’est tant mieux.


Cela dit, as-tu eu vent du grand entretien que le patron de la Sécurité du Burkina, le ministre Yipènè Djibril Bassolet, a accordé à l’Observateur paalga dans son édition du 19 janvier dernier ? Ce qui aura retenu mon attention dans cette exclusivité, c’est, entre autres, l’analyse faite par le ministre sur le fort regain du banditisme de grand chemin dans la contrée. Juges-en toi-même cher cousin : "C’est vrai. Disons que nous avons assisté effectivement en 2004 à une hausse de la criminalité. Après les premières vagues de grandes opérations de lutte contre le banditisme, nous avions connu une certaine accalmie. Mais cette accalmie n’a été que de très courte durée, je dois l’avouer. Et très vite, les attaques se sont multipliées. Il faut dire que le fonctionnement ordinaire des structures de police et de gendarmerie dans nos différentes provinces n’arrive plus à contenir la poussée de la criminalité dans son développement ; ce qui nous a amené à recourir à des interventions ponctuelles, généralement organisées à partir de Ouaga. Mais c’est une évolution normale, je veux dire : le Burkina Faso se porte bien, il y a une forte croissance économique, une intense activité socioéconomique ; il est normal que des citoyens veuillent s’enrichir en empruntant des raccourcis. Nous devons maintenant tout mettre en œuvre pour que notre dispositif soit le plus dissuasif et le plus efficace possible dans la protection des personnes et de leurs biens. C’est pourquoi nous venons d’adopter le plan de mise en œuvre de la police de proximité."

Souhaitons vivement, cher cousin, que ce plan soit suivi d’effet immédiat tant les bandits ne s’avouent jamais vaincus. Et je dois te dire que si les forces de sécurité sont en train de pacifier l’axe Ouaga-Pô en mettant hors d’état de nuire la tristement célèbre "bande de Toécé" , qui y fait vivre le pire calvaire aux usagers, elles devraient aussi ouvrir l’œil sur la capitale du Kourittenga, Koupèla, ville carrefour, où, depuis juillet 2004, nul être n’ose s’aventurer hors de sa concession la nuit venue.

Les gardiens, encore eux, l’ont en tout cas appris à leurs dépens, qui ont déjà enregistré trois morts dans leurs rangs. Il y a lieu donc d’y mettre de l’ordre, sans quoi les goyaves y seront de plus en plus chaudes.


Tu te rappelles, cher Wambi, dans ma lettre du 9 juillet 2004, je t’annonçais l’élection de M. Youssouf Mahamat, de nationalité tchadienne, au poste de directeur général de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). C’était à la faveur de la réunion du comité des ministres de ladite agence, qui s’était tenue à Cotonou au Bénin du 28 juin au 2 juillet 2004.

A l’époque, je te disais que selon les textes, le mandat du directeur général est de six ans non renouvelables, mais son prédécesseur, le Nigérien Ousmane Issoufou Oubandawaki, a réussi l’exploit de se représenter. Malgré tout, après délibération, Youssouf Mahamat est sorti vainqueur avec 10 voix pour, et Ousmane Issoufou Oubandawaki en a récolté 6, laissant une seule voix au candidat ivoirien. C’est ainsi que M. Youssouf Mahamat, un pur produit de la maison, a été installé dans ses nouvelles fonctions au début de l’année 2005.

On se disait qu’à l’occasion, son prédécesseur serait fair-play, enterrerait la hache de guerre. Que nenni ! M. Ousmane Issoufou Oubandawaki a tout simplement choisi de boycotter la cérémonie. Toute la maison ASECNA était là, du président du Conseil d’administration au planton en passant par les ministres des Travaux publics et des Transports du Bénin (président du comité de ministres de tutelle) et ses homologues de la Mauritanie et du Sénégal, sauf M. Oubandawaki. Qui a dit que les Mossis étaient les seuls à s’accrocher au "naam" ? Voilà bien un cinglant démenti venu de Niamey.


Dans ma dernière lettre, cher cousin, je m’inquiétais de la stagnation des travaux de construction de la deuxième tranche de la Nationale 6 (axe Ouaga-Saponé-Sapouy-Léo-frontière du Ghana). Eh bien, la Direction de la communication et de la presse ministérielle des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat vient éclairer ma lanterne et peut-être la tienne aussi, à travers le communiqué de presse qui suit et qui annonce la fin des travaux de la Nationale 6 pour août 2005 :

"Les 14 et 15 janvier 2005 s’est tenue à Ouagadougou, dans la salle de conférences de le Direction générale des routes (DGR) la première réunion des bailleurs de fonds du lot n°2 (Pont du Nazinon - Léo - frontière du Ghana) du projet de construction et de bitumage de la route nationale n°6, Ouagadougou - Léo - frontière du Ghana, financé par le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (FKDEA) et par la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA).

Il faut rappeler que la construction et le bitumage du lot n°1, constitué du tronçon Ouagadougou - pont du Nazinon et de la bretelle de Saponé sont achevés. En prélude à cette réunion, une visite de chantier a eu lieu le 13 janvier 2005, à l’issue de laquelle, les représentants des bailleurs de fonds ont exprimé leur satisfaction quant à l’état d’avancement global actuel du projet et à la pertinence des dispositions prises, tant au niveau des moyens matériels que de l’organisation du chantier en vue de son exécution complète.

Les travaux de la réunion ont concerné toutes les parties prenantes au projet, les bailleurs de fonds, les techniciens des ministères des Finances et du Budget, et des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat, les experts de la mission de contrôle UNETEC Limited et le groupement d’entreprises KARA/FADOUL TECHNIBOIS.

A l’ouverture des travaux, le ministre Hippolyte Lingani a renouvelé à l’endroit des bailleurs de fonds les sentiments de gratitude du gouvernement et du peuple burkinabè pour leur soutien aux actions de développement du Burkina Faso et a surtout insisté sur l’importance de la réunion, qui doit apporter une solution idoine à l’achèvement du projet dans les meilleures conditions.

Au terme de la rencontre, les participants, après avoir entendu un point sur l’état d’exécution détaillé du projet, ont adopté le rapport technique justificatif de la prolongation du délai d’exécution pour sa réalisation complète et ont décidé de travaux supplémentaires. Il s’agit du rehaussement, par endroits, de la ligne rouge, la réalisation de dalots supplémentaires et la prise en compte de certaines réalisations dans la ville de Léo, travaux indispensables à la pérennité et à la sécurité de la route.

En raison de ces travaux complémentaires et des justificatifs avancés pour la prolongation du délai d’exécution, la fin contractuelle du projet a été repoussée au 31 août 2005 et celle du marché de contrôle et de surveillance a été fixée au 26 septembre 2005. Le séjour au Burkina Faso des bailleurs de fonds a été aussi l’occasion de faire le point d’autres projets qu’ils financent, notamment celui de la route Bobo-Dioulasso - Dédougou, en cours d’exécution, et la route Ouagadougou - Kongoussi en préparation. En marge de la réunion, le ministre des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat a reçu les représentants des bailleurs de fonds, et au cours des échanges, il leur a soumis de nouveaux projets.

Les bailleurs de fonds ont marqué un vif intérêt pour ces projets concernant la Direction générale des routes, le Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA) pour la mise en place d’équipes mobiles de surveillance de la circulation routière, et l’Institut géographique du Burkina (IGB) pour un appui institutionnel dans le domaine de la cartographie.


Le 12 janvier dernier, les enseignants de l’Unité de formation et de recherche/sciences humaines (UFR/SH) ont observé 24 heures de grève en guise de solidarité et de soutien à un des leurs, en l’occurrence le professeur Jean-Baptiste Kiethèga, qui a été victime le 13 décembre 2004, date anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo, de mauvais traitements de la part d’étudiants se réclamant de la corporation de l’ANEB/SH.

L’Union nationale pour la Renaissance estudiantine et scolaire (UN/RES) est sortie, elle aussi, de sa réserve pour demander aux étudiants de faire preuve de vigilance et de se démarquer des adeptes de la violence. En voici la teneur, cher cousin : "En cette année 2005, l’Union nationale pour la renaissance estudiantine et scolaire présente ses vœux les meilleurs à tous les camarades étudiants du Burkina Faso. Nous saluons à leur juste valeur les efforts consentis au niveau du prêt FONER.

Cependant beaucoup reste à faire quant à l’aide, et l’UNARES poursuivra ses efforts, car notre objectif majeur pour cette année reste la relecture des textes du FONER afin que les étudiants dans leur ensemble puissent en bénéficier. Il s’est passé un événement monstrueux le 13 décembre 2004 dans l’UFR/SH, département d’Histoire. Ainsi dans le soirée du 13 décembre, le professeur Kiethéga du département d’histoire et archéologie a été lamentablement agressé (agression morale) par des "étudiants" se réclamant de la corporation ANEB/SH.

L’UNARES, en tant que syndicat d’étudiants responsables, déplore cet état de fait et condamne avec fermeté ces agissements, qui n’honorent pas l’étudiant burkinabè. Cet acte malheureux a eu lieu dans le laboratoire du département d’archéologie, qui regorge, en plus du matériel, de vestiges d’une valeur inestimable. Imaginons un instant s’il y avait eu une altercation entre étudiants et que la situation avait dégénéré.

L’UNARES pense que les syndicats doivent faire preuve de maturité en contrôlant leurs éléments sur le terrain de sorte à limiter les dérapages. En réponse à cet acte de barbarie, il y eut une grève de protestation de 24 h le 12 janvier 2005 par les enseignants de la SH. Force est de reconnaître que pour les étudiants que nous sommes, il n’y a rien de plus infâme, ignoble et ingrat que d’oser insulter et agresser verbalement celui qui nous enseigne, nous forme. En plus de sa fonction d’enseignant, le professeur Kiethéga a l’âge de notre père et mérite le respect.

Les acteurs de cette forfaiture, s’il leur reste un brin de conscience, doivent présenter des excuses au professeur et ne plus jamais agir de la sorte, car ils font de nous une honte nationale. A titre d’enseignement, les syndicats doivent savoir qu’une grève de protestation réussit lorsque la majorité suit le mot d’ordre lancé. La minorité n’est pas obligée de se plier à la volonté de la majorité, elle est libre de ne pas adhérer au mot d’ordre de grève. Les persécuter ou les obliger à vous suivre est donc contraire aux lois et règles d’une société civilisée et démocratique.

Chers camarades, nous devons apprendre à respecter l’opinion d’autrui, si nous pensons être des intellectuels. La violence dans notre milieu est le plus souvent due au manque d’arguments convaincants. C’est une faiblesse que l’on se doit de corriger. Chers camarades, ne laissons pas cette faiblesse faire de nous de petits monstres. Par ailleurs, l’UNARES attire une fois de plus l’attention des autorités universitaires sur la dégradation du milieu estudiantin du fait de l’insécurité grandissante. Les professeurs, les étudiants, nos laboratoires et d’autres vacillent sous les menaces perpétuelles et de plus en plus présentes.

Pour terminer, l’UNARES demande aux étudiants de faire preuve de vigilance et de se démarquer des partisans de la violence (physique ou morale). Plus jamais ça. Honte à ceux qui ternissent notre image d’étudiant « Ensemble, nous terrasserons les montagnes et lèverons les mythes ». Le Comité exécutif


Avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, je te rappelles que les Etalons cadets, engagés en éliminatoires de la CAN, livreront ce samedi leur match retour contre les cadets du Burundi. Nos poulains se devraient de mouiller le maillot pour, combler l’écart de deux buts encaissés au match aller le 9 janvier à Bujumbura, avant de rêver à une qualification pour Gambie 2005.

Les Burundais, en tout cas, ne semblent pas prendre les choses à la légère, puisque depuis le 18 janvier, des précurseurs déferlent sur Ouagadougou pour maximiser les chances de victoire de leurs poulains. Saurons-nous relever le défi burundais ce samedi au stade du 4-Août ?


Et maintenant cher cousin, voyons très rapidement ce que contient aujourd’hui le carnet secret de la vieille dame :

- Le 22 mai 2003, Ousmane Zongo, artisan burkinabè, trouvait la mort à New York après que l’officier de police Brian Conroy, qui, à tort, l’a pris pour un membre du réseau de confection et de distribution de compact Disc et de digital vidéo Discs (DVD) piratés, lui a tiré plusieurs fois dessus. Brian Conroy a été inculpé, et le procès s’ouvrira le 9 février prochain à Brooklyn, un arrondissement de la ville de New York.

- Y a du rififi à Radio Pulsar depuis plusieurs mois. En effet, cette station FM lancée en 1996 compte au nombre de ses actionnaires un certain Claver Yaméogo, frère cadet de Me Hermann Yaméogo, président de l’UNDD. Depuis les huit ans que cette radio existe, Claver Yaméogo, qui détient 15% des actions, n’a reçu que 750 000 FCFA du premier gérant, Ousmane Ouédraogo. Il réclame donc le reste des dividendes et dans une correspondance en date du 29 juin 2004, adressée à son partenaire Ousmane Ouédraogo, il lui a demandé expressément de bien vouloir solutionner ce problème avec célérité.

Le hic c’est que depuis plus de trois mois, le sieur Ousmane Ouédraogo et sa famille sont allés s’installer aux USA, laissant la gérance de Pulsar FM à Yéresso François. Claver Yaméogo tient pourtant à ce que cette situation se clarifie, car comme il le rappelle, la licence de Radio Pulsar FM a été délivrée à lui. On susurre que si la solution que Claver souhaite à l’amiable n’est pas trouvée, Pulsar FM pourrait changer de partenariat et même de nom pour s’appeler Radio Ouaga JAM ! Affaire à suivre sans doute.

- A César ce qui est à César, dit-on. Le Parti national des patriotes (PNP) d’Idrissou Kouanda est bel et bien membre fondateur de la coordination des partis extraparlementaires, qui soutient l’ADF-RDA et son président, Me Gilbert Ouédraogo. A ses côtés, citons pêle-mêle :
- le RDR de Casimir Tapsoba ;
- l’UDD de Clément Toubé Dakio ;
- le F/IDS de Pierre Claver Tiendrébéogo ;
- l’ARDJ d’Ousmane Diallo ;
- la LINAD/MOCLAD/BF de Zakaria Yonaba ;
- le RDP de Thibaut Nana.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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