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<I>Une lettre pour Laye</I> : Laurent et Simone déboutés à Paris

Publié le samedi 8 janvier 2005 à 11h10min

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Cher Wambi,

C’est ma première lettre de la nouvelle année 2005, et je me dois de sacrifier à la tradition en te présentant, à toi et à tous les parents du village, mes vœux de santé et de paix, afin qu’ensemble nous puissions apporter notre pierre à la consolidation de la démocratie et de la culture de la bonne gouvernance.

Je le dis parce que nous sommes en plein dans une année électorale, et tu n’es pas sans savoir qu’une fois encore, nous serons appelés aux urnes pour choisir ceux des Burkinabè que nous voudrions dans les conseils municipaux, et surtout celui-là qui présidera aux destinées de notre cher Faso pendant cinq années. La campagne n’est pas encore lancée, mais tu dois savoir que la présence des députés et des chefs de parti dans les villages, ces temps-ci, en sont les signes avant-coureurs. Ce que nous pouvons demander à tous ces acteurs de la scène politique, c’est l’observance du fair-play, et que le meilleur gagne.

Que souhaiter d’autre en cette année nouvelle ?, sinon une bonne saison agricole cher cousin.


Malgré votre ardeur et les efforts des gouvernants, la campagne écoulée n’a pas répondu à nos attentes, du fait du déficit pluviométrique et de l’invasion acridienne. Avec vous, j’ose espérer que le ciel et cette terre de nos ancêtres qui nous a vus naître seront d’une générosité jamais égalée. Cela dit, l’année 2004 s’en est allée, emportant avec elle des milliers, voire des millions d’êtres humains.

Si en Asie le séisme qui a nettoyé l’Inde, l’Indonésie, le Sri Lanka, la Somalie, le 26 décembre 2004, constitue l’événement et la préoccupation majeure de l’Organisation des Nations unies (ONU) et des grandes puissances aujourd’hui, au "Pays des hommes intègres", nous retiendrons les décès de grands commis de l’Etat que furent Inoussa Maïga (ancien directeur général de la SOVOLCOM et de la BICIA-B), Patoin Emile Gamsonré (ancien directeur général du BUMIGEB et Consul honoraire de Suède du Burkina), Ernest Gambéré (ancien administrateur provisoire de la SONACIB).

Au moment même où je te traçais ces lignes, cher cousin, on m’annonçait le décès de Mme Touré/Somé Suzanne, épouse du député Soumane Touré (du PAI et 5e vice-président de l’Assemblée nationale) le 5 janvier 2005. L’inhumation est prévue ce jour-même à Diébougou. Celle que les familles Touré et Somé pleurent aujourd’hui ne s’était jamais remise de la mort subite de sa fille, il y a quelque trois années. Tu l’auras compris cher cousin, c’est le décès de Mme Touré qui explique le report au 13 janvier prochain de la cérémonie de présentation de vœux au président de l’Assemblée nationale.


C’est vraiment de grosses surprises que la transition entre 2004 et 2005 nous a réservées et qui suscitent encore des interrogations. Si dans ma dernière lettre je t’ai fait cas d’une forte poussée de chaleur à Noël, il y a lieu de souligner aujourd’hui que le froid et le vent ont fait un retour conquérant dans nos cases. Si je ne m’abuse, le thermomètre est descendu à 15°C. Point n’est besoin de te dire qu’à l’occasion, tous les citadins semblent devenus sages ; les rues et les maquis, déserts la nuit venue. Qu’en est-il à Laye cher cousin ?

Je revois encore comme si c’était hier le vieux Gomdaogo allumer la buche dans sa case pour donner un peu de chaleur à ses petits-fils. Si cela a toujours cours cher cousin, il faudrait craindre les incendies, car, avec la paille, sait-on jamais ! A Ouagadougou, nous nous sommes réveillés hier tout enveloppés de poussière comme on l’a connu ces dernières années. Nous en avons souffert toute la journée, et tu devines aisément que la visibilité était mauvaise et la respiration éprouvante.

Osons croire que cela ne présage rien de bien grave pour la nation, et que c’est tout juste les caprices des temps modernes. En tout cas, c’est le vœu le plus cher des populations de Diapaga, où est tombée il y a de cela quatre jours, une météorite, un objet volant non identifié (OVNI). Bien sûr, les gens se sont empressés de faire la relation avec le temps qui prévaut aujourd’hui sous nos cieux, mais sans se rappeler que tous les pays du Sahel, depuis ces dernières années, vivent le même climat en cette période. Sais-tu seulement qu’il a neigé ces jours-ci en Algérie, non loin de nous ?


Cher Wambi, j’espère qu’avec l’opération de retrait de la circulation des billets de 10 000, de 5000 , de 1000 et de 500 FCFA de la gamme 1992 initiée par la BCEAO, qui a pris fin le 31 décembre 2004, l’oncle Palyim n’a toujours pas d’anciens billets dans son vieux canari dissimulé quelque part dans sa case. En tout cas au niveau de la BCEAO, on se dit satisfait, car la quasi-totalité des billets concernés par le retrait sont belle et bien rentrés.

Seulement, nombreux sont ceux-là qui se plaignaient à un moment donné de la rareté des nouvelles pièces, surtout celles de 500 FCFA. Conséquence, pour "manger" son billet de 1000 FCFA, c’était tout un calvaire. A présent, je constate que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, (BCEAO) a dû réagir promptement avec la mise en circulation en quantité suffisante des pièces de 500 FCFA.

Mais comme on le dit souvent, "un malheur n’arrive pas seul". En effet, il m’est arrivé de constater sur nos marchés la présence de pièces suspectes de 500 FCFA et de 200 FCFA. Même le boutiquier de mon quartier, Wendpouiré, m’en a présenté quelques-unes, et j’étais édifié que les faux-monnayeurs aient déjà défié la BCEAO à ce point. Cher Wambi, sur les fausses pièces de 200 F et de 500 FCFA, la signature en miniature manque sous le poisson au verso.

Au niveau du recto, alors que 2004 est inscrite sur la bonne pièce, c’est plutôt 2003 que porte la fausse pièce. Pour l’heure, bonnes et fausses pièces cohabitent ensemble puisqu’ils sont nombreux qui les utilisent sans se rendre compte de ces petites différences. Et plus, cher cousin, lorsque l’on te remet une de ces fausses pièces la nuit, tu ne peux pas te rendre à l’évidence qu’on vient de sceller ta vie à une fausse pièce.

Je me demande ce que ton grand frère Nabasnoogo ferait, lui qui est illettré, si jamais la BCEAO se décidait à retirer ces fausses pièces. Je me souviens de l’affaire des billets de la série A, qui a défrayé la chronique à un moment donné avec quelquefois des conflits entre acheteurs et commerçants. Espérons que ce ne sera pas le cas avec ces pièces douteuses. Que va faire donc la BCEAO ? Prendre la douche avec l’eau du canari brisé sur sa tête, comme l’on a vu avec les fausses pièces de 100 FCFA à un moment donné, ou réprimer ?


Les Etalons du Burkina ont un nouveau driver, en la personne de Bernard Simondi, qui évince Ivica Todorov.

C’est du moins la décision souveraine que vient de prendre l’instance suprême du football national que dirige Seydou Diakité. Si mes comptes sont bons cher cousin, le Franco-italien, Bernard Simondi, sera le troisième entraîneur dont Diakité et les siens se seront attaché les services, en deux ans à la tête de la Fédération burkinabè de football. Te souviens-tu encore de Jean-Paul Rabier, qui a conduit les Etalons dans le radier de la CAN 2004 ? Lui, comme Todorov, a été chassé avant la fin de son mandat. Ce qui suppose que chaque fois, il y a une incidence financière dans cette affaire.
Maintenant qui y perd et qui y gagne ?


En attendant que des voix autorisées éclairent notre lanterne, cher cousin, feuilletons ensemble le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :

- Du sang neuf pour Yalgado-Ouédraogo, c’est ce qu’il convient de dire de ce centre hospitalier universitaire de Ouagadougou. A peine le service de cardiologie a-t-il été relooké à grands frais que celui des urgences traumatologiques a ouvert ses portes, le 23 décembre dernier. Ce service qui fonctionne 24 heures/24, à l’instar des urgences chirurgicales, bénéficie désormais d’atouts certains :
- une équipe de spécialistes qui sera bientôt renforcée ;
des locaux offrant plus d’adaptabilité en matière de soins ;
- une rapidité dans la prise en charge des malades. Last but not least, le service trauma de Yalgado dispose :
- d’une salle d’accueil et d’examen ;
- d’une salle d’hospitalisation de courte durée ;
- d’une unité de soins pour les blessés graves avant leur transfert pour des soins intensifs à la réanimation polyvalente ;
- d’un bloc opératoire ;
etc.

- "Le Carrefour" était un mensuel provincial d’informations générales du Kourittenga. C’est un journal local qui faisait la fierté de la province dans la région du Centre-Est. Depuis la parution du n°007 de septembre 2004, "Le Carrefour" a disparu subitement des kiosques à journaux et d’autres points de vente habituels. "Où est donc passé le canard ? La nomination de son directeur de publication au poste de secrétaire général du gouverneur du Centre-Est expliquerait-elle cet état de fait ? La machine s’est-elle définitivement grippée ?" ; les fidèles lecteurs s’interrogent.

- Les militants écologistes du Yatenga ne sont pas contents de la Direction régionale de l’Environnement, des Eaux et Forêts et du Cadre de vie du Nord ; et ils le font savoir à haute et intelligible voix. Ils attendent toujours des explications sur la tuerie organisée de deux buffles femelles dans la plaine de Blembla, village situé à 7 km à l’ouest de la commune de Ouahigouya. Pourquoi n’avoir pas tenté de les protéger en vue de leur trouver une destination descente comme ce fut le cas de cet éléphant égaré à Komsilga ?

- "Le président Laurent Gbagbo et son parti, le FPI, doivent être exclus de l’Internationale socialiste (IS)". C’est l’exigence de dix élus socialistes, qui sont entre autres Arnaud Montebourg, député de Saône-et-Loire, vice-président de la Commission des lois à l’Assemblée nationale française, Catherine Trautman, ancien ministre et député européen, Bernard Cazeneuve, maire de Cherbourg, ex-rapporteur de la mission d’information sur le Rwanda, David Assouline, sénateur de Paris. Ces dix premiers signataires de cet appel écrivent que "lorsqu’il a été accueilli en son sein en 1991, le FPI incarnait en Côte d’Ivoire la lutte pour la démocratie, l’indépendance nationale et le progrès social.

Quelles que soient les circonstances difficiles auxquelles il ait eu à faire face depuis octobre 2002, sa dérive vers des pratiques et des valeurs contradictoires avec l’histoire et les objectifs des socialistes rend son maintien au sein de notre famille inconcevable et inadmissible". Selon ces socialistes, le chef de l’Etat ivoirien et sa formation politique "propagent la haine de l’autre... organisent la terreur et relancent la guerre au mépris des innombrables efforts de la Communauté internationale. Gbagbo a franchi des lignes jaunes infranchissables de l’IS ".

Enfin, ces élus incitent l’IS à contribuer à la recherche d’une solution politique durable au pays d’Houphouët. On le voit donc, même si Gbagbo bénéficie toujours de solides amitiés dans la galaxie socialiste, tels les Guy Labertit et autre Henri Emmanuelli (son jumeau blanc), certains commencent à être excédés par le comportement de l’enfant de Mama.

- Décidément, l’Hexagone s’avère un terrain de plus en plus glissant pour le couple Gbagbo, qui vient d’être débouté de toutes ses plaintes en diffamation contre la presse française dans l’affaire des escadrons de la mort. C’est ce que révèle La lettre du continent dans son n°461 paru le 23 décembre dernier. En voici d’ailleurs la substance : En 2003, Laurent Gbagbo et Simone Gbagbo avaient porté plainte pour diffamation, à titre privé, contre les journaux Le Monde, La Croix, L’Express et le site Internet du Nouvel Observateur, à la suite d’articles sur les escadrons de la mort où leurs noms étaient cités.

Ils ont été déboutés par la justice française de toutes leurs demandes et à leurs dépens. Le dernier jugement contre l’Express - les époux Gbagbo réclamaient 45 000 euros chacun à la SA Groupe Express - Expansion - a été rendu le 14 décembre 2004. Le tribunal de la XVIIe Chambre du Tribunal de grande instance de Paris, après avoir pris en compte les contenus d’un rapport des Nations unies, d’une "note de renseignement" de la Direction générale de la sûreté de l’Etat (DGSE)", fiable à 80%, et d’un témoignage de H.C., présent au cimetière de Williamsville, le 18 octobre 2002, au moment des exactions des escadrons de la mort, a estimé que l’expression de l’article incriminé de Vincent Hugeux était "particulièrement prudente et mesurée". Il a débouté les demandeurs de leurs prétentions.

Ils ont en plus été condamnés "aux dépens" (en clair aux frais d’avocats de la défense) ainsi que le capitaine Anselme Seka Yapo, également demandeur, mais qui, lui, ne réclamait "que" 225 000 euros. Sans doute un respect de la hiérarchie... Ces jugements sont, bien évidemment, susceptibles d’appel ! L’avocat des époux Gbagbo et de Seka Yapo était Me Christine Courrege, et celui de l’Express, Me Bruno Landry.

- L’artiste ivoirien Frédéric Ehui, plus connu sous le nom de Meimey, sera dans nos murs ce vendredi 7 janvier. Il vient, semble-t-il, rendre visite à son fan club que dirige Zeba. Meiwey est l’un des rares artistes ivoiriens à s’être démarqué de l’ivoirité et de la xénophobie. D’ailleurs, dans l’une de ces compositions, le dernier des Frédéric, le génie de Kpalenzo ou encore le professeur Awolowo chante en mooré pour marquer sa solidarité avec le peuple burkinabè et son innocence dans la crise que traverse son pays. Véritable apôtre de la paix, l’homme du Zoblazo viendra témoigner sa sympathie à ceux qui ont de l’estime pour lui. On aimerait bien voir Meiwey sur l’une de ces scènes burkinabè. A son fan club de le lui solliciter.


- Un ayant-droit de feu Dénis Yaméogo au président du Faso

Son Excellence Monsieur le président, un proverbe mossi dit : « Kak sên tû zûg ninga n kê wa, a tûuda be n yi », qui veut dire :« Le bracelet sort par là où il est rentré ». Mon cri du cœur est passé par la presse, par conséquent, je sollicite encore la presse pour vous faire parvenir mon message de remerciement.

Tout d’abord, son Excellence Monsieur le Président, je vous prie de bien vouloir accepter mes milles excuses pour avoir fait paraître votre courrier dans la presse. Comprenez-moi, c’était pour moi d’un double intérêt : celui de faire ressortir votre volonté d’apaiser des cœurs, mais surtout, celui de faire voir la patience que nous, les ayants-droit de feu Dénis Yaméogo, avons endurée. Vous avez perçu mon cri du cœur avec bienveillance et votre aimable réaction ne s’est pas fait attendre.

Un simple "merci" ne suffit pas à vous justifier notre reconnaissance. Vous nous avez rendu ce que nous attendions de vous. Que Dieu Tout -Puissant, en qui nous croyons tous, vous accorde ce que vous attendez de lui. J’aurais souhaité vous les adresser de vive voix, vis-à-vis, mais votre programme très chargé ne m’aurait certainement pas permis de vous remercier avec diligence.

Vous redonnez à beaucoup d’entre nous, une nouvelle espérance de vie meilleure. Vous en serez récompensé par Dieu. Son Excellence Monsieur le Président, "Merci" du fond du cœur. Je vous présente mes vœux de santé, de bonheur, de longévité. Que 2005 soit surtout l’année de Paix pour cette nation qui nous est chère à tous et dont vous assumez la plus haute responsabilité. Veuillez agréer monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.

Chérif Yaméogo

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

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